LE CONFINÉ 6, JOUR "J"

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Je me suis préparé avec soin, lavé, rasé, coiffé.

Ça y est, c'est le grand jour. C'est décidé, aujourd'hui, je sors ! Il est sept heures au vieux réveil à remontoir qu'il y avait dans la chambre à mon arrivée. Et chaque soir, juste avant de dormir, je le remonte avec précaution. C'est peu à peu devenu un rituel. Heureusement qu'il était là, ce vieux coucou, parce que tout le reste : montres, horloges et autres appareils, a cessé de fonctionner, faute de piles malgré la réserve.
07h30, l'heure de mon jogging, je vais sortir, comme avant.

Finalement, je ne suis pas sorti. J'ai passé des heures devant la porte, à hésiter, à attendre. J'avais le cœur à 120 BPM, comme après un sprint. J'ai passé tout ce temps à me dire : et si ceci, et si cela, et si truc, si machin... Et je n'ai pas réussi à ouvrir la porte. C'est comme si mon monde se limitait à cette maison, comme si elle m'avait avalé et refusait de me recracher. Mais j'avais surtout peur de sortir et de découvrir que tout le reste a disparu, les villes, les boutiques, les gens, les bagnoles. J'en venais même à regretter ce que je détestais : ces types à casquettes, à capuches, les flics, les bourges pleins de pognon et leurs regards méprisants, les femmes qui n'aiment pas les hommes mais qui leur ressemblent tellement.

Je me sens affreusement seul. Et ce ne sont pas les autres Moi qui m'aideront, parce qu'ils ne font que me traiter de fiotte et ricaner. Ils chantent que je finirai décomposé dans cette baraque en riant comme des débiles. Ils s'en foutent qu'il y ait encore le Corona ou un de ses collègues, ou des enragés, des cannibales même. Je me fais des films, et ce ne sont pas des scénarios à l'eau de rose ! Et tout ce temps à me cacher, à boucher les plus petites brèches pour qu'on ne voie pas la lumière de l'extérieur, toutes ces précautions pour ne pas être repéré, pour survivre ! Tout ça, c'est devenu une seconde nature.

Fermez-la, vous ! Je suis pas un trouillard !

La preuve ! Je suis sorti ! Enfin ! Enfin ! J'en ai pleuré. De joie.

Il faisait nuit. J'ai dû rester au moins dix heures devant la porte. Tantôt assis, tantôt debout. Et finalement, j'ai déverrouillé, j'ai pris une grosse inspiration... et j'ai ouvert...

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