DERNIER COMBAT, poème

2 minutes de lecture

16 mars 2444, 16 mars 1244 *

Dressé, tel une statue barbare,

Dans la lumière de l'orage assiégeant

La montagne, en d'étranges intonations,

Arkan fit enfin face à son destin.

Saphira, comme lui, flamboyait.

Mais c'était l'ivresse du prédateur

Ayant sauvagement forcé sa proie,

Et se trouvant soudain devant elle,

Pour une ultime confrontation,

Qui la faisait sombrement rayonner.

Elle savoura les senteurs de la violence,

Lui buvait la haine à grandes goulées.

Ils poursuivaient, hors du temps,

Un combat dont la source vive

Remontait à l'aube du monde.

Haletants, maculés de terre et de sang,

Ils s'observaient avec un plaisir intense,

Au-delà de la peur et de la raison,

Grondant comme deux bêtes sauvages.

L'air brûlant, saturé d'électricité,

Vibrait sourdement, menaçant,

Et la terre désolée par ce spectacle,

Trembla de nouveau sourdement.


Dans le regard de Saphira, gris miroir,

Arkan, effaré, se vit, l'écume aux lèvres,

Les yeux injectés de sang,

Et son cœur de Doux Amant

Refusa l'horreur de cet état.


Les armes à la main,

Les larmes aux yeux,

Il refusa le combat.


Ses mains lâchèrent prise,

Le métal tinta sur la pierre et,

Pour la seconde fois de cette vie-là,

Devant elle il s'agenouilla.


Elle posa la pointe de sa lame,

Là où battait son cœur, hésitante.

Il ferma les yeux quelques secondes.


Ici et là, hommes et femmes,

De chaque camp, s'agenouillaient aussi

Refusant, à leur tour, la folie,

Et Saphira, Perle des collines,

Se rendit à la grâce, elle aussi,

Déposant les armes, le cœur brisé,

Ce jour-là, elle avait perdu

Le second homme de sa vie.


Arkan se releva lentement,

Et, lui tendant les bras, l'invita à la paix.

L'accolade puissante qu'ils échangèrent

Scella la fin des temps obscurs puis,

Saphira se dégagea gracieusement,

Annonçant haut et clair :


— Je te libère, Musicien, et les autres aussi,

Et je te rends ta Sorcière !

Ne me craignez plus dorénavant,

C'était mon dernier combat !

Vous n'entendrez plus parler de moi.


Dans le soleil rasant qui flamboyait,

Après un dernier tour de parade,

Elle emmena ses troupes au galop,

Et disparut dans la lumière du couchant

Qui recouvrait le Lieu Sûr

D'un éphémère voile d'or fin.


Chacun remercia le Destin,

Car tous les cœurs battaient

À l'Unisson, vers l'Amour.

DORIAN

* Facétie du destin qui leur donna rendez-vous Le 16 mars 2444, en souvenir du 16 mars 1244, où leurs volontés s'étaient déjà affrontés, au pied de la forteresse de Montségur.

Plus de 200 hérétiques ayant refusé de renier la foi cathare étaient montés volontairement sur le bûcher.

Leur martyre marqua la fin de la croisade contre les Albigeois, mais pas la fin des destinées...

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