Chapitre 19

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PDV Tobby Ryan

Je discutais avec l'un de mes collègues lorsque je vis des infirmières entrer en courant dans l'une des chambres. En jetant un coup d'œil au numéro de chambre, je me rendis compte qu'il s'agissait de celui de Wyatt. Je laissais mon collègue en plan et accourus pour voir ce qu'il se passait. Avec mon boulot, j'étais habitué à la vue du sang, aux accidents stupides, aux agressions, et à bien d'autres choses. En revanche, une tentative de meurtre dans l'enceinte de l'hôpital, je n'avais encore jamais eu ça. Depuis l'encadrement de la porte, j'assistai à une scène des plus sanglantes. Wyatt gisait, livide et inconscient, dans son propre sang. Les draps teintés de rouge, l'hémoglobine s'écoulait de part et d'autre du lit, goutte après goutte, pour rejoindre les deux petites flaques de sang qui s'étaient formées sur le sol en-dessous du lit. Je n'étais plus de garde mais je ne pouvais pas le laisser dans cet état sans rien faire. Je franchis les quelques mètres pour venir en aide aux personnels déjà présents. On essaya de contenir l'hémorragie puis on l'emmena d'urgence au bloc.


PDV Steve McGarrett

Je n'arrivais pas à croire que cette enflure venait de faire le grand saut. Il avait choisi la facilité pour échapper aux conséquences de ses actes. Je me penchais au-dessus du bord mais je ne voyais que des points agglutinaient les uns contre les autres. Je jurais quand, tout à coup, la porte du toit s'ouvrit dans un grand fracas nous faisant sursauter. Jonah venait de faire une entrée assourdissante. Essoufflé et rouge écarlate, il essayait de reprendre son souffle tant bien que mal.


« Steve ! finit-il par réussir à dire entre deux bruyantes respirations. Il y a eu un problème ! commença-t-il, la mine grave.

— On est au courant ! Il vient de sauter juste devant nos yeux ! le coupa Lou, affecté par le déroulement de cette poursuite.

— De quoi ? ne comprenant absolument pas ce qu'il disait. C'est pas... non... Ça ne concerne pas Ezra ! Enfin, pas tout à fait !

— Qu'est-ce qu'il se passe ? C'est Rébecca ? m'inquiétais-je.

— Je t'arrête tout de suite, elle va bien ! Ce n'est pas elle dont je voulais te parler !

— Qui alors ? le questionna Danny, à cran. Crache le morceau c'est intenable !

— C'est Wyatt ! finit-il par lâcher. Votre ami Tobby l'emmène au bloc en ce moment même !

— Qu'est-ce qui s'est passé ? demandais-je, alarmé.

— En s'échappant de sa chambre, Ezra a tué l'infirmier et l'officier de police qui était posté devant sa porte ! Ensuite, il est allé rendre visite à son frère et l'a poignardé à plusieurs reprises ! Ce petit fumier tentait probablement de rejoindre la chambre de Rébecca lorsque Lou et Junior l'ont reconnu ! »


J'étais partagé entre deux émotions. Le soulagement parce qu'il n'était rien arrivé à Rébecca et l'inquiétude parce que Wyatt risquait de ne pas échapper à la mort cette fois-ci. Il avait beau être un malfrat, il comptait énormément aux yeux de Rébecca. Et surtout, je n'oublierais jamais que, sans lui, nous serions en train de la pleurer. On lui devait beaucoup.


De nouveau dans l'attente interminable, nous patientâmes dans une salle en effervescence. Apparemment, il y avait eu un accident entre deux autobus. Des brancards affluaient en nombre conséquent. De mon côté, j'avais ordonné à tout le groupe de rentrer chez eux pour se reposer. En dépit de ma proposition, Matt et Danny restèrent à mes côtés pour me tenir compagnie. Dans un premier temps, on discuta pendant une bonne demi-heure, puis, les sujets de discussion étant tous épuisé, le silence finit par s'installer entre nous. Malgré l'anti-douleur que Tobby m'avait prescrite pour ma main, la douleur était toujours aussi vive. Alors que les deux tourtereaux s'étaient endormis depuis dix minutes, moi je ne tenais plus en place. L'attente commençait à me rendre dingue, en plus je n'étais pas la personne la plus patiente. Je parcourais la salle d'attente de long en large. Après plus d'une heure à se faire un sang d'encre, Tobby vint enfin à notre rencontre. Son regard vide d'expression n'annonçait rien de bon. Je réveillais doucement le jeune couple pour qu'il puisse nous donner des nouvelles.


« J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle ! nous annonça-t-il. La bonne est que j'ai réussi à arrêter les multiples hémorragies !

— Et la mauvaise nouvelle ? demandais-je, ne sachant pas si je souhaitais vraiment connaître la réponse.

— Comme vous le savez Wyatt a reçu plusieurs coups au niveau du thorax ! nous mima-t-il, en montrant la zone sur lui-même. Et plusieurs coups ont touché ses deux poumons ! Pour le moment, il est sous assistance respiratoire mais il va avoir besoin d'une greffe ! »


Au même moment, un autre médecin, que nous n'avions encore jamais vu, vint nous rejoindre.


