Un monde sans argent ?

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« Avant que nos frères blancs viennent nous civiliser, on n’avait aucune prison. Par conséquent, il n’y avait aucun délinquant.

Nous n’avions pas de clés ni de serrures, donc il n’y avait pas de voleurs.

Quand quelqu’un était trop pauvre pour s’offrir un cheval, une couverture ou une tente, il pouvait recevoir cela comme cadeau.

Nous n’étions tellement pas civilisés que nous n’accordions pas une telle importance à la propriété privée.

Nous voulions posséder des choses pour donner aux autres, s’entraider.

Nous n’avions pas d’argent, pour cette raison, la valeur d’un Homme ne pouvait être déterminée selon sa richesse.

Nous n’avions aucune loi (écrite), aucun avocat (ou procureur), aucun politicien, Par conséquent nous n’étions pas capables de tricher ou d’escroquer autrui.

Nous suivions vraiment une mauvaise voie avant que les hommes blancs viennent, et je ne saurais vraiment pas expliquer comment nous nous y prenions pour nous en sortir sans ces choses fondamentales (c’est ce que nos frères blancs nous ont dit) qui sont absolument nécessaires pour une société civilisée. »

John Fire Lame Deer / De mémoire indienne

L’humanité vient de traverser une nouvelle crise globale. Ou plutôt, elle est encore superbement embourbée dedans. Cette fois-ci, c’est une particule ne dépassant pas 150 nm qui a mis la pagaille, et les conséquences sont encore difficiles à prévoir, car cumulées à d’autres crises en cours ou à venir.

J’ai entendu et lu des mots qui font rêver.

« Le monde de demain ne sera pas le même : rendons le soutenable, équitable et résilient. » Marianne, 30 avril 2020

« Il va falloir innover. »

« Rien ne sera comme avant »

Ces mots restent du vent.

Oui, certains se sont mis à consommer autrement, priorisant les productions locales, d’autres ont quitté le rythme effréné de la ville et de l’entreprise, préférant vivre et travailler à un rythme plus humain. Des femmes ont redécouvert la beauté de leur visage cachée jusqu’ici par une couche de maquillage.

Mais.

Des masques fleurirent partout, tels les sacs plastiques d’il y a peu, l’aspect jetable prenant plus de sens que celui de protecteur.

Les aspirants au télétravail piégés entre leurs tâches et celles d’enseignant ou de nounou pour leurs propres enfants, puis traités de fainéants quand ils ont souhaité conserver cette méthode, alors qu’il est tellement plus agréable de bosser dans son jardin ou dans un vêtement tout confort, et à son rythme.

La bourse qui s’envole vers les étoiles, les Gafa qui remplissent leurs comptes offshore, alors que la queue aux Restos du cœur ne cesse de s’allonger.

Et le monde médical, à qui on a fait tant de belles promesses, il attend toujours…

Il y a une grande leçon à tirer de cette période troublée. Et pourtant, personne n’en parle.

Car toute mesure prise pour changer ou améliorer les choses, est et restera, comme d’habitude, de pauvres petits pansements appliqués sur des plaies béantes d’où s’échappent des flots de sang.

Vous me trouvez dure ?

La solution est pourtant évidente.

Certains humains y ont déjà pensé, l’ont déjà pratiqué. Leurs modes de vie et leurs cultures ont même été quasi anéantis au nom du soi-disant progrès que devait apporter le modernisme, la révolution industrielle, le capitalisme libéral.

Que de belles promesses avons-nous eu au nom du progrès !

Et pourtant ?

Je ne vois pas l’égalité sociale arriver, mais la misère continuer et s’accentuer, et des patrons et autres nantis engranger des sommes colossales sur le dos des masses salariales.

Je ne vois pas la liberté de penser par soi-même, mais un abrutissement général, imposé par un matraquage médiatique, influant les us et coutumes de tous, au niveau mondial.

Je ne vois pas de récupération du temps pour soi face au temps de travail, mais nos vies toujours définies, dès notre enfance, à un travail perpétuel.

Je ne vois pas l’esclavage disparaître, mais prendre des formes déguisées.

Est-ce si évident que personne ne le voit ? Ou n’ose l’exprimer ?

Pourtant, que dire de ces quelques phrases entendues durant cette crise ?

Pourquoi ne pas avoir refait un stock de masque en réserve, au cas où ?

Parce que cela coûte.

Pourquoi ne pas lancer toutes les pistes de recherche possible pour lutter contre ?

Parce que cela coûte.

Pourquoi faut-il faire redémarrer les commerces, les industries ?

Parce que cela coûte. Et cela coûtera, pour ceux qui vont couler.

Pourquoi n’a-t-on plus d’industrie textile, pharmaceutique, ou de production de matériel médical ?

Parce que cela coûte moins cher de les faire à des milliers de kilomètres.

Trouvez-vous normal que l’argent soit placé comme valeur plus importante que des vies humaines ?

Et même au quotidien.

Je ferais bien du sport, du yoga, du piano, de la guitare, de la natation, je prendrais bien des cours de cuisine, de sculpture, d’équitation, de tennis… mais ça coûte.

Je changerais bien de métier, mais se former, ça coûte.

Je voudrais que mes enfants voient la mer, la montagne, la campagne, le monde, mais ça coûte.

Je voudrais des livres, regarder des films, des séries, écouter de la musique, encore et encore, tous les albums de mes artistes préférés, je jouerais bien à ces jeux de société, ces jeux vidéos, mais ça coûte.

Je me ferais bien remplacer cette dent, changer mes vieilles lunettes, mais ça coûte.

(N'hésitez pas dans les commentaires, je suis sûre que cette liste va s'allonger)

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