SÉRÉNA-ALBORETA REVIENT SUR SES PRINCIPES

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Guilhem avait bien réfléchi et ne trouvant pas de solution s'en fut à Bugarach, trouver Séréna.

— Je commençais à douter que tu viennes me voir, De Montalba !

—Vous m'attendiez...

Il se sentait un peu empêtré entre croyance religieuse et souvenirs ancestraux divers. Sans le vouloir vraiment, la sorcière le mettait quelque peu mal à l'aise.

— Madame, j'ai besoin d'aide et on m'a conseillé de venir vous demander conseil.

— Je sais cela. Ton enfant a besoin d'aide. Elle a perdu son Amour, elle est en grand deuil... Elle souffre, je le sens.

— Oui, c'est exact. Mais elle souffre aussi d'un mal plus profond. Comme tant d'autres femmes, elle a subi la violence d'hommes sans scrupules. La Guerre des Pétasses n'a pas eu lieu sans raisons... Mais je n'en sais pas plus. Je n'arrive pas à communiquer avec elle. Je lui suis devenu un étranger.

— Pour les violences, tu as raison. Hélas. Je ne te ferai pas le détail, mais ce que je ressens c'est qu'elle a perdu toute confiance en l'homme.

Guilhem soupira et dut se lever pour faire quelques pas, repoussant l'émotion qui l'assaillait.

— Je vais faire quelque chose que que je ne voudrais pas, mais depuis que notre monde a commencé à s'effondrer, j'ai tendance à revenir sur certains principes. Je ne sais pas si c'est bien ou mal, cette situation est nouvelle pour moi aussi, alors je suis mon instinct. Maintenant assieds-toi et écoute moi bien car je ne répéterai pas ces informations.

Ta fille a subi la folie de notre monde décadent. Elle a été capturée au cours de son voyage pour te retrouver et ensuite vendue ou plutôt échangée comme reproductrice. Car tu l'as sans doute constaté toi aussi, les naissances sont bien moins nombreuses qu'avant et, certains clans ont recours à cette méthode pour s'agrandir.

De nouveau, il se leva et fit plusieurs fois le tour de la pièce comme un fauve en cage, la rage au coeur.

— Elle a mis au monde le fruit d'un des viols qu'elle a endurés, un fils, qu'elle a tenté d'étouffer. Mais elle était surveillée et l'enfant a été confié à une nourrice. Elle a ensuite payé les conséquences de son acte. On l'a battue, humiliée, forcée, jusqu'à ce qu'Amanda l'arrache à son enfer.

Voilà pourquoi Azalée est enfermée par sa honte et sa souffrance dans ce désert de désespoir silencieux. Elle a besoin de temps, de paix et d'Amour. Et même dans des conditions optimales, elle ne guérira peut-être pas.

Silence pesant, de part et d'autre.

— Comment savez-vous tout ça ?

— Ce n'est pas très important, comment je le sais. On peut dire que je suis très « sensible ». Et je peux te décrire que ce qui te harcèle à l'instant, c'est un besoin intense de meurtre et de vengeance et que tes larmes sont bloquées, ta peine verrouillée, comme on t'a appris à le faire quand tu étais un petit garçon, parce qu'un homme ne pleure pas. Mais il te faudra lâcher tout ce bagage pour pouvoir l'aider...

— Je ne sais rien de plus, Guilhem, mais je resterai à ta disposition, n'hésite pas à venir me parler.

— Merci, Séréna, infiniment.

Il était reparti aussitôt, incapable de discuter avec qui que ce soit dans cet état de naufrage émotionnel.

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