Chapitre 1 : Poison - Partie 1

13 minutes de lecture

S’il y a une leçon que nous devons retenir des erreurs de notre passé, c’est bien que le sang appelle toujours au sang, peu importe le nombre de fois où l’on essaie de l’éviter. L’homme est fait d’une nature cruelle et insatiable, et la guerre n’est que sa raison d’être.

Le Livres des Grandes Guerres, prologue, auteur anonyme.


Chapitre 1 : Poison

Elle chantait au milieu des bas-fonds comme un rossignol la veille de l’apocalypse. Sa silhouette aux fines hanches sautillait d’un pas à l’autre dans une danse extravagante alors qu’elle progressait au plus profond de la ville, là où les nobles ne s’aventuraient plus depuis des siècles. L’obscurité ne la dérangeait pas, pas plus que les regards des rares badauds encore dehors à cette heure tardive de la nuit. Ici-bas, l’originalité se trouvait à chaque coin de rue, sur le visage de ceux délaissés par le royaume dans cette tombe à ciel ouvert. Ici trois yeux, là des oreilles trop pointues : ils étaient tous des déchets de la société trop parfaite qui côtoyaient les hauteurs d’Isendorn. Tous, sauf elle. Son visage poupin, ses longs cheveux noirs trop propres, sa robe d’un blanc immaculé détonnaient dans ces territoires macabres et boueux. En temps normal, une femme n’aurait jamais osé se promener seule sans escorte à cette heure de la nuit. Mais elle n’était pas n’importe qui.

Son pas ralentit à l’approche d’un bâtiment miteux coincé entre deux autres plus hauts que lui. Comme bien souvent ici, on construisait là où il y avait de la place. Le rêve de la grande ville et le travail promis attiraient chaque année des milliers de moustiques. Ceux qui ne mouraient pas de la peste ou d’un rhume s’entassaient là où ils le pouvaient et s’improvisaient boulanger, aubergiste ou tailleur dans l’espoir de gagner assez pour ne pas succomber le mois suivant à la famine. Elle s’arrêta, sortit un papier de sa poche pour vérifier qu’elle se trouvait bien à la bonne adresse et poussa un soupir devant la façade bancale et inhospitalière. Son contact savait choisir où se cacher à l’abri des regards, il n’y avait aucun doute possible. Elle espérait cependant parfois qu’il le fasse au soleil ou chez les nobles, pas dans une rue qui sentait l’urine de chat et le vomi des ivrognes.


— Auberge des trois rosiers, lut-elle sur une pancarte graisseuse qui pendait au-dessus de la porte.


Elle chercha du regard ce qui avait bien pu inspirer le nom. Devant une fenêtre, trois pots de fleurs fanées la dévisageaient tristement. Son visage se déforma d’une moue peu convaincue. Elle tira un peu sur sa manche pour atteindre la poignée de la porte avec. Elle refusait de poser un doigt dessus. Les humains trimballaient toutes les maladies de la région et même si elle était insensible à la plupart d’entre elles, elle ne voulait pas courir le risque.

Le bois gémit lorsqu’elle passa finalement le seuil du bâtiment. Elle se retrouva dans une salle de taille modeste qui empestait la bière et la viande avariée. Réparties en quinconce, les tables prenaient tout l’espace disponible. Des ivrognes dans des états de décomposition plus ou moins avancé étaient avachis dessus. Quelques regards curieux, aguicheurs et méfiants se levèrent dans sa direction. Les personnes comme elles n’avaient rien à faire ici, tout le monde savait cela. Les buveurs se lancèrent des œillades les uns aux autres pour essayer de trouver quelle femme venait chercher son mari et allait recevoir les coups de martinet. Elle les ignora. La jeune femme traça son chemin entre les tables et s’avança d’un pas confiant vers le comptoir, à l’autre bout de la pièce, en évitant habilement les mains sales baladeuses qui tentaient de lui toucher les fesses.

Le vieil aubergiste leva vers elle un regard mi intrigué, mi méfiant. Il s’était arrêté d’essuyer son verre pour la dévisager de haut en bas. Elle sourit, peu impressionnée, et s’installa sur l’unique tabouret libre entre deux solides gaillards qui ronflaient sur le morceau de bois, un verre devant eux. D’après le rapport qu’elle avait reçu, le tavernier n’était pas la pitoyable créature qu’elle semblait être. Il avait du sang d’elfe dans les veines et, bien qu’il le cachât, il avait déjà plus de cent ans. Ses oreilles arrondies, couvertes de cicatrices, témoignaient des sacrifices qu’il avait dû réaliser en s’installant ici. Les créatures, comme lui ou elle, n’avaient plus leur place en ville depuis plus de trente ans. Elle ne comptait pas user de cette information pour se mettre le tenancier du bâtiment dans sa poche, bien au contraire. Dans les bas-fonds, tout se marchandait et surtout sa vie.


