28.Soupçon et Discrétion

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Avertissement de chapitre : prémices sexuelles explicites

Joyce

Brenham Ct, Houston, Texas

11 Novembre 2023

Je n’étais même pas encore parvenue à l’étage que mon portable vibra.

Rédac-râleur-en-chef

« Trousse de soin, tiroir du bas. »

J’entrai dans la salle d’eau, singulièrement plus grande que la chambre de mon propre appartement et entrepris d’enlever les éclats de verre encore logés à certains endroits de ma peau à la pince à épiler. Mon reflet me renvoyait un visage pâle maquillé d’une fine coupure au front ainsi qu’une légère écorchure sur le bras et la hanche. Ce n’était pas la fin du monde, vu ce qui aurait pu… STOP ! On se calme ! Avec une grande inspiration, je fis coulisser la baie vitrée de la douche. L’eau chaude raviva faiblement mes plaies, mes pensées étant pratiquement toutes tournées malgré moi vers celui qui m’avait protégé. Alec. Si j’avais était atteinte par quelques bri, qu’en était-il de lui, qui m’avait couvert ? Bien qu’il me haïsse cordialement, il n’a pas hésité une seconde à m’attirer sous lui pour m’offrir le rempart de son propre corps contre le danger.

Et son regard, à l’instant… J’y ai vu danser la haine, mais aussi la peur. Alec Jones avait eu peur. Je ne l’avais jamais vu craindre qui ni quoi que ce fut, mais ce soir, il avait eu peur. Et pas pour lui. C’est en posant ses prunelles sur moi, que l’émotion a fusé, j’en étais convaincue.

Je portai ma main à ma bouche, tandis que mon cerveau se remettait à carburer. Il avait déjà tant perdu à cause d’une arme. Il a eu peur de revoir quelqu’un mourir sous ses yeux. Les miens se voilèrent de larmes. En près de deux ans passé auprès d’Alec Jones, c’était bien la première fois que je voyais la peur se matérialiser dans son regard.


Lycée public de Springer, Oklahoma

Mai 2011

Les derniers examens approchaient à grands pas et j’étais plus stressée qu’à l’accoutumée. J’avais si peu de probabilités de briller, j’espérai déjà décrocher la moyenne. En dehors de ce fait, au lycée, rien ne changeait… enfin presque rien. Davis avait tenté de m’humilier devant des deuxièmes années, mais un coup de poing magistral d’Alec lui avait servi de grand discours et fait déchanté. Ce dernier avait passé une heure