IRIS EN PRISON

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Iris avait été emmenée chez les Karzaï, les yeux bandés et ses convoyeurs dont je faisais partie la laissèrent en bordure du territoire de Séréna. La forêt l'entoura aussitôt de son énergie puissante. Les Karzaï, eux, lui firent un accueil neutre, lui certifiant cependant qu'elle ne sortirait de sa geôle végétale qu'avec leur aide. Elle sut que c'était ainsi, leurs voix dans son esprit agissaient mieux que des chaînes...
Tous les trois jours, on lui portait à manger et de l'eau, mais le livreur ne restait que quelques minutes et ne lui parlait qu'un minimum. Elle perdit peu à peu la notion du temps.
Plus tard, Séréna vint lui apprendre que Roman avait été assassiné. Son cœur désolé, glacé, brisé lui infligea mille tourments. Elle pleura pendant des heures et elle mourut un peu elle aussi. Le soir de ce jour de douleur, elle s'endormit dans un creux empli de feuilles et d'herbes tendres souhaitant ne plus jamais s'éveiller.

Iléa, encore sous le choc de la mort de Roman, décida d'aller parler à Iris. Elle voulait lui dire sa douleur, sa colère. Elle voulait la mettre face à sa méchanceté, sa folie, lui insuffler assez de sa souffrance pour qu'elle se rende compte de ce qu'elle avait fait. Mais quand elle fut devant elle, rien ne lui vint, seulement deux larmes de douleur. Elle était immobile, face à son ennemie, ses cheveux blancs comme un voile pour un deuil hors norme. Iris, elle, ne laissa rien paraître d'autre qu'une haine rageuse et débordante, montrant les dents comme un animal prêt à mordre. Iléa repartit drapée dans son silence, le cœur à vif.
Plus tard, Iris expérimenta la honte... et pleura, de nouveau, mais c'était trop tard...

Enfermée dans ce monde qu'elle ne connaissait pas, seule avec sa peur, elle perdait l'esprit peu à peu, se parlant sur tous les tons, jusqu'au jour où elle leva la main contre Séréna.
Mais la vieille femme avait de quoi se défendre. Elle souffla comme soufflent les tempêtes, et Iris se retrouva projetée et plaquée contre un charme, un de ces arbres si doux.Vous ne me croirez sans doute pas, mais peu m'importe, car ce que j'ai vu, je l'ai vu. Ce bel arbre se fit pousser de nouvelles branches qui enlacèrent, emprisonnèrent cette méchante fleur, la maintenant plaquée contre son tronc.
Les chênes et châtaigniers, voisins lancèrent de nombreuses racines et pousses neuves qui, en quelques minutes, enveloppèrent Iris et la firent disparaître sous une écorce neuve et mêlée. Jusqu'à ce que je n'entende même plus sa voix hurlant de terreur.
J'étais terrifié, moi aussi, et Serena l'était tout autant. Je crois qu'elle n'avait vraiment pas prévu ça...

Et on ne revit jamais Iris.

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