— On est fermé, grogna-t-il d’une voix peu amène. Vous feriez mieux de partir avant qu’ils ne décuvent assez pour comprendre que vous êtes une femme.

— C’est gentil, mais non, répondit-elle d’une voix fluette. Je suis attendue par messire Panrion.


Il posa son verre et avança son visage vers elle, les yeux plissés, pour mieux la regarder. Elle ne bougea pas. Les pupilles de l’aubergiste étaient pâles, presque translucides, trahissant une cataracte à un stade avancé.


— C’est vous, Indrala ? se prononça-t-il enfin, perplexe.

— C’est moi, sourit-elle. Je vois que l’on vous a prévenu de ma petite visite. Je suis en retard, toutes mes excuses. La circulation sur les routes est effroyable à cette période de l’année.


Il grogna, mal à l’aise. Il se baissa et attrapa une clef sous le comptoir qu’il posa devant elle. L’aubergiste pointa les escaliers à sa droite de la tête.


— Premier étage, dernière porte à gauche. Votre chambre est à côté de la sienne. Ne perdez pas la clef.


La jeune femme s’inclina avec politesse et récupéra le petit morceau de métal. Elle tourna les talons et s’avança vers les escaliers, faits d’un bois aussi pourri que la structure principale de l’établissement. Un crachat la fit se stopper quelques secondes. Elle lança un regard curieux à la salle. Les regards étaient braqués dans sa direction. Elle sourit aux ivrognes, peu impressionnée, avant de s’éclipser vers l’étage.

Plus décoré que le rez-de-chaussée, il y avait eu par le passé une volonté de rendre cette partie de l’auberge moins austère. Les murs pourpre écaillés trahissaient la mauvaise qualité de la peinture et dévoilaient les tâches de moisissure où un microcosme végétal semblait s’y développer, à en juger par la mousse vert-noir qui dépassait des fissures. Un tapis jaune hideux cachait les trous du plancher qui produisait un craquement inquiétant lorsqu’elle marcha dessus. Lui-aussi regorgeait d’humidité, comme en témoignait les flaques d’eau qui tapissaient le tissu de flaques plus sombres.

Indrala poussa un soupir contrarié qui se mua en grognement lorsqu’elle découvrit l’état lamentable de sa “chambre”. Une chanterelle, petit oiseau inoffensif au pelage gris, était perchée sur la tringle à rideaux. L’animal s’enfuit par la fenêtre grande ouverte et éjecta dans la panique une défection liquide qui vint se déposer à côté d’autres sur la moquette sale. Elle ne parvenait même pas à en deviner la couleur originelle tant elle était couverte d’immondices. Avec dégoût, elle s’approcha du lit et renifla sans grande élégance. Elle recula vivement lorsque les odeurs lui brûlèrent les naseaux : sperme, urine, nourriture avariée… Il était hors de question qu’elle pose ne serait-ce qu’un doigt sur ces draps. Avec un peu de chance, son ami avait eu plus de chance et serait disposé à lui laisser son lit ?

Elle sourit et décida d’aller lui rendre une petite visite. Comme le tavernier l’avait annoncé, la porte d’à côté était grande ouverte. D’humeur joueuse, elle passa d’abord la tête pour analyser les lieux. Elle désenchanta vite. La pièce ressemblait à la sienne, avec une armoire et un bureau en plus. Installé sur un tabouret à deux pieds - les deux autres remplacés par une pile de livres instables - un homme aux cheveux noirs tressés à la façon des elfes de l’ancien temps lui tournait le dos. Concentré sur un parchemin, il trempait sa plume dans l’encrier et griffonnait avec hâte sur le papier inlassablement.

Elle leva les yeux au ciel et secoua la tête. Les siècles passaient, mais lui ne changeait pas. Un éclat malicieux passa dans son regard et elle s’approcha sur la pointe des pieds pour le surprendre. Elle avait presque atteint son objectif quand une voix rocailleuse s’échappa de sa proie.


— Mousse de Vitruor, feuilles de lys, ambre et vanille. Si tu souhaites me surprendre, je te conseille de changer de parfum. Les femmes ici sentent au mieux le crottin de cheval.


Il tourna la tête vers elle, un sourire moqueur au coin des lèvres.


— Bonsoir, Indrala. Tu es en retard.


Elle croisa les bras pour bouder, mais elle ne parvint pas à garder son sérieux trop longtemps. L’homme se leva pour l’enlacer et elle répondit à son geste d’un rire léger, heureuse de le retrouver. Il la fit tourner sur elle-même avant de reculer d’un pas pour mieux l’observer.


