La gourmandise du sanglier

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— Commissaire Royanez, par ici !

Une brise légère soulève légèrement le bas du voilage de la fenêtre de la pièce, assombrie par les volets clos. Rafael, l’inspecteur-adjoint, est accroupi auprès du corps allongé d’un homme, vêtu d’un uniforme de marine blanc. Le macchabée a été disposé, les bras et mains croisées sur la poitrine, les jambes jointes, l’image cerclée d’un christ posée dans la bouche.

— Alvaro, c’est le même tueur, ou bien l’un de ses complices, assène l’inspecteur-adjoint.

— Un double homicide, Rafael, tu reprends l’enquête d’Alfred Marinetti. Maintenant, c’est du lourd. Il me faut le dossier, les photographies du marais et le rapport pour hier !

— Le tueur des cercles a recommencé ?

— À toi de me le dire, petit génie.

— Commissaire, il y a une nouvelle inscription en latin dans le cercle,

L’inspecteur-adjoint tend au commissaire l’image.

Originale peccatum, Adam et Eva, adtrivit fructum vetitum. [1]

— C’est-à-dire, commissaire ?

— La gourmandise. C’est pour cela, Rafael, que le tueur a placé l’image dans la bouche.

— Ton verdict ?

— On doit se concentrer sur la signification des sphères. Le tueur connaissait sa victime. Rafael, regarde les marques sur les poignets. Il l’a bâillonné, puis il a attendu que l’homme reprenne conscience avant de le faire parler et le tuer.

— Une mort douloureuse.

— Ce meurtre imite celui du marais. La position du corps est identique à celle de Marinetti, sans compter le symbole religieux.

Le commissaire s’éloigne de quelques pas de la dépouille, et inspecte la chambre d’à côté. Il est soudainement intrigué par des traces sur le sol poussiéreux. Il s’accroupit et se penche sous le lit. Des morceaux de chaîne cassés, sont dispersés.

— Rafael, vient voir.

— Qu’y a -t-il commissaire ?

— Regarde, des bouts de pendentif. Il y a peut-être un médaillon, cherchons tout autour.

— Apparemment, il y a eu une lutte dans cette pièce. Peut-être une piste…

— Non, Rafael, le tueur, est méticuleux, on ne trouvera pas de marques ici.

— La machine se remet en marche, Alvaro. Et si notre homme, avait un ou plusieurs complices ? Que dis-tu d’une secte ?

— Et pourquoi pas un fan-club ?

— Ta tuerie en série se termine, là où commence ma traque, marmonne le commissaire Alvaro Royanez.

— Que dîtes-vous ?

— Rafael, je dois y aller. Je veux ton rapport et tout le dossier, sur mon bureau, pour la fin de la journée.

— Et la presse ? Toujours le même charabia à déblatérer, du travail d’équipe, six mois d’enquête, blablabla …

— Je me fous de tes sarcasmes, j’ai besoin du dossier complet rapidement. Occupe-toi du corps de ce malheureux, et pas de bavures avec les communiqués de presse. Si les journaux s’emparent de l’affaire, ces cons vont voir des morts partout !

[1] Le péché originel, Adam et Eve, croquant le fruit défendu.

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