PLONGÉE DANS LES GRANDS BOIS

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Ils avançaient baignant dans le silence humide et froid. L'herbe et la terre mouillées par les pluies d'automne absorbaient le frottement des perches du travoi et le pas du cheval. La route montait en tournant autour du pic, à travers la forêt et les volutes de brouillard. Le vent était tombé.
Il faisait sombre.

Roman s'arrêta, semblant chercher quelque chose. Il écoutait et sentait la forêt les entourant à présent. Son odeur lourde et envoûtante leur emplissait les poumons. Le bruissement des feuilles, les envahissait peu à peu et le brouillard rafraîchissait leurs visages enflammés par la montée. Ils reprirent leur souffle avant de repartir. Rayan commençait à comprendre ce qu'avait dit Adesha.


Crin de feu n'était plus très sûr de la direction qu'ils suivaient. Il pensait être le chemin de Saint- Louis qu'il connaissait bien pour l'avoir emprunté souvent trois ans auparavant, chaque fois qu'il allait voir si Alicia lui ferait bonne mine. C'est comme ça que l'on disait, ici. Mais la belle avait choisi Yoris, le jardinier dont le potager avait des allures de paradis. Alors il avait de moins en moins emprunté ce chemin. Sa seule certitude était d'être dans la forêt qui était tout autour, au dessus et sous leurs pieds aussi.


— Hé, Roman, où on est ?

— Dans la forêt.

— Ouais... tu sais dans quel sens ?

— Pas vraiment mais je pense que nous sommes près des Grands Bois.

— Tu es vraiment déjà venu ici ?

— Oui. J'y ai rencontré Séréna à plusieurs reprises. Et à chaque fois je me suis perdu.

— Ça ne t'inquiète pas ?

— Si, enfin, maintenant un peu moins. On va s'arrêter et saluer, c'est l'usage.

— Oui, c'est sûr, faut le faire.

La réponse du jeune homme était sans moquerie contenant juste un étonnement croissant. Il regarda la silhouette obscure lever les bras dans un geste de paix et l'entendit prononcer :

— Nous te saluons, Serena. Nous te demandons aide et protection.

Puis il s'inclina légèrement, la main droite sur le cœur en signe de gratitude, et se redressa en s'adressant à son compagnon qui avait murmuré un hésitant « bonjour madame ».

— On y va. Je pense que ça ira.

— Et si ça ne va pas ?

— On s'en rendra très vite compte. Ça m'est arrivé l'an passé et j'ai dû faire demi-tour.

— Ah, et pourquoi ?

— Juste parce que je ne pouvais pas passer. Il y avait trop d'arbres...

Ils avançaient dans la semi-obscurité en chuchotant.

— Et là, on a enlevé des arbres ?

— Je ne blague pas. Quand ça va, on a l'impression de suivre un sentier. Sauf que ce sentier n'existe pas vraiment.

— Peut-être que les arbres se déplacent ?

— Je ne sais pas mais je n'ai pas remarqué de trace de leurs promenades !

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