LA TRIBU, EN ROUTE POUR CAMPO

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Les enfants avaient repris la marche, sans protester, contents de s'éloigner de Norbert. Mais Séréna savait qu'ils n'iraient pas bien loin, fatigués, affamés. Elle hésitait à en parler à l'homme, de peur qu'il ne change d'avis, mais c'est lui qui avait abordé la question en disant :

— Ces jeunes sont épuisés, je vous propose de dormir quelques heures, de toute façon, il fait nuit, on n'y voit pas grand chose.

Soulagée, elle avait accepté avec reconnaissance. Ils avaient trouvé un endroit abrité du vent, entre les roches et avaient allumé un petit feu autour duquel ils s'étaient serrés. La vieille femme avait distribué ce qu'il lui restait de provisions : des raisins secs et du chocolat. Salomon avait d'abord refusé puis s'était ravisé devant le regard impératif de la femme. Pendant que chacun mangeait, elle fit les présentations :

— D'abord, merci de nous accueillir, Monsieur...

— Mon nom est Salomon.

— Alors, Monsieur Salomon, cette jeune fille qui a douze ans, c'est Irma Séréna, ma petite fille. Dans la famille, chaque première fille de chaque génération porte le nom de Séréna, depuis toujours. Sa mère est morte à sa naissance et son père s'est endormi comme les autres.

Irma avait serré la main de l'homme, intimidée.

— Le garçon à ma droite, c'est Luis. Il a huit ans. Ses parents ont disparu. Il s'est réveillé un matin dans leur maison désertée et ils ne sont jamais réapparus. On n'en sait rien de plus. Luis est trisomique. Il se sent très seul.

Salomon avait tendu sa main à l'enfant qui, d'abord hésitant, avait serré la grosse patte et souri.

— Le second garçon, nous l'appelons Solo. Il a six ans. Il est muet. On ne sait pas grand chose de lui, on s'est rencontrés il y a une semaine quand il est sorti de la forêt, entre Limoux et Couiza. Moi, c'est Serena et je suis assez vieille pour être votre grand-mère.

— Vous venez de loin ?

— Irma et moi vivions près de Pézenas. On a rencontré Luis à « La Force », au sud de Carcassonne.

— Vous me suivez donc vraiment depuis Carcassonne...

— Oui, désolée si nous...

— Non, non, ne soyez pas désolée, je comprends... Mais vous auriez dû vous manifester...

— Quand j'ai vu comment vous avez reçu les deux gars, rue Trivale, je n'ai pas osé.

— C'étaient deux pauvres types, ils cherchaient de quoi s'amuser, le flingue à la main... Ils n'agresseront plus personne.

Il avait baissé la tête, soudain très fatigué. Les enfants le dévisageaient avec un mélange de respect, d'admiration et de crainte. Serena donna le signal du coucher et ils s'installèrent serrés les uns contre les autres pour dormir.

Elle resta un long moment éveillée, réfléchissant au futur.

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