— Tu es ravissante. Je vois que les Anciens ont accédé à ma requête. La tenue est extravagante, mais de ta part, est-ce si surprenant ?

— Oh, elle n’était pas comme ça à l’origine. Mais il y avait cette petite noble sur la route, et je n’ai pas résisté.


Il recula d’un pas et fronça les sourcils à la mention de sa refonte de garde-robe. Indrala leva les yeux au ciel.


— Ce que tu peux être vieux jeu. Il ne reste rien du cadavre, je ne suis pas idiote.

— Tu aurais pu nous compromettre. Tu sais qu’ils n’aiment pas qu’on déborde du cadre établi. Ce n’est pas prudent.

— Personne ne s’en souciera, et surtout pas les Anciens. Ils ne savent pas que je suis ici.

— Tu es venue sans autorisation ? s’exclama-t-il. Bon sang, Indrala, ils vont avoir ta peau !

— Oui, oui, dit-elle en balayant l’information de la main, nous verrons ça en temps et en heure. Mais nous ne sommes pas là pour parler de ça. J’ai cru comprendre que tu avais besoin de moi en urgence dans ta lettre. Qu’est-ce qui se passe ?


Il claqua de la langue, agacé, avant de pointer le lit derrière lui. Indrala inspecta son drap, plus propre que celui de sa chambre. Elle tira un peu sur sa robe pour éviter d’avoir à trop le toucher. L’homme, Adranar, fouilla dans un grand coffre au pied de son bureau, à la recherche de quelque chose.

La jeune femme, curieuse, se pencha pour espionner ce qu’il écrivait quelques minutes plus tôt. Elle dut plisser les yeux pour décrypter les mots en patte-de-mouche : il s’agissait d’un rapport d’observation pour les Anciens. Bien sûr. En tant que chef des infiltrés, il suivait scrupuleusement les allers et venues de chacun dans la ville et rassemblait les informations récoltées dans un seul document. Rien ne l’y prédestinait pourtant. Ceux de son espèce étaient plus habitués à la rudesse du combat, comme elle. Elle tiqua lorsque son nom apparut en bas de la page. Quoique son vieil ami ait prévu pour elle, cela ne resterait pas entre eux.

Adranar posa devant ses yeux un petit flacon qui contenait un liquide rose fluorescent. Il posa les mains sur ses hanches, un sourire triomphal plaqué sur le visage. Indrala examina le liquide avec suspicion, perplexe.


— Qu’est-ce que c’est ?

— Ce qui va sauver notre peuple, clama-t-il fièrement. Nous allons enfin pouvoir sortir, gagner les hauteurs, vivre pleinement sans avoir à subir les pulsions meurtrières des hommes…

— La Terre à Adranar, bonjour ? Tu t’emballes, vieillard. C’est une potion, en quoi ça va nous aider ? A moins qu’elle ne tue ces bipèdes par centaines…

— Quel manque d’imagination ! s’offusqua-t-il. Ah, tu es bien une Sanglante, obnubilée par la guerre et le sang. Mais il faut voir plus loin, Indrala. Bien plus loin.


Dans l’excitation, son visage de couvrit d’écailles rouges et une queue reptilienne transperça son pantalon. Il posa son regard sur son arrière-train, tâta le trou et haussa les épaules. Indrala leva les yeux au ciel.


— Dis-moi tout. Qu’est-ce que ton esprit de scientifique fou a manigancé cette fois-ci ? se moqua-t-elle gentiment. Tu es conscient que si tu reproduis le désastre de la dernière fois les Anciens auront ta peau ?


Il lui lança un regard noir.


— C’était un accident, grogna-t-il, amer. Ce plan-là est infaillible. Je ne t’apprends rien si je te dis que notre nombre diminue et que nos problèmes de fertilité sont une épine dans la patte de notre peuple, n’est-ce pas ? Que se passerait-il si nous transformions des humains pour les rallier à notre cause ?

— Hein ? s’exclama-t-elle sans grande élégance. C’est ça ton plan ? Adranar, c’est ridicule. Tu as vu comment sont traités les hybrides à Warazi ? Quand ils ne sont pas exterminés sur le champ, leur nom est rayé de la carte et utilisé comme une insulte par la suite.

— Mais ce ne seront pas des hybrides, très chère. Ils se transformeront intégralement. Des machines conditionnées pour tuer, incapable d’éprouver quoi que ce soit. Ils ne seront pas aussi intelligents que nous. Nous gagnerons du temps en attendant que nos œufs éclosent, et nous aurons un avantage stratégique sur les Autres, un avantage que même leurs meilleurs scientifiques n’auront pas vu arriver.


