Chapitre 4

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La nuit commençait à peine à tomber lorsque nous aperçûmes la petite cabane qu’était la maison de Cléa. Celle-ci se mit à courir, et je dus la suivre en soupirant. Cléa toqua à la porte et demanda :

  • Papi ? Mamie ?

Je n’entendis aucune réponse. Pour la rassurer, je suggérai :

  • Ils doivent peut-être dormir.

Cléa entra dans la maison, plongée dans le noir. Elle cria :

  • Papi ? Mamie ?

Une forte lumière vint soudain du centre de la pièce. Dans trois fauteuils, en face de nous, se tenaient Tilaal, Naounel et Imptat. Je remarquai encore une fois leur étrange ressemblance, qui faisait penser à du clonage.

  • Qu’est-ce que vous faites là ? demanda Cléa.
  • Nous vous attendions, bien entendu, dit Tilaal en souriant de ses dents blanches. Et on peut dire que vous avez mis du temps. Avez-vous croisé nos collègues Mesint et Ofrel ?
  • Ils sont morts, lâchai-je. Nous les avons tué tous les deux.

Tilaal fit une grimace, puis dit, d’un ton qui se voulait bienveillant et chaleureux :

  • Asseyez-vous, je vous en prie.
  • C’est gentil à vous, mais nous avons de la route à faire, dis-je poliment en reculant vers la porte.
  • Asseyez-vous ! dirent les trois Autres en même temps en sortant des armes.
  • Vous allez nous tuer de toute façon, non ? ironisai-je. Donc là menace de vos armes ne change strictement rien.
  • Rien de nous empêche de discuter un peu ensemble ? demanda Naounel.
  • Vos armes, répliquai-je.
  • Vous en avez aussi, dit Tilaal. Asseyez-vous, ou notre patience arrivera à sa fin et vous ne saurez pas ce que j’ai fait des grands-parents de votre amie.

A ces mots, Cléa laissa échapper un cri étouffé et alla directement s’asseoir en face des Autres. Je levai les yeux au ciel, mais vaincu, j’allai m’asseoir à côté d’elle.

  • Où sont mes grands-parents ? demanda Cléa d’une voix tremblante. Vous ne les avez pas tué ?
  • Lorsque nous sommes arrivés dans cette maison il y a quatre jours, ils étaient déjà morts de faim, dit Tilaal. Oui, je suis désolé pour toi, continua-t-il avec un air de fausse compassion. Nous avons fait disparaître les corps pour empêcher la puanteur des corps en décomposition de se propager dans toute la maison.
  • Vous êtes ignobles ! cria Cléa.
  • Vous avez autre chose à nous dire ? demandai-je.
  • Je voudrais bien savoir comment vous avez tué Mesint et Ofrel, dit Imptat. Ils ne se font pas avoir aussi facilement.
  • J’en ai tué un avec un fusil à pompe, dis-je. Comme Iniall. Mesint, c’est une longue histoire, mais…
  • Nous avons tout le temps qu’il nous faut, dit Naounel.

Je lui racontai donc mon action avec la soucoupe de Mesint, en remplaçant l’as de Carreau par une lampe. Lorsque j’eus fini, Tilaal dit :

  • Vous êtes vraiment très ingénieux…
  • Et vous, comment êtes-vous arrivés ici ?
  • Vous nous aviez dit que vous deviez aller ici, dit Tilaal. Vous n’avez malheureusement pas donné le nom précis, cependant vous nous avez dit le nom d’une ville, où toi Matt, tu dois aller…
  • Ça ne répond pas à ma question.
  • Nous avons eu un peu plus d’une semaine pour fouiller tous les environs, dit Naounel. Ça nous a pris du temps, mais nous y sommes arrivés finalement. Nous avons trouvé dans cette maison une photo de toi, Cléa, ce qui nous a permis de confirmer ta venue ici.
  • Bien, nous pouvons à présent vous tuer, dit Tilaal en se levant, Naounel et Imptat faisant de même.
  • Une seconde, intervint Imptat. Vous étiez trois. Où est le dernier ?
  • Ah ! Vous semblez enfin vous en rendre compte, dis-je, une idée folle dans la tête. Je suppose qu’il doit être derrière vous en train de vous menacer !

Pris de panique et sans réfléchir, les trois Autres se retournèrent. Évidemment, il n’y avait personne, mais cela me donnait le temps d’agir. Je sortis le neuf de Trèfle, et fis trois gestes dans les airs.

Les trois Autres s’effondrèrent, pris de violentes nausées. Je sortis une arme et leur tirai dessus, provoquant des décharges électriques dans tout leur corps. Une fois les secousses terminées, je m’approchai de Tilaal, le seul encore éveillé :

  • Alors ? C’est qui le plus fort ?
  • Tu es un démon, grimaça Tilaal. Tu utilises une magie qui nous est inconnue.
  • Et ça te rend jaloux, pas vrai ? fis-je en éclatant de rire. Vous qui contrôlez presque tout l’univers, vous ne supportez pas que quelqu’un puisse avoir une arme plus puissante ?
  • Qu’est-ce que tu vas faire de nous ?
  • Vous tuer, bien sûr, dis-je. Sinon, vous allez nous traquer jusqu’à ce que nous mourrions de vieillesse.
  • Nous communiquons par télépathie… commença Tilaal.
  • C’est totalement faux, dis-je.
  • Quoi ? Corentin avait raison ? s’écria Cléa.
  • Et oui, dis-je. Vous vous inventez des pouvoirs, alors que vous n’en avez aucun. Cessez de nous mentir.

Je pris une lance que j’utilisais comme bâton de marche, m’approchai de Imptat, et déclarai :

  • Pour l’humanité !

Et je plongeais l’arme dans son corps. Puis je m’approchai de Naounel, et criai :

  • Pour tous nos frères morts !

Je le tuai, et m’approchai enfin de Tilaal, qui murmura :

  • Non, ne fais pas ça…
  • Pour des milliards de vies gâchées ! dis-je en enfonçant l’arme dans le cœur de Tilaal.

Celui-ci eut un dernier soubresaut, puis rendit l’âme. La lance, enfoncée trop profondément, se brisa entre mes mains. Je me tournai vers Cléa, qui fixait la scène, en larmes. Nous nous regardâmes, puis Cléa eut un pâle sourire :

  • Tu aurais pu m’en laisser un…
  • Désolé, fis-je, étonné devant cette blague.

Elle s’affala sur le canapé, et dit :

  • J’en ai marre. Je veux dormir.

J’acquiesçai d’un signe de tête, avant de traîner les trois corps morts dehors. Je pris toutes les armes, que je mis dans mon sac, avant d’aller m’asseoir dans un fauteuil et de m’endormir.

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