26.Article et chaleureuse esquisse

9 minutes de lecture

Alec

Appartement de la mère de Joyce, Oklahoma

26 Mars 2011

Au départ assez mal à l'aise de se sentir épiée, elle se laissa très vite absorber par la teneur de son activité, lisant, surlignant, recherchant de nouveau, retranscrivant.

J'observai chacun de ses gestes, chacune de ses expressions, allant de la lèvre pincée au sourcil froncé, jusqu'au léger sourire de victoire. Silencieusement, je me munis d'un crayon et commençai à dessiner, revenant constamment à son visage. Elle avait les traits fins, et je la trouvais terriblement belle. J'aurais été surpris qu'elle n'eut pas davantage d'admirateurs si je ne connaissais pas l'importante place que prenait l'équipe de basket et celle de cheerleaders au bahut. Rien ne comptait plus pour l'extrême majorité de suceurs que d'avoir bonne réputation auprès de leur modèle. Les exceptions persistaient, mais ne se mélangeaient pas. Et la jalousie de certaines filles à l'égard de la plus douce, assise devant moi, crevait les yeux.

— Fini, sourit la version vivante du croquis que je venais de parachever. Qu-qu'est-ce que tu dessines ?

Je fermai mon propre carnet personnel et secouai la tête sous son air de plus en plus curieux.

— J'ai envie de v-voir ! s'exclama-t-elle en tendant la main.

Sous mon manque de coopération, elle se leva pour essayer de me subtiliser mon bien. Aussi ennuyé qu'amusé par son acharnement, je me reculai contre mon siège afin de placer mon carnet dans mon dos, hors de portée. Elle attrapa mon poignée pendant l'opération, et mon geste lui faisant perdre l'équilibre, elle s'étala littéralement sur moi. Si j'avais moi-même amorcé notre contact précédant, c'était l'instinct de protection que j'avais laissé s'exprimer, basé sur de l'affect. Là... Son petit corps étendu sur le mien, une fois de plus, me plût un peu trop. Loin de tout empathie psychique, c'était mon corps qui réagissait sensiblement à la pression du sien. Cette fille me faisait tellement envie.

— J'ai, jubila-t-elle avec un grand sourire en ramenant le carnet pour le feuilleter devant mon torse sans se préoccuper de sa position.

Ses lèvres s'entrouvrirent en tombant sur mon croquis d'elle, mais pour ma part, je ne pouvais pas détourner mes yeux de son visage, proche du mien. Bordel. Ma situation était aussi enviable que tortureuse. La nana qui m'attirait de trop, quasiment à califourchon sur moi. J'hésitai à mettre un terme à la situation ou la laisser se prolonger, certain qu'à la longue, elle finirait par me sentir bander.

— Ouahou. T-t'as du talent, Alec ! m’encensa-t-elle.

Ouais, ben bouge de là avant d'en découvrir un autre, belle blonde. J'allai me redresser avant que ses yeux n’entrent en collision avec les miens, me figeant. Ils s'écarquillèrent légèrement tandis que son expression admirative et son sourire s'estompaient lentement. Oh, et puis merde. Glissant une main dans ses cheveux que je ne pouvais plus me retenir de toucher, je laissai tomber mon regard sur la partie basse de son visage de façon suggestive avant de m'approcher de ses lèvres que je mourais d'envie d'effleurer et bien plus. Son souffle s'accéléra avant de se mêler au mien. Putain. Je m'écartai légèrement d'elle, frôlant son nez, priant pour qu'elle soit réceptive alors que ses prunelles rejoignaient de nouveau les miennes. Sans autre sommation, je comblai le centimètre de distance qui séparaient nos bouches et elle déverrouilla ses lèvres en réponse.

On pouvait dire ce qu'on voulait des baisers, ces échanges de salives qui se ressemblaient tous, tout juste bons comme préliminaires avant de se lancer en tandem dans une partie de jambes en l'air effrénée. Quand l'objet de notre désir contenu croisait le chemin d'un cœur aussi inaccessible et abîmé que le sien, le ressenti et les sensations frôlaient l'explosion. Un absolu rare et sans comparaison. Je fermai les yeux et m'enivrai de son odeur, de la sensation de ses lèvres pleines, malléables et soyeuses qui dansaient contre les miennes. Mes mains coulissèrent sous ses cuisses pour l'installer plus confortablement sur mon bassin sans relâcher sa bouche. Ce fut elle qui rompit le baiser, le souffle pantelant et les joues écarlates.

— P-p-pourquoi tu m'as embrassé, murmura-t-elle en posant ses petites mains tremblantes contre mon torse.

