4 heures pour construire un univers

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Le réveil sonne, sonne, sonne…ma mère me réveille

- « Debout, tu vas être en retard !»

J’écarquille les yeux doucement et je prends le temps de sortir du « coaltar »

En face du miroir de la salle de bain, je suis toujours le même, je n’ai pas changé, mes boutons d’acné n’ont pas disparu durant la nuit. Je me dégage les cheveux et j’ai beau faire ils sont toujours en bataille.

Je suis loin d’être un adonis et je respecte cela, en même temps, c’est vrai, je n’ai pas le choix !

Petit, ni gros, ni maigre seulement mou. Un peu débraillé mais pas trop car aujourd’hui c’est un grand jour, celui du Bac de philo… La philo je ne l’ai pas révisée mais je dis l’avoir fait, c’est un mensonge de finesse permettant d’assurer la tranquillité familiale. J’en fait un point d’honneur même si je sais pertinemment que mes chers parents doutent de mes capacités de réussite à cet examen. Eux aussi ils font semblant !

Toutefois l’encouragement de ma mère à mon départ, c’est-à-dire après le petit déjeuner et par conséquent de mon réveil définitif, me hante encore….

- « Et nous te faisons totalement confiance ! »

Pourquoi d’abord «  totalement » ? mon cerveau d’ado interprète aussitôt «  on s’en balance pas mal ! » C’est le monde à l’envers, c’est moi le « menfoutiste » de la famille, faudrait pas inverser les rôles ! Et d’abord le mot « total », ça fait peur, ça sonne comme une finitude ! Enfin je pars, besace qui me sert de cartable à l’épaule, mon Rubik’ Cube à la main et tel un condamné je m’approche de la salle d’examen.

Oh deux sujets totalement surprenants ! : « S’imaginer un monde où tout est en noir où vous êtes seul à tout inventer » et l’autre sujet c’est la même chose mais en blanc. Dilemme vite résolu car noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir mais l’autre en blanc …?

Bon je me dis « Tophe » (de mon vrai prénom Christophe) tu es dans la « mouise » mais en même temps « be cool » tu n’auras pas à t accrocher à un Socrate, à un Platon, à un Marc Aurèle et j’en oublie d’autres ; donc pas de citations présupposée de philosophes, ça tombe bien…ce n’est pas mon fort.

Je regarde Prim de loin (Primrose) qui derrière ses hublots, oui ses grosses lunettes lui mangent la figure ! Elle réfléchit sérieusement, tentant de trouver l’inspiration en levant la tête au plafond. Tiens, tiens le plafond est blanc aussi…et soudain elle se penche sur sa feuille pour écrire. Je fais pareil, le plafond…, mais rien, le vide, le trou noir et puis très philosophiquement je me dis :

« En fait, c’est un peu moi le vide donc je dois bien arriver à en sortir quelque chose ! »

Et cette fois c’est un Tophe confiant qui s’élance stylo à la main et lunettes réajustées pour marquer le top départ de la conquête du sujet.

Sur un brouillon je note :

« seul dans un blanc absolu construisant ou détruisant un monde qui n’existe pas »

c’est bien un sujet pour ado ça sauf que si on ne peut se raccrocher à rien, c’est « flippant »

A ce moment-là, je pèse toute l’importance d’avoir le gîte et le couvert mais bien vite, je note sur le brouillon :

« liberté totale »

Là je me trouve en face de mes contradictions d’ado, je bloque et je déferle aussitôt sur mon brouillon les phrases suivantes :

« Je suis seul, dans un néant blanc infini»

« Je n’ai donc pas de conscience de ce qui fût »,

« Je ne suis peut-être pas physiquement moi ? »

« Je peux être une substance ou ce que je veux »

« Mais, paradoxe, je pense donc je suis »

Pourquoi pas, citer Descartes, pour le scientifique que je suis je ne pouvais pas l’occulter… j’en tiens un de philosophe après tout ! puis :

