JOURNAL DE GUILHEM : DERNIÈRE MISSION

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Cette mission aura été la dernière, et ne sera jamais achevée, en tous cas pas comme elle aurait dû l'être. Le gars que nous devions protéger était probablement aussi pourri que ceux qui voulaient sa peau, mais il travaillait « pour la paix ». Il est mort dans son sommeil, dans son lit comme des tas d'autres gens depuis. Rafaël a constaté le décès et nous a regardés en souriant :

— Je vous l'avais dit : le monde est foutu ! Maintenant, les gens meurent par centaine, tranquilles pépères, c'est la vengeance de la Nature. Vous me croyez, maintenant ? Les gars, on rentre chez nous !


On a trouvé quatre places dans un avion de tourisme, grâce à Mickaël, et on a embarqué avec deux autres types. Le décollage s'est bien passé, malgré quelques soucis magnétiques, puis, derrière nous, en bas, une explosion nous a propulsés en avant. On a serré les dents, heureusement pas de dégâts. J'ai tenté d'appeler à la maison, sans succès : service d'urgence uniquement... Pareil pour les autres. On a prié...


On a vu la fumée de très loin, noire, épaisse. Marseille, en flammes, dans une panique complète. L'aéroport encombré de carcasses d'avions, des véhicules et des gens dans tous les sens, pas moyen d'atterrir au milieu de cette pagaille. On n'avait aucune nouvelle de la terre, pas de liaison radio, pas de téléphone.

Depuis des mois, Rafaël nous harcelait avec son discours survivaliste et de fin du monde. Mais, ces dernières semaines notre instinct nous le disait aussi. D'en haut, on voyait d'autres colonnes de fumée. Des routes bloquées par des accidents, partout la panique. Quelque chose n'allait vraiment pas.

Le niveau de carburant était proche de la panne et aucune piste utilisable en vue. Le pilote a annoncé qu'il allait tenter d'atterrir dans un champ. Grand silence. On a tous dit la petite prière que nous avait apprise Rafaël, qui la tenait de son grand père. Une prière pour les temps difficiles, et pour tous les jours :

— Mon Dieu, je confie mon passé à votre Miséricorde, mon présent à votre Amour, et mon avenir à votre Providence.


Les deux autres passagers priaient aussi. Et le gars a posé l'avion, sans problème, dans un champ de blé. Toujours pas de téléphone.


On a marché jusqu'au plus proche village pour trouver un fixe et là, on a compris que la situation était encore pire que ce qu'on imaginait.

Il a fallu seulement trois jours pour que le chaos s'installe. On voyait des corps sans sépulture un peu partout dans les maisons, les voitures, les magasins, les parcs, de ces morts paisibles, ceux qui se sont endormis ici ou là, et qui ne se sont jamais réveillés. Puis il y avait les autres...

On a vu pas mal de trucs moches, au cours de nos missions, dans des pays en guerre. Voir ça ici, en France, avait quelque chose d'irréel. On ne pouvait pas imaginer que cela se produise chez nous.

Jusqu'à aujourd'hui, précisa La Rumeur .

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