« Excusez-moi de vous interrompre ! Vous êtes les policiers qui nous ont amené Mr De Martino ? nous demanda-t-il.

— Oui ! lui confirmais-je.

— J'ai le regret de vous annoncer qu'il est en état de mort cérébrale ! »


Après cette annonce funeste, je vis soudainement comme une lueur d'espoir passer dans les yeux gris fatigués de Tobby. Il se tourna vers son confrère, le prit à part et nous retrouva quelques minutes après cette entrevue. Je lui demandais des explications, qu'il me fournit aussitôt. Il avait demandé à son confrère de procéder à des tests de compatibilité sanguine entre Ezra et Wyatt. De cette façon, si cela se révélait concluant, Wyatt pourrait avoir la possibilité de recevoir les poumons de son demi-frère. J'étais partagé, si ça pouvait sauver Wyatt ça serait vraiment formidable. Mais il s'agissait quand même d'Ezra, le personnage qui avait fait le plus de mal autour de lui. Je remerciais mon ami et je les avertis que je me rendais auprès de Rébecca. Le reste de la nuit risquait d'être encore plus longue alors je souhaitais la passer auprès de l'être que je chérissais le plus ici. En ouvrant la porte, j'eus un pincement au cœur en la voyant allongée sur ce lit, me rappelant qu'elle se trouvait dans le coma. Je m'approchais d'elle et, les larmes déferlant sur mes joues, je caressais tendrement son visage. À cet instant, nous incarnions deux extrêmes, elle, la paix, et moi, le chaos. Elle me manquait horriblement. Je ne souhaitais qu'une seule chose, qu'elle se réveille et me sourit. Je voulais sentir à nouveau ses lèvres chaudes et sucrées contre les miennes. Je ne la connaissais pas depuis longtemps mais j'étais tombé sous son charme. Il y avait également une chose que je voulais voir sur son visage. Un sourire. Un sourire sincère prouvant qu'elle était à nouveau en paix et heureuse. Je grimpais délicatement sur le lit et m'allongeais à ses côtés, continuant à pleurer pendant un long moment avant d'être emporté par Morphée.


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Je me trouvais assis sur l'un des fauteuils de mon jardin. Il faisait jour, le soleil était à son apogée et un léger vent effleurait mon visage. Une bière apparut dans mon champ de vision, suivie d'une sublime et magnifique femme qui vint s'asseoir sur mes genoux et m'embrasser.


« J'adore toujours autant cette vue ! me dit-elle émerveillée, admirant le mouvement des vagues sur la plage en contrebas.

— Moi aussi ! lui répondis-je, la contemplant à son insu, n'ayant d'yeux que pour elle.

— Ah ben les jeunes mariés, vous étiez cachés ici ! »


Je n'eus même pas besoin de me retourner pour reconnaître la voix de mon meilleur ami. Aujourd'hui était un jour spécial, notre jour à Rébecca et moi. Le jour où elle devenait ma femme. Au même instant, une petite tête blonde nous rejoignit et vint se blottir dans nos bras. Notre fils était notre petite fierté.


« Allez ! Viens ici, petite crapule ! rigola Danny en attrapant le petit et s'en allant retrouver le reste de la Ohana. »


Une fois seuls, j'entourais mes bras autour du ventre rebondi de Rébecca et posais mes mains dessus, sentant par moments des coups. Notre petite famille n'allait pas tarder à s'agrandir à nouveau et cet enfant sera notre seconde fierté.


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Une légère pression sur mon bras me tira de mes songes. En ouvrant les yeux, les rayons du soleil qui avait réussi à s'infiltrer par les côtés du rideau de la chambre m'aveuglèrent. Ce rêve m'avait semblé tellement réel. Je mis quelques instants pour reprendre mes esprits et remarquais la présence de Tobby. Ces traits étaient un peu moins tirés par la fatigue que la veille mais je sentis immédiatement que quelque chose n'allait pas. Il n'osait pas me regarder en face, se triturait les doigts et semblait chercher les mots adéquats.