Indrala garda les bras croisés, toujours peu convaincue. Son plan utopiste était beau sur le papier, mais elle voyait mal comment une armée à l’image de l’ambition d’Adranar pourrait être cachée aux yeux du monde. Leur peuple ne pouvait sortir des montagnes à cause de la taille imposante de ses habitants. Si ceux déjà présents peinaient à cohabiter les uns avec les autres en temps normal, comment seulement les convaincre de faire de la place à des créatures abruties par peu importe ce que contenait cette fiole ? Les Anciens étaient peut-être avides de pouvoir et de conquête, mais pas stupides ou suicidaires au point de dévoiler leur position au monde entier.

Adranar sentit qu’il perdait son auditoire. Il attrapa son tabouret et s’assit devant elle, pour l’avoir yeux dans les yeux. Ses mains écailleuses se posèrent sur les siennes. Même sous forme humaine, elles étaient bien plus grosses que celle d’Indrala.


— Bien sûr, ce plan ne pourra se faire qu’après un test concluant sur un sujet humain choisi. Le sujet zéro, celui que l’on pourra présenter aux Anciens pour gagner leur confiance. On ne peut pas prendre n’importe quel paysan, nous devons frapper fort pour marquer les esprits.

— Admettons, soupira-t-elle. Qui as-tu en tête ? Un barde connu ? Un nobliau en vadrouille ?

— Le prince Aranwë Balrarion.


La jeune femme se figea. Cette fois-ci, elle en était certaine : Adranar avait complètement perdu l’esprit. Elle souffla et enfouit son visage dans ses mains. Il ne lâcherait pas l’affaire, et elle n’avait pas fait ce chemin pour rentrer les mains vides. Pourquoi ne pouvait-il pas être comme les autres Sanglants ? Il n’y avait rien de mal à préparer la guerre depuis les remparts de Warazi comme les autres.


— Indrala, s’il te plaît. Je t’ai fait venir parce que je sais que tu es l’une des seules qui me fait confiance. Tu es douée en infiltration et je suis certaine que tu trouverais les mots justes pour lui faire boire cette fiole. Je ne peux pas le faire sans toi. Je te promets que je te revaudrai ça. Tu peux compter sur moi. Réfléchis ! Imagine les conséquences que ça aurait pour nous si cela réussit !

— Imagine les conséquences que ça aura pour nous si jamais ça échoue…

— Ne vois pas le verre à moitié vide ! Nous ne le saurons jamais si nous n’essayons pas.


Il lui glissa la fiole dans les mains. La jeune femme serra les doigts dessus, pensive. Elle leva les yeux au ciel. Il avait intérêt à être là si elle avait besoin de lui après ça. Ce n’était pas exactement une petite mission de routine.


— Admettons que j’accepte, se lança-t-elle avec hésitation. Comment on approche le prince ? Il n’est pas exactement le type de petit noble qu’on peut embusquer au coin de la rue.

— La chance est de notre côté. Le jeune prince est en conflit permanent avec son père. Il désespère de le voir un jour cesser de le contredire. Il descend chaque semaine sur la place Clothilde pendant que le patriarche est à la chasse pour rendre visite aux marchands et prendre leurs doléances. Tout ce que tu as à faire est de t’y rendre et de le convaincre de prendre la potion.

— Il est sensible aux charmes des femmes ?

— Je l’ignore. Je l’observe depuis quelques mois et je ne l’ai jamais vu au bras d’une prétendante. Si jamais tu veux devenir une princesse, ajouta-t-il avec un clin d’œil.

— Certainement pas avec un humain, non. Une fois qu’il a la potion, qu’est-ce qu’on fait ?

— Tu vas retourner à Warazi en informer le Haut Conseil, les convaincre que notre opération est censée, et moi je vais surveiller notre poulain. S’il ne boit pas la potion, j’ai d’autres plans pour l’y contraindre, mais je garde ça pour plus tard. Es-tu avec moi ?


Il tendit la main cérémonieusement. Indrala hésita quelques secondes. L’impression tenace qu’elle allait regretter sa décision ne la quittait pas, mais, après tout, elle n’avait rien à faire d’autre pour le moment. Elle jouait sa carrière sur ce coup et espérait que cette fois-ci, ce vieux hibou d’Adranar ait vu juste. Au mieux, elle renforçait sa place dans la hiérarchie de Warazi, au pire… Elle préférait ne pas y penser.

Ses doigts et sa paume se couvrirent d’écailles d’un rouge, puis vinrent serrer la main d’Adranar. L’homme replaça ses cheveux en arrière, souriant, et récupéra deux chopes et une bouteille de vin sur son bureau. Il les remplit, puis lui en tendit une.


— À notre future victoire ! clama-t-il victorieusement.

— À la race dragonne et à son ascension, reprit joyeusement la jeune femme.


Les chopes s’entrechoquèrent et scellèrent la promesse d’une nouvelle ère.


Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Myfanwi ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0