Chapitre 10
Quand elle arriva au lieu de rendez-vous, malone y était déjà.
Il lui dit d'un ton faussement sévère :
-Tu es en retard.
-Ah non, c'est toi qui es en avance, il est 19h.
-19h03 en fait
-Tu vas me jeter dans le port pour trois minutes?
-J'ai soif. Allons boire un verre on verra après.
Ils entrèrent dans un bar-restaurant face à la ville close, pour s'assoir en terrasse.
- Ça se passe bien dans ton école d'intello ?
-Super. Et toi dans ton bateau de pêche ?
-Génial. La mer, le large, ça me va.
-Tant mieux. Bon, soyons sérieux. Nous sommes restés trois ans ensemble et tu ne m'as jamais dit que tu connais Mael depuis l'enfance ?
-Je n'en voyais pas l'intérêt, tu ne le connaissait pas quand on s'est rencontrés.
-Non, c'est vrai. Et qu'il a une sœur qui te plaisait et dont les parents ont exilé de ta faute ?
-Je vois....c'est ça les questions que tu voulais me poser ?
-Oui. Tu étais amoureux d'elle quand on s'est rencontré ? Qu'est-ce que tu lui as fait?
-Pour la première question, c'est facile, la réponse est non. Le reste est plus compliqué.
-Je t'écoutes, j'ai tout mon temps. Je l'ai mauvaise qu'en trois ans tu ne m'as jamais parlé d'elle.
-Il y a des choses qu'on préfère garder pour soit. Tout le monde a son jardin secret. Pas vrai ?
Lylwenn se demandait de quoi il parlait.
-Non, il n'y avait aucun secret entre nous et il s'agit de toi pour le moment. Alors ? Je t'écoutes.
-À t'entendre on dirait que j'ai commis un crime.
- J'ai juste l'impression d'avoir vécu trois ans de mensonges et que j'en découvre encore d'autres. Je veux tout savoir.
- Il n'y a pas grand chose à dire. Elle s'appelle Erell, a mon âge et on se connaît depuis la maternelle. On s'aime mais comme un frère et une sœur. On a toujours été proches ce qui énervait sa famille. Surtout Mael. Mais la vérité, c'est que sa famille, Les Beaumanoir, est une famille toxique. Toujours derrière elle, à lui mettre la pression pour qu'elle soit parfaite, qu'elle soit la meilleure à l'école.
Et Mael, ce petit frère macho, il n'est pas le gentil garçon qu'il veut faire paraître. Lui aussi était toujours derrière son dos. Elle étouffait. Tu la veux la vérité ? Elle n'en pouvait tellement plus d'eux, qu'elle a commencé à se camer.
-Donc c'est elle qui t'a rendu acro à la cocaïne ?
-Non, elle ne voulait pas que j'y touche. Mais j'avais mes problèmes.... j'ai craqué une fois et ça a été l'engrenage. C'est débile, mais c'est comme ça.
Pour en revenir à Erell, elle etait tellement mal, qu'elle en a fait une overdose. Heureusement les pompiers sont arrivés à temps. Ses parents l'ont envoyé dans un hôpital pour se faire soigner et depuis sa grand-mère a pris le relais pour s'occuper d'elle. Voilà ce qui c'est passé.
Mais pour cacher cette honteuse vérité, ses parents ont dit à qui voulaient l'entendre, qu'ils l'ont éloigné à cause de moi, que j'avais une mauvaise influence sur elle. J'étais un dépravé qui la détournait du droit chemin.
Ça me rend fou que tu sois avec Mael.
-Je ne suis plus avec Mael.
-Ah bon ? Et bien.....tant mieux.
-Peut-être, je m'en fiche. Bon, j'ai faim! Je vais commander des moules frites.
-Des moules ? Genre ! Tu as toujours détesté les fruits de mer.
Il n'avait pas tort. Pourtant, depuis halloween, elle ne mangeait plus que des fruits de mer.
-Il n'y a pas de mal à changer d'avis.
- Tu as changé depuis halloween.
-Qu'est ce que vous avez tous avec ça !!?
-Je ne suis pas le seul à l'avoir remarqué on dirait.
-Enora me dit la même chose et ça commence à me soûler.
-Ouais, mais si on est deux à te le dire, pause toi des questions. Allez, dis-moi ce qui c'est passé cette nuit là ? C'est quand tu es tombée dans l'eau ?
-Qu'est-ce que tu racontes ? Tu penses comme Enora, que j'ai subi un trauma et que je dois voir un psy?
-Pas du tout. Je me demande comment tu es tombée de la falaise et comment tu as pu survivre dans cette houle.
-J'ai déjà tout raconté, il me semble.
-Bon, j'ai compris, je me tais, tu ne veux pas raconter ton trauma.
-Mais je ne suis pas traumatisée ! Je vais très bien !
Alors que la colère montait en elle, elle vit la mer s'agiter, comme si ses émotions et l'océan étaient liés.
-C'est bon, calme-toi !
Alors que Lylwenn recevait son plat, malone mit ses mains dans ses longs cheveux détachés et tenta de les ramasser derrière son oreille. Lylwenn, effrayée qu'il découvre ses branchies, lui frappa instinctivement les mains et devint sur la défensive.
-Qu'est-ce que tu fais, ça ne va pas?
-Je ne sais pas. Tu as de beaux cheveux.
-T'es un grand malade en fait. Ou un fétichiste des cheveux ? Qui t'as permis de me toucher ?!
-J'ai toujours aimé toucher tes cheveux, tu as oublié ?
-On n'est plus ensemble, tu ne me touches plus.
-À vos ordres.
La soirée se termina plus calmement et Lylwenn décida de rentrer sitôt son repas terminé.
-Tu rentres déjà ?
-Oui, j'ai assez vu ta tronche.
-On se refera une autre petite virée ?
-On verra. Peut-être.
Une fois chez elle, elle n'eut pas la motivation ni le besoin de se baigner. Elle se mit au lit et s'endormi en pensant à Malone. Ses sentiments pour lui étaient toujours bien présents mais elle ne devait pas craquer.
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