MARTIN, LE RETOUR

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Le jardin était magnifique, plein de promesses et de fleurs. Andreu et Llordat avaient travaillé toute la journée au potager et, le soleil déclinant, ils avaient rangé les outils avant d'aller se rafraîchir au lac. Quelques canards mêlaient leurs voix à celles des grenouilles dans un concert de vie accompagné par le vent.

— Fils, je me sens de mieux en mieux. J'ai l'impression de rajeunir !

— Tant mieux ! Moi aussi je me sens bien ici. J'espère que tout restera comme ça, finis la course à l'argent, les horaires et ce qui faisait le mal du vingt-et-unième siècle ! Et bon débarras !

— Oui, maintenant on cultive pour manger, comme ça aurait toujours dû être.

— C'est quand même une chance incroyable qu'on ait survécu à la Covid, la Berceuse et à tout le reste... Père, regarde, on dirait un nouvel arrivant..."

Avançant d'un pas lent, une silhouette approchait depuis le bout du lac. Quand elle ne fut plus qu'à quelques pas, une main leur fit un signe d'attente et sortit de son sac la bouteille qui contenait encore le message rédigé par Séréna.

— Bonjour... Je cherche qui a écrit ce message... Je suis Martin...

— Le Martin de Annie... répondit Andreu.

— Oui, et j'arrive trop tard.

— Nous sommes désolés...

— Je n'aurais pas dû la laisser seule là-haut...

— Nous avons son carnet de notes et quelques effets personnels, au village. Vous voulez venir ?

— Il reste du monde à Bugarach ?

Il y avait une note de prudence et d'inquiétude dans sa question. Un soupçon d'espoir aussi leur laissant penser que cet homme était resté longtemps seul.

Le village était déserté, nous nous y sommes installés. Mais venez que l'on vous présente les autres habitants ! s'était exclamé Andreu. C'est bientôt l'heure du repas. Vous mangerez la soupe avec nous, si vous voulez.

Et Martin s'était joint à eux.

Séréna et Andreu avaient échangé un regard de connivence quand il avait choisi une maison à l'écart, dotée de deux sorties et un sentier d'échappée discret à travers la végétation sauvage. Il lui fallut plusieurs mois pour avoir un minimum confiance en ses "concitoyens".

Plus tard, la Sorcière lui avait demandé ce qu'il craignait, et il avait répondu d'une voix sourde :

— Les humains, Séréna, juste les humains. Et je sais pourquoi.

— Dis-moi."

Il avait hésité avant de lui répondre :

— Pour moi, la terre est un vaste asile psychiatrique à ciel ouvert. Nous sommes une espèce malade, et nous aurions tous besoin de soins, s'il y avait un moyen de nous guérir.

— Que t'est-il arrivé, jeune homme, pour avoir aussi peur ? "

Il n'avait pas répondu, lui faisant signe " non " de la tête et était rentré chez lui.

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