« Je suis un monde intérieur »,

« J’ai la grande possibilité de créer ce monde en totale liberté »

« Je suis donc le cerveau et ce que je vais créer ce sont plein de neurones destinés à créer mon monde intérieur »

 « Le truc c’est qu’en fait le monde extérieur nous est accessible que si on a créé un monde intérieur ! »

Grâce à ma méthodologie, là, inscrite sur le brouillon, je déduis la solution qui s’impose désormais et j’écris :

« Nous sommes en train de jouer une partie de Dames avec l’univers où tout n’est ni totalement blanc ni totalement noir, il est de la couleur qu’on décide de faire gagner.

Mon mental aujourd’hui est celui de quelqu’un qui se construit, d’un adolescent de 16 ans !

En me contraignant à faire l’analyse de ce sujet philosophique, je pressens qu’il faut beaucoup de parties pour arriver à gagner et pour gagner j’entrevois maintenant ce qui est nécessaire de développer pour ce faire.

Ma réflexion est la suivante : pour écrire la page de sa vie il faut se projeter ! Sans filet, tout seul, comme un grand, courageusement même…que veut on faire de sa vie ? !

Imaginons, s’il vous plait, un monde vierge où tout est à créer : les rêveurs d’autrefois et d’aujourd’hui, n’ont-ils pas continué la partie, en se relevant sans cesse par l’apprentissage, la curiosité, la connaissance, par l’endurance bien souvent.

L’encre posé sur la page blanche est celle de notre persévérance à nous projeter à partir de rien, d’un signal faible même.

Le hasard ? certainement pas !

Mon cerveau c’est mon Moi, mon univers, et les connections neuronales proviennent de ce que je décide d’étendre en moi pour le concevoir, c’est mon œuvre, je planifie l’architecture de l’univers que je veux me créer.

La confusion dans mon esprit d’ado s’est dissipée, je sais où je vais, je sais ce que je veux créer, je ne suis plus seul dans l’obscurité, une force de volonté m’anime.

J’aime les sciences, ainsi je vais développer mes connections scientifiques par l’apprentissage. Je vais aussi créer plein d’autres connections me permettant de faire de cette planète un monde haut en couleur.

Maintenant imaginez, s’il vous plait, que mon cerveau c’est mon Moi et le vide autour de celui-ci se remplit désormais de neurones, d’intelligence pure. Imaginez, s’il vous plait, le dessin suivant : un rond et autour de ce rond le néant infini qui se remplit tout doucement… Imaginez aussi tout ce que cette planète interne apportera de sens à l’univers qui l’entoure (donc deux ronds qui s’étendent à l’infini….) »

Je terminais mon devoir ainsi, c’était court de prime abord et pour en sujet qui en dit long.

Bientôt, je retournerai chez moi en possession des clefs de la réussite.

Ma mère me demandera comment s’est passé le Bac de philo et je m’entends déjà lui répondre :

« Il s’est totalement bien passé ! »

Car aujourd’hui ou demain, peu importe le résultat scolaire, je n’ai plus peur du « total », je vais remplir la feuille blanche de ma vie.

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En réponse au défi

Le monde blanc t'attend

Lancé par Arkfood

Description :
Et si l’univers entier n’était qu’un vide blanc ?
Rien n’existe, sauf toi… et une voix qui te dit :
"Le monde est vierge. Il attend ton histoire. Tu es l’origine. Que vas-tu écrire ?"

Ta mission :
Imagine ce que tu ferais si tu étais la première conscience de l’univers.
Invente un monde, une histoire, une émotion, un chaos… tout part de toi.

Contraintes :

Commence ton histoire comme tu veux

Tous les genres sont acceptés : science-fiction, poétique, absurde, philosophique, etc.


Date limite : 04 mai 2025

Récompense :

Les trois textes les plus originaux recevront une critique détaillée, personnalisée et bienveillante.

Et surtout… la fierté d’avoir créé un univers à partir du néant.

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4 heures pour construire un universChapitre2 messages | 2 semaines

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