NEZ AU VENT

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Après cette agréable soirée et une bonne nuit de repos, les deux jeunes musiciens saluèrent leurs aînés, disant le plaisir qu'ils auraient à les revoir et partirent vers Lemos.

Enguerrand avançait d'un bon pas dans le froid sous le ciel dégagé. Il aimait marcher sans penser, juste sentir son corps et le monde autour. Il était capable d'aller ainsi pendant des heures, nez au vent, savourant le plaisir d'être vivant.

Arkan avait du mal à suivre la cadence et le laissa prendre de l'avance. Son cœur cognait trop fort. Le séjour chez Thorian lui avait laissé des séquelles invisibles. Il était plus affaibli qu'il ne l'avait pensé. Il regarda son ami s'éloigner avec cette légèreté quasi surnaturelle contrastant étrangement avec sa corpulence.

La côte était rude. Il continua, tête baissée, opiniâtrement, malgré les protestations de son corps baigné de sueur, vibrant de douleurs sourdes. Son frère semblait parfois, comme aujourd'hui, perdre de sa substance, se dissoudre dans la lumière, rejoignant la légende des hommes-aigles. D'ailleurs, personne ne savait quoi que ce soit de ses origines...

Arrivé au sommet de la côte, Enguerrand évalua le paysage d'un rapide coup d’œil et s'exclama :

— Nous aurons la pluie ce soir ! On ferait bien de trouver un abri avant la nuit. J'aime pas dormir mouillé ! Si on ne traîne pas, on peut atteindre la Grottes des Chants.

Bras ballants, front levé, il tendait son visage au vent frais et humide. Il se sentait partir. Plénitude. Quelques secondes de bonheur intense. Qu'il aimait ce pays...

— C'est beau, non ?

Comme aucune réponse ne lui parvenait, il se retourna, inquiet. Arkan achevait péniblement la montée et se laissa tomber, à genoux, à bout de souffle, les mains crispées sur la poitrine. Son frère se précipita, maudissant son insouciance. Il l'aida à se défaire de son bagage et l'étendit doucement dans l'herbe, sur le bord du chemin avec des gestes précautionneux, desserra son gilet de cuir et sa chemise.

— Respire doucement, ça va passer.

Il lui rafraîchit le visage et fit boire un peu d'eau. Peu à peu, Arkan se détendit et son cœur ralentit le rythme.

— Je suis désolé. Je pensais que tu suivais.

— J'ai cru que ça irait...

— On a été trop optimistes. Il faut aller moins vite et quand tu sentiras que tu en as besoin, on fera une pause.

— Je vais dormir un peu.

— D'accord. Je veille sur toi.

L'idée de rester au bord du chemin n'enchantait guère Enguerrand mais son compagnon de route semblait déjà dormir. Il s'assit sur une roche et se laissa imprégner de l'énergie de l'endroit, attentif aux sons, à la lumière, au souffle des collines.

Son esprit lui ramena l'image du morceau d'étoffe très doux dans la chemise de son frère. Il se souvenait de la jeune femme qui le portait à son cou. Ainsi, Arkan était vraiment épris d'elle et cela semblait réciproque.

Il sourit.

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