Chapitre VIII

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Zèrth Haal et l'escouade numéro trois ont eu de légers problèmes, commandant Grives !

Grives ôta son monocle en or, sortit un mouchoir de sa poche, le déplia d’un geste sec et s’enfonça dans son siège à l’écoute. Poursuivez.

D’après notre informateur, tout s’est déroulé à l’intérieur des ruines. À la suite d’une mort subite du soldat Jeff Cryn. Zèrth Haal aurait alors joué l’apprenti nécromant et y aurait laissé son bras.

Il embua son optique, le nettoya méthodiquement et le remit.

Quand est-il du géant Jared ?

Jared n’a pas été orienté vers le point S-K, comme vous nous l’aviez recommandé…

Le commandant plia son linge, le remis dans sa poche et se redressa.

Pour quelle raison ?

Le point de ralliement a été ravagé par une force obscure. D’après nos informateurs un mage noire doté d’une force inconnue les a tous décimé.

Où sont ces informateurs, Capitaine Block ?

Morts juste après qu’ils aient pu transférer ce message. Nous pensons qu’il en avait après le géant.

Très bien, je veux que le commandant Zèrth Haal et son équipe rejoignent Jared, j’ai la bonne intuition qu’ils sont les plus qualifiés pour pouvoir le défendre contre ce guerrier. Au fait, Capitaine Blok ? Gardez cette information, sous silence un moment encore, je vous prie.

Ha… euh… entendu, mon commandant.

Grives se leva, soucieux. En face à lui se tenait le Nécromant qui avait attaqué la base de la Fédération.

— Ils ne se doutent de rien...

— Non, pas pour le moment.… Mais je te suggère d’être plus agressif la prochaine fois. Ce guerrier ne doit pas entraver notre quête. Et brouille mieux les pistes à l’avenir.

— Véliha a dû lui dire…

— J’en ai bien peur, en effet.

— À la prochaine éclipse, Gilles.

Le Nécromant s’évapora laissant le commandant seul dans ses pensées. Jared dont il connaissait très bien les défunts parents. Il sortit sa montre gousset et observa sur une photographie. Jim et Nohara Grek, les parents du géant. Il soupira et ferma le couvercle lentement, le remit dans sa poche et s’effaça.

Plus tard, il se retrouva face à une entrée sécurisée où s’imposait des armes d’assauts, un autre lieu de Fédération, la base de la magie maîtresse. Automatiquement, les armes le prirent pour cible. Une voix mécanisée émana de l’interphone du portail.

— Déclinez votre identité.

— Gilles Grives, premier commandant du canton de Chinsia.

— Pour des mesures de sécurité, nous allons vérifier cela.

Des tourelles sortirent de leurs orifices. Elles étaient nombreuses et allèrent faire feu. Grives n’était pas impressionné, loin de là, il connaissait les coutumes de la base de la magie maîtresse. Il saisit son chapeau laissant son crâne chauve sans protection et le lança en l’air. Deux tourelles firent feu et désintégrèrent le chapeau. Deux autres l’avaient ciblées et lancèrent les hostilités. D’un naturel parfait, Grive esquiva les assauts de balles énergétiques. Il se mouvait comme un danseur de ballet, impressionnant même celui qui était aux commandes des mitraillettes.

— Ah, c’est comme ça ! Voyons voir ce qu’un général de la Fédération vaut, face à ce nouveau type d’armement !

Le soldat se dirigea vers une salle où s’exposait une machine de guerre, un Tinthas. Une armure dont le générateur était fait d’un cristal spécial. Un cristal magique. Il grimpa dedans et sortit du hangar. Sauta par-dessus la muraille et retomba face au commandant Grives.

Un salve jaillit des canons mitrailleurs, mais d’une rare souplesse, Grive se mouvait entre les balles. Et dès qu’ils se retrouva face au sas d’entrée du Tinthas, il toqua deux fois. Puis un jet de vapeur siffla et le cockpit s’ouvrit. Une femme habillée d’un costume d’officier, retira ses sangles de sécurité.

— P’ouha, j’ai... je n’ai jamais fait la rencontre d’un officier de votre rang… Commandant Givres ? C’est bien ça ?

— Grives, soldat, Gilles Grives !

La femme descendit de son Tinthas. Dès que ses rangers touchèrent le sol, elle claqua ses talons pour montrer ses respects et s’inclina face à lui.

— Pardonnez-moi, commandant Grives, je suis le Générale Jahna Clives. Bienvenu aux portes de la base de la magie maîtresse. Elle mit ses mains derrière la tête.

— Vous permettez ?

— Mais, faites donc !

Elle dénoua son chignon et sa longue chevelure rousse retomba derrière son dos.

— Dirigez-vous devant la porte, je vous ouvre. À tout de suite !

