Le touriste est l'autre, 2015

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Le touriste, c'est ce gâcheur de paysage qui vient avec son jean, ses lunettes de soleil et sa chemise dépenser son argent dans un pays étranger. Il vient polluer les autres cultures en jurant avec le paysage. Il est incapable de vivre là sans ses guides touristiques. Il soutient une activité qui dénature l'endroit, détruit les cultures, et l'assimile progressivement à l'Occident.
Mais qui nous en fait la description ? Celui qui l'a remarqué en voyage...durant son voyage... Celui-là a tout fait pour n'en être pas un lui-même. Pas de casquette, de bermuda etc., je me costume en habitant local. Mais qui est-il pour se prétendre de là, lui qui vient en avion, repart en avion, en ayant seulement eu le temps de consommer de ce pays (<< J'ai fait le Maroc/le Vietnam/l'Argentine etc., dit-il comme en cochant sur une liste. >>) ? N'est-il pas, somme toute, encore plus ridicule dans ce déguisement qui souvent ne lui sied guère ?
Le touriste est pris dans ce terrible dilemme : venir dans les lieux proposés par son guide touristique, et ainsi assumer son statut de touriste, ou trouver des lieux moins connus, mais s'y rendre visible et peut-être peu légitime parmi ces habitants du pays. Être touriste parmi les touristes, ou touriste parmi les locaux. Finalement, le touriste est contraint de reconnaître son identité et sa raison de se trouver sur cet ailleurs : profiter de quelques semaines de vacances pour découvrir une autre culture, d'autres paysages. Il n'est pas venu pour être l'un de ceux qu'il quittera à l'issue d'un bref séjour.
Le touriste est dans un constant refus de lui-même ; d'abord de l'autre, de celui qu'il nomme touriste, puis de lui-même, quand il se découvre tel également.
Que faire alors ? Chercher une nouvelle légitimité au voyage.
Au voyage... Justement, quel beau mot, à opposer à séjour, par exemple ! Pour se revendiquer voyageur, on pourrait refuser l'avion qui téléporte en un autre lieu, comme si ceux qui séparent son pays du lieu du voyage n'existaient pas, et préférer des moyens de locomotion terrestres, qui ont le mérite de traverser au moins ces autres terres, quoique vite, et qui rendent le trajet plus long, plus << réel >>.
Ensuite, le voyageur doit avoir une véritable motivation. << Partir en vacances à l'étranger, pour y profiter d'un paysage exotique >>, ce n'est pas suffisant. Il faut trouver autre chose. Il faut donner un sens à la découverte d'une autre culture, et accepter d'être qualifié d'étranger tout en refusant de se montrer consommateur d'exotisme. Par exemple, en ne décidant pas vraiment à l'avance du séjour, des lieux précis etc., pour voir sur place, découvrir soi-même ou se faire découvrir par eux.

C'est un peu confus, mais ce dont je rêve est une sorte de reconnaissance officielle du statut de voyageur, qui le considèrerait, non pas comme visitant, mais se déplaçant... Je suis désolé, je ne peux pas être plus clair, je ne sais pas comment le formuler...

http://digression.forum-actif.net/t1091-le-touriste-est-l-autre

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