PDV omniscient

Bloc opératoire du Queen’s Medical Center

Plus tôt dans la nuit, aux environs de 5h30


Les résultats du test de compatibilité sanguine avaient révélé qu'Ezra et Wyatt possédaient bien le même groupe sanguin. De plus, par miracle, Ezra était donneur d'organes. Tobby avait pensé prévenir son ami mais en le découvrant endormi au côté de sa bien-aimée, les yeux rougis à force d'avoir trop pleuré, il décida de ne pas lui faire de faux espoirs et de le laisser se reposer. Il alla lui-même se reposer chez lui, non loin de l'hôpital, en demandant à être prévenu de l'avancée de l'état du patient. Une fois dans son grand appartement, il passa d'abord par la douche afin d'enlever l'odeur de l'hôpital et du sang puis il alla directement se coucher. La fatigue s'était tellement emparée de lui que lorsque sa tête toucha l'oreiller, il ne tarda pas à sombrer dans un sommeil profond. À l'hôpital, la suite des événements s'était déroulée assez rapidement. Ezra et Wyatt avaient tout deux été préparés pour l'opération. Chaque instrumentiste avait préparé leur bloc et avait aidé leurs collaborateurs à s'habiller. Chaque anesthésiste avait installé des électrodes, un brassard à tension, et un appareil au bout du doigt afin de surveiller le taux d'oxygène dans le sang. Puis l'anesthésiste de Wyatt passa à l'étape de l'endormissement de son patient. Et ce ne fut qu'à partir de cet instant que les chirurgiens purent commencer leur travail. Du côté d'Ezra, ils procédèrent aux prélèvements de tous les organes sains. Les poumons furent examinés minutieusement pour vérifier l'absence de lésions avant d'être emmené au second bloc avec le Docteur Roberts. Ezra pouvait désormais être déclaré mort. Cet homme n'aura jamais rien fait de bon de son vivant. Il avait fallu qu'il se jette d'un toit pour pouvoir faire, malgré lui, un acte de bienveillance. Désormais, il avait la possibilité de sauver son demi-frère, qu'il haïssait tant. Dans l'autre bloc, ils effectuèrent l'ablation des deux poumons sous circulation extracorporelle. Le sang était dérivé vers une machine, arrêtant le fonctionnement des organes et vidant le sang du cœur. Le Docteur Roberts réalisa la greffe du poumon droit puis celle du poumon gauche. Après vérification, le sang fut redirigé vers le patient. Le cœur repartit et les poumons se gonflèrent à nouveau. L'ensemble du personnel présent dans la salle soufflèrent de soulagement durant un petit instant avant de refermer le corps. Tout le monde était satisfait de son travail. Subitement, l'électrocardioscope s'affola. Ou plutôt, la ligne représentant l'activité cardiaque du patient s'aplatit, ne montrant plus aucun signe de vie. Le chirurgien tenta pendant plusieurs minutes de le réanimer mais en vint. C'était fini, il ne pouvait plus rien faire. À contrecœur, le Docteur Roberts dut faire l'annonce fatidique que tout médecin redouté de prononcer.


« Heure de décès : 5h46 ! »


Irving Roberts sortit de son bloc en silence. Aucun médecin ne souhaitait perdre un patient, malheureusement personne n'était à l'abri. En 25 ans de métier, il n'avait perdu que très peu de patients. En général, après un événement de ce genre, il se rendait dans son bar préféré, le Smith's Union Bar, s'asseyait à une table et commandait un Whisky qu'il ne buvait jamais parce qu'il était sobre depuis plus de 20 ans. Le chirurgien enleva toute la panoplie de la tenue réglementaire du médecin. Après quelques instants à remettre ses idées en place, il prit son téléphone, chercha le numéro dans ses contacts et réveilla son confrère pour lui annoncer la triste nouvelle.

Tobby Ryan n'avait dormi que trois heures à tout cassé lorsqu'il fut réveillé par la sonnerie de son téléphone portable. Il s'assit sur le bord de son lit, frotta ses yeux à moitié endormi et regarda l'écran de son téléphone. Lorsqu'il lut le nom du Docteur Roberts, il décrocha sans attendre. La conversation fut très courte et la réponse reçue n'était pas celle à laquelle il s'attendait. Maintenant c'était au jeune médecin de l'annoncer à Steve. Il passa une main dans sa nuque puis se rhabilla rapidement avant de retourner à l'hôpital.


PDV Steve McGarrett

The Queen's Medical Center - Morgue

7h17


La nouvelle m'avait dévasté mais j'avais tellement pleuré cette nuit que plus rien n'arrivait à sortir. Je voyais que mon ami était autant attristé que je l'étais. Il m'accompagna à la morgue afin que je puisse voir le corps. Je l'en remerciais silencieusement, je ne pensais pas être capable de le faire seul. Wyatt était allongé sur une table en acier inoxydable. Sa peau était livide. Je m'approchais lentement de cet homme qui avait risqué sa vie pour sauver Rébecca et je me mis à lui parler à voix basse.


« Salut Wyatt ! Je n'ai pas eu le temps de te le dire mais je ne te remercierais jamais pour ce que tu as fait pour Rébecca ! Je ne te parle pas seulement des derniers jours mais également ces dernières années ! Sans toi, je ne l'aurais jamais rencontré ! C'est une force de la nature ! Lorsqu'elle se réveillera, parce que je suis sûre qu'elle le fera, elle sera tellement triste de ne plus t'avoir à ses côtés ! Tu comptais énormément à ses yeux ! Et pour ma part j'ai vraiment été heureux de faire ta connaissance ! Tu étais un type bien ! Tu vas beaucoup nous manquer ! On ne t'oubliera pas ! »


Je déposais un baiser sur son front.


« Adieu Wyatt ! »

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