Elle remonta dans son armure mécanisée, elle se retourna et d’un bond gigantesque et disparut de l’autre côté. Le commandant amorça le pas et arrivé devant le sas d’entrée aussitôt, il s’ouvrit automatiquement.

— Enfin ! annonça Grive.

— Oui, je suis navré mais vous connaissez la coutume.

— Oh, que oui !

— Passons les formalités, voulez-vous, commandant ?

Un rire étouffé s’échappa du commandant et pénétra à l’intérieur de la base. Durant leur marche, il demanda où se trouvait Jared Grek. D’un mouvement de la tête, l’officier Clives lui proposa de la suivre vers le quartier fermé, le pénitencier. La base de la magie maîtresse était structurée comme une ville. Son organisation était telle qu’un individu lambda ne pourrait s’y perdre, pourtant même si les quartiers comportaient chacun leur propres militaires, une intrusion se verrait rapidement. Tout le monde se connaissait et personne n’y échappait, sauf les membres extérieurs de la Fédération comme le commandant Grives.

— Vous avez de la chance d’être tombé sur moi, souligna Janha.

— C’est ce qu’il paraît… c’est aussi l’une de mes principales vertus.

— Je suis l’officier qui dirige l’ordre dans toute la base. Vous allez me poser la question… pourquoi j’étais de garde aux portes. Eh bien, figurez-vous que j’ai donné congé à mes soldats pour la journée. Je préfère offrir une permission plus régulière en temps de paix que de les laisser se crever à la tâche. Vous connaissez le dicton : un soldat mal nourrit et un soldat qui tombera plus vite… et cela même si c’est le meilleur d’entre eux.

Le commandant regarda autour de lui. Des troupes faisaient leurs entraînements en petites foulées cadencées par des chants militaires. Des camions, des chars, des Tinthas passaient et même des soldats isolés surement d’un grade plus élevé qui, en voyant l’officier Janha, la saluèrent avec le plus grand des respects.

Tous deux arrivèrent devant le quartier sécurisé où deux soldats gardaient l’entrée blindée du bâtiment. À la vue de l’officier, ils se fixèrent.

— Rompez messieurs ! Je vous présente le commandant Grives, normalement il est mon supérieur, mais pas dans de notre base.

Les deux gardes se repositionnèrent en respect en claquant leurs talons. Grives fit un geste de la main pour qu’ils rompent leur position.

— Je veux que vous préveniez le directeur que nous venons visiter le détenu Jared Grek.

— Qui est-ce qui vous l’a envoyé ?

— Je ne dispose pas de ce genre d’information, enfin, je n’en ai pas eu vent. Vous la poserez vous-même au directeur et cela m’informera par la même occasion.

L’un des soldats revient de la cabine.

— Le directeur va se déplacer. Il vous recommande de patienter Générale.

Ils attendirent un petit moment jusqu’au moment où les portes blindées s’ouvrirent de bas en haut. Le directeur vêtu d’un costard blanc les attendait accompagné de l’adjudant Rolès. Ce dernier arborait une mine plus affirmée qu’à l’accoutumée et ce détail n’échappa pas à l’œil du commandant.

— Bienvenu, commandant Grives ! Mon Général, ponctua le directeur. J’ai entendu tant de merveilles sur vous, commandant.

— Ah bon, tant que ça ?

— Ouh ! Et bien plus encore, commandant. Veilliez me suivre dans mes quartiers et ensuite, nous irons voir ce fameux géant.

Ils se retournèrent et se dirigèrent en direction d'un SAS. La porte s’ouvrit. Au fond, un vortex apparut sur la paroi gris argent et tous disparurent au-dedans.

— C’est vous qui avez ordonné que Jared soit muté ici même ! conclut le commandant en regardant de haut l’adjudant Rolès.

Confiant, l’adjudant remit l’encolure de sa veste marine.

— En effet, n’ai-je pas bien fait ? D’après des rumeurs, le point S-K aurait été dévasté par un guerrier, ne serait-ce pas celui qui est venu à la Fédérale Tour, commandant ? Où serait-ce un autre, lança-t-il avec un air inquisiteur à son supérieur.

L’enflure ! Serait-il au courant, non pas possible, pensa Grives.

Au même moment, l’adjudant esquissa un large sourire machiavélien qui fit frissonner le commandant. Et l’instant d’après, le directeur exposa ses ambitions d’une voix rocailleuse.

— Nous savons depuis quelques heures seulement que le Jared Grek détient un pouvoir hors du commun et cela d’après nos guérisseurs qui ont inspectés son anima ainsi que sa lignée magique. Nous voulions vous tenir informé mon commandant, général.