Je retournai l'une de ses paumes et commençai à tracer, lentement pour qu'elle puisse me suivre, les lettres de ma réponse.

« Pour que tu saches ce que ça fait. »

Elle pencha la tête de côté, ne comprenant pas la justification. Je lui souris en coin avant de recommencer.

« Etre embrassée sincèrement. »

Ses yeux se mirent à scintiller d'une lueur que je ne lui connaissais pas, entre l'émerveillement et le plaisir. Ses pommettes rosirent de nouveau.

« J'ai envie de recommencer. »

Elle mordilla sa lèvre avant de me fixer, sa respiration augmentant sa cadence.

— Je...

« Dis-moi ce que tu veux Carson. »

Elle prit une grande inspiration, puis une autre avant de se racler la gorge tandis qu'elle plissait les yeux, le visage sévère.

— Et Kimberly, t-t'en fais quoi ?

J'arquai un sourcil avant de sourire.

« Jalouse ? »

Je secouai la tête en pouffant.

« Je ne sors pas avec elle ni avec aucune. »

J'arrimai mon regard au sien avec plus de véhémence en traçant les mots suivants.

« Tu me donnes envie de faire une exception. »

Je me penchai pour effleurer sa joue avec douceur avant de rejoindre de nouveau ses prunelles affolées.

« Je peux t'embrasser encore ? »

Joyce raffermit sa main que je ne tenais pas sur mon pectoral gauche, en proie à un dilemme. Je la rassurai du regard, lui montrant que je pouvais me montrer aussi patient qu'elle alors qu'elle cherchait ses mots que lorsque j'écrivais les miens.

— Je ne veux pas a-aller p-p-plus loin que... juste s'embrasser. Et... je ne m-me sens p-p-pas p-p-prête pour q-q-quoi que ce s-soit d-d'autre a-a-alors...

Mon grognement soudain l'interrompit.

« Calme, Carson, tu m'as pris pour un forceur ? »

Je poursuivis mon phrasé dans sa main de façon plus sensuelle, mais non moins claire.

« Un seul mot de toi et on arrête. »

Alors que lentement, elle s'avançait de nouveau, un craquement métallique sec nous fit concurremment baisser les yeux vers la chaise. Avec une moue amusée, j'enserrai ses cuisses que je rehaussai de part et d'autres de mes flancs et me relevai avec ma belle blonde dans les bras. Je me rapprochai de son lit et y appuyai un genou avant de l'y déposer, puis pris place à ses côtés. Passant un bras autour de sa taille, je la ramenai contre moi avec lenteur, savourant les inspirs saccadés que ma proximité suscitait chez elle. Je glissai le bout de mes doigts sur sa hanche, sous son haut.

« Un mot Carson, épelais-je sur sa peau lisse. Un geste me suffit. Ne crains jamais de me repousser. C'est clair ? »

Elle retrouva mon visage avant d'acquiescer avec lenteur. Alors que mes sourcils se froissaient, elle comprit et articula sa réponse dans un chuchotement.

— Très clair.

Le reste de la soirée, je le passais à profiter de sa chaleur, de la passion que je lisais sur ses lèvres et de la douceur de sa peau sous mes doigts de la façon la plus chaste, certes, mais la plus agréable humainement possible.

Joyce

Appartement de la mère de Joyce, Oklahoma

27 Mars 2011

Ce matin-là, je sentis la conscience me récupérer avec la tendresse d'une étreinte. Jusqu'à ce que je comprenne que l'étreinte était plus que réelle. J'ouvris les paupières pour trouver le bras d'Alec enroulé autour de moi et écarquillai les yeux, bien ouverts, pour le coup. Il avait dormi ici ! On s'étaient endormis dans ma chambre, dans mon lit ! Un facteur alarmant me fit faire un bond. Du bruit dans la cuisine, en bas, annonciateur d'une prochaine et probable querelle familiale d'envergure. Je me souvenais sans mal de la scène à laquelle le premier petit-ami de ma sœur avait eu droit, l'an dernier après un découché imprévu et certainement, beaucoup moins pudique et prude que le nôtre.

