Chapitre 25

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  Le lendemain matin, alors que Swan voulait profiter de la mélancolique couverture nuageuse qui tachait le ciel pour partir à cheval à travers champs, elle découvrit ce qu'elle avait tant redouté. Liber était couché, inerte, sur le sol, les yeux fermés, l'air serein. Le cœur de son fidèle compagnon avait certainement lâché pendant la nuit, celui de Swan souffrait comme il avait rarement souffert. Elle n'avait jamais connu de bête plus douce, plus libre aussi. Elle avait souvent eu l'impression qu'il était le seul à la comprendre, elle l’avait aimé comme un ami. Mais il fallait désormais lui faire ses adieux. Georges enterra le regretté Liber dans un coin de la propriété. Swan était inconsolable. Elle refusa de voir sir Brown lorsqu'il rendit une visite à la famille.

  Mars, avril passèrent pour laisser place au mois de mai ; la tristesse, les regrets passèrent pour laisser place au flegme. Les balades à cheval avaient été remplacées par des promenades à pied. Et, après qu'il eut la certitude que le temps avait pansé son chagrin, sir Brown rendit une visite particulière à la famille Cooper. Il offrit à Swan, en présence des époux Cooper, un cheval. C'était un magnifique pur sang noir. Sir Brown avait choisi le plus agile et le plus rapide qu'il avait trouvé.

  Cet accès de générosité ne suffit pourtant pas à éveiller les soupçons de Mrs et Mr Cooper qui se refusaient toujours à imaginer qu'un homme de la condition de sir Brown pût un jour vouloir se lier à leur fille aînée. Ils consentaient tout au plus à y voir une attention naturelle : il était si riche qu’il était presque de son devoir de couvrir ses amis de présents, aussi fastueux fussent-ils.

  Swan, quant à elle, fut émue aux larmes par ce geste. Elle remercia sir Brown en se jetant subrepticement dans ses bras, avant de réclamer qu'ils fassent une course. La réaction chaleureuse de Swan en recevant ce présent donna des raisons à sir Brown de croire que son affection était réciproque. Quand la course fut terminée, ils prirent le café ensemble puis repartirent dans la nature pour marcher.

  — Votre amie, Miss Harper est une jeune femme tout à fait charmante.

  — En effet, je ne peux que tomber d'accord avec vous sur pareil constat.

  — Puis-je vous demander pourquoi elle vit avec son oncle et sa tante ?

  — Monsieur, je ne vous connaissais pas cette propension aux commérages ! s'amusa-t-elle. Elle ne m'en a pas dit beaucoup de choses. Je sais simplement que ses parents, sont tous les deux décédés de maladie. Les Johnson l'ont alors recueillie. Ce sont des gens très bons. Ils la considèrent comme leur propre fille. Vous savez tout ce que je sais sur le sujet, monsieur.

  — Ne pouvez-vous pas cesser de me donner constamment du « monsieur » ? Nous sommes amis, appelez-moi par mon prénom.

  — Nous sommes peut-être amis mais je crois que cela serait étrange. Nous ne sommes pas des amis d'enfance, nous ne faisons pas non plus partie du même milieu social, et nous sommes tous les deux célibataires. Je vous appelle monsieur, quand je devrais vous appelez sir, ne pouvez-vous pas vous satisfaire de cela ?

  — Je ne crois pas pouvoir faire autrement, face à votre détermination. Puis-je vous appeler Swan ?

  — Certainement pas ! Que vous vient cette idée, tout à coup ? Appelez-moi Miss Cooper, ou ne m’appelez pas du tout.

Seule la pudeur avait conduit Swan à s'exprimer si sévèrement. Ses joues s'étaient empourprées sous l'effet de la demande de sir Brown qui n'aurait eu pour effet que de sceller une proximité et une intimité naissantes entre eux.

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