Un malaise naquit en Grives et bien qu’il sût très bien dissimuler sa nervosité, le Général Clives la perçut. Son flaire sans faille liée à son expérience d’officier était infaillible. Pourtant, elle n’en fit rien et laissa poursuivre le rapport du directeur.

— Nous avons appris que ce géant est poursuivi par cet épéiste et mage noir un certain Lyle.

— Permettez-moi, directeur Slow, coupa le Général Janha Clive. Pour quelle raison, je n’ai pas été informé de tous de cela ?!

Face au ton impérieux de son supérieur, le directeur déglutit.

— Euh… disons que…

Le général Clive inclina sa tête et un blanc alourdit soudain l’atmosphère.

— J’attends !

Face à l’impatience de son supérieur, le directeur se mit à suinter et cela trahissait ses intentions. Elle renoua ses cheveux d’un geste appliqué et toisa du regard les deux acolytes. Elle amorça un pas vers le directeur. Déterminé à savoir la vérité. Au même instant, elle posa sa main sur son arme de poing, se rapprocha au plus près du directeur qui recula d’un pas quand elle avait posé sa main sur son pistolet. Alors que Grive observait la scène attentivement, il ressentit une puissante aura émaner de Janha, il plissa les yeux. Mais, qu’est-ce que cela veut dire… ne me dites pas que… non !

Le général Janha Clive n’était ce qu’elle laissait paraître et ce détail n’échappa pas au pouvoir sensoriel de Zèrth. Il devait empêcher le pire et à ce moment, il sut quoi faire.

— Allons mon général, soyons courtois, je vais me charger de faire parler le directeur. Vous permettez ?

Le propos du commandant eut comme un effet dissociatif sur Janha et son aura s’effaça. C’était comme si elle n’avait jamais existé. Étonnée d’être aussi près du son subalterne, elle fronça les sourcils.

Mais que… pensa-t-elle.

Son étonnement s’effaça dès que Grive reprit la parole.

— Je veux savoir où se trouve, Jared Grek ! Vous, permettez messieurs, imposa-t-il en retirant son monocle.

Le retrait de son optique laissa apparaître un œil aux nuances cardinales. Aussitôt les deux hommes furent sous son contrôle. D’un mouvement du bras, le commandant pointa la sortie et les deux officiers avancèrent sans dire mot. Tandis que le général observait cette sordide magie opérer, elle se retourna et face à Grive, elle comprit ce pour quoi, il était commande d’un tel district. Les hauts rangs de la Fédération étaient peuplés d’extraordinaire soldat, mais ce qu’elle ignorait par-dessus tout c’est qu’en elle, un pouvoir était en train de croître et c’était cet élément qu’avait capté le commandant. Et en réalité l’histoire du général Clive était bien plus complexe que celle d’une personne lambda.

C’est en allant rejoindre Jared Grek que commença la véritable histoire de Janha Clive, celle qui se sacrifia au nom de la magie ancestrale pour une cause des plus nobles. Céleste Dragoman.

District royal des Drogman, une semaine avant la grande réunion à la suite de la disparition du patriarche le roi Elvin Dragoman. En l’en 650 du calendrier des Ordres.

— Céleste !

La jeune princesse se retourna vers sa mère, le regard attristé.

— Je veux que tu apprennes les arts guerriers pour cela, je vais te présenter un homme, un de mes valeureux soldats.

La reine Almatha était froide avec sa fille d’à peine âgé de sept ans. Elle qui venait tout juste d’apprendre le décès de son père, était en état de choc. Puis la reine reprit :

— Tu ne seras pas seul, un jeune guerrier de quinze ans dont la force est prometteuse pour l’avenir du royaume t’accompagnera.

Céleste se détacha de sa tristesse et demanda :

— Comment s’appelle-t-il ?

La reine garda un temps de silence.

Elle s’approcha de sa fille sans se détacher de son air sévère. Almatha était réputée pour être froide comme la glace, mais il faut croire que la perte de son mari l’avait quelque peu affectée. Et cela se lisait sur son regard et ses iris indigo s’étaient pris d’une teinte plus opaque, vidée de leur expression. Ces instants la reine Almatha voulait les passer seule. Enfin au niveau de sa fille, elle s’agenouilla réajusta sa robe rose pastel et un homme vêtu d’une cape vermeille accompagnée d’un ado apparurent. La reine se redressa, baissa la tête, serra ses poings et partit dans la direction opposée. En disant :

— Maintenant partez et ne revenez que lorsque vous l’aurez formé, Viktor Grive, maître ensorceleur.

L’homme s’approcha de la jeune princesse et en lui tendant la main, il annonça :

— Tout va bien j’étais un fidèle ami d’Elvin Dragoman, votre père.

Céleste hésitait et la vue du jeune homme la rassura et se saisit sa main et tous s’effacèrent dans le nuage noir typique des arts magiques des nécromants.

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