De ce qui prend tout son temps

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Contre Politzer que je suis en train de lire

Le devenir n'est jamais qu'un revenir ; la nouveauté que de l'ancien qui, sans impatience ou avec grande impatience le plus souvent, se poursuit dans l'éternité de l'instant.

L'éphémère est dans l'air du temps depuis toujours ; aussi l'éternel est son royaume, et la formule "le roi est mort, vive le roi"(encore), sa signification la plus vivante ainsi que sa justification la plus profonde.

Que le dialecticien, s'il est vraiment tel, ne doit surtout plus se féliciter de répéter, mécaniquement, ridiculement, sur le ton d'une confidence révélée à ses adorateurs, que l'on se représente très bien, en génuflexion alors d'un coup, quand il proclame :

"Rien n'est, tout devient !"

Comme si, dans cette contrefaçon d'une vérité des Evangiles, au fond comme à la surface de cette voix qui sincèrement croit révéler, toujours la même d'ailleurs, toujours inchangée dans son expression comme dans ses intentions — il y avait là la preuve aussi formelle et fondamentale qu'incontestable et belle du changement !

Dire que tout change, que tout est en mouvement, que tout devient... c'est reconnaître finalement l'éternité apparemment absolue du changement en tant que processus, et d'abord bien sûr en tant que tel.

Ce qui revient... toujours, encore... ce qui revient précisément à conclure ici que le devenir n'est jamais plus qu'un revenir, en effet sans doute jusqu'à l'infini, car enfin le devenir n'est tout au plus que l'avenir du passé actualisé à plein temps dans le présent qui agonise de tout temps mais ne meurt jamais (au moins jusqu'à preuve du contraire).

Le temps ne connaît pas la dialectique et si même il l'envisageait, il est inévitable que la dialectique ne résisterait pas. Il est de tout éternité. Et c'est parce qu'il est de tout éternité que le temps lui-même prend tout son temps dans son logis l'éternité et que le changement véritable n'est qu'un mensonge — et le plus long, dans l'éternité, on le sait bien, c'est évidemment la fin.

Enfin !... Tout ça, c'est un dialecticien qui vous le dit (un vrai cette fois), quelqu'un qui n'a jamais le temps pour lui et qui n'a surtout jamais été à l'école (il préfère croire en l'espace et en/aux marges — mais l'espace aussi a ses propres contradictions : comme perdre tout mon être à la fin, au début, chaque fois, dans l'et cetera de toutes choses au coeur, elles, de l'expérience qui est tout, oui).

03/05

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