Je me tournai vers la silhouette d'Alec et me laissai un instant distraire par les traits de son visage empreint de sommeil et complètement détendu. Mais moi aussi. J’avais aussi pour le moins bien dormi. Je rougis en me remémorant la façon dont il m’avait cajolé et embrassé tour-à-tour plus d'une fois jusqu'à en perdre haleine. Tout dans son attitude de la veille inspirait la maîtrise et la virilité qu'il dégageait, mais sa physionomie en revanche, par moment presque tendre, exultait d'une décontraction et d'une attention toute particulière à chaque mouvement, les siens comme les miens. Il semblait avoir été attentif à chacun de mes soupirs qui déclenchait systématiquement un sourire en coin chez lui, avant qu'il ne reparte à l'assaut de mes lèvres qu'il investissait avec un plaisir très évident. Et maintenant...

Il ronflait presque, mais malgré son sommeil aussi lourd que l'Empire Stade Building, il gardait de façon inconsciente un contact permanent avec moi, comme s'il s'inquiétait que je ne me sauve. Je pouffai avant de m'asseoir. Enfin d'essayer. Incapable de me soustraire à son emprise, je relevai une nouvelle fois les yeux vers son beau faciès.

— A-Alec ?

Aucune réaction. Je gonflai mes poumons avant de souffler sur la mèche de cheveux qui tombait sur son front. D'un seul coup, sa poigne se fit plus dur. Il me colla rudement contre son torse et ouvrit un œil. En relevant mon expression perturbée, il me relâcha avant de m'interroger du regard.

— O-on on s'est en-endormis, soufflai-je.

Son mouvement de tête et son regard me fit comprendre qu'il ne voyait pas le problème.

— Ma mère est r-r-rentrée, expliquai-je en me mordant les lèvres.

Il haussa les épaules dans le plus grand des calmes avant de s'asseoir sur mon lit, m'entraînant avec lui avant de frôler ma bouche de la sienne. Mon cœur s'emballa encore plus que de raison alors que ses doigts s'arrimaient à mes hanches. Son souffle se saccada avant qu'un son ne franchissent ses lèvres, à mi-chemin entre le gémissement et le râle, trahissant son plaisir. Son bras s’arrima encore plus fermement autour de ma taille tandis qu'il me ramenait sur lui. J’oubliai tout, à son contact plus tendre que ce à quoi il m’avait habitué.

— A... Alec, haletai-je m'écartant légèrement de son visage, encore vibrante.

— Microbe, c’est l’heure de décoller les mirettes ! Tu as…

Ma porte ouverte à la volée, je me mordis la lèvre avant de me retourner, très lentement, vers ma sœur dont l’expression affichait le choc mêlé d’amusement.

— J’en conclus que le devoir commun s’est bien passé, gloussa-t-elle en dévisageant Alec et s’attardant sur ses paumes accrochées à mes hanches.

Oups.

— Maman vient d’arriver, je gère, mais je ne te promets rien, lâcha-t-elle en refermant la porte. Vous devriez descendre pour le petit-déj.

Re oups. Aucune chance d’y échapper.

— Hors de q-question de p-passer par f-fenêtre, donc ? plaisantai-je à demi en retrouvant les prunelles de mon compagnon de nuit.

Semblablement aussi peu gêné que mon aînée, il m’accorda un sourire en coin avant de ressembler mes cheveux dans mon dos, massant concurremment l’une de mes omoplates.

Après un crochet par la salle de bain, je descendis les marches qui menait au salon, raide et stressée en sentant les pas d’Alec suivre les miens. Mon regard tomba directement dans celui de ma mère, debout à côté du plan de travail de la cuisine ouverte, les bras croisés.

— Alec, tes parents savent où tu te trouves ? Demanda-t-elle sévèrement.

S’arrêtant à mon côté, il acquiesça avant de s’avancer pour lui tendre la main. Elle la fixa un instant avant de retrouver ses yeux, plus avenante.

— Karen Carson, se présenta-t-elle en la serrant sous mon regard ahuri. J’espère que tu as faim.

Motel au centre de Denver, Texas

10 Novembre 2023

Le réveil fut abominable. À peine ma conscience avait-elle accepté de rejoindre le royaume de Morphée que mon portable sonna. Je me redressai pour apercevoir le dos de mon rédac-râleur-en chef, en train d’ajuster ses manches de chemise. Sans attendre le moindre commentaire désobligeant, je me ruai en direction de la salle d’eau, les mâchoires contractées. Allez, du nerf ! Une longue et dernière journée s’annonce, mais si tout se passe bien, je dormirai chez moi ce soir.

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Bonjour tout le monde !!!

Je s'apparru après avoir disparu ^^

Chapitre qui explique le rapprochement -enfin- de Joyce et d'Alec de façon qui je l'espère, ne parait pas précipité.

Le prochain devrait clore leur investigation à Denver, mais le retour risque de ne pas s'effectuer comme prévu... à suivre !

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