JOURNAL D'AZALÉE : LE HANGAR

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Je dois noter ce qu'il s'est passé hier, au cas où tu trouverais ce journal, papa.

Le monde est en pleine folie, et c'est de plus en plus dangereux de circuler. Je ne sais pas si on se reverra...

On marchait depuis le matin, quand on est arrivés près d'une ancienne usine. On était fatigués et des nuages gris s'entassaient dans le ciel. Ils avaient l'air lourds comme des sacs de linge sale.

On a vite décidé de s'abriter dans le bâtiment et d'y passer le reste de la journée.

Juste avant de traverser la rue pour entrer, il m'a semblé apercevoir un groupe de personnes avec des yeux comme des soucoupes volantes, devant le muret beige d'une maison. La seconde d'après, plus personne. J'en ai conclu que je l'avais imaginé. Mais je ne suis pas sûre.

Il faisait assez clair à l'intérieur. On avançait en silence, un peu inquiets. On a visité chaque pièce, avec un étonnement grandissant. C'était immense. Et puis on a remarqué des tas de détritus attestant que les lieux étaient encore fréquentés. On a vu aussi, bien en évidence, des victuailles et un petit mot écrit sur un carton qui disait:


― Servez-vous, mangez, mais, s'il vous plaît, ne détruisez pas tout. Ne dispersez pas mes affaires sur le sol car après tout sera sale et inutilisable.

J'ai trouvé ça étrange. J'aurais caché mes provisions au lieu de mettre des affiches ! Et il y en avait d'autres, disséminées à travers toute l'usine, qui parlaient d'amour universel, de la naissance d'un nouveau monde, de nos PÉCHÉS, du CHÂTIMENT qui nous attendait, de la Bonté de Dieu, de SA COLÈRE... Ça m'a fait penser à un chemin de croix dans une église.

C'était écrit comme ça, exactement. Comme si les mots en gras et majuscule étaient les plus importants ! On n'a rien touché, rien pris. On se sentait mal à l'aise.

À ce moment-là, en haut d'un escalier qui menait vraisemblablement à d'anciens bureaux, il y a eu un léger bruit et j'ai levé les yeux, prête à piquer un sprint. Une femme, tenant un caniche en laisse, nous observait.

Elle avait une canne dans l'autre main. Sans parler, je l'ai désignée à Gaucelm, et il m'a fait signe qu'il l'avait vue aussi.

Elle était vêtue de plusieurs couches de vêtements en désordre et ses cheveux très courts argentés lui faisaient comme un casque. Son regard était tellement bizarre qu'on a commencé à reculer, en s'excusant de l'avoir dérangée. Malgré sa taille assez petite elle dégageait une énergie terrible, pas très sympathique, une violence et une folie contenues, brrr !

Quand elle s'est mise à rire en descendant les premières marches sans s'aider de son bâton, on est partis en courant, poussés par la panique.

La porte que nous pensions avoir refermée derrière nous était ouverte et nous avons encore accéléré le rythme.

La peur améliore nettement les performances ! Pour ça, tu avais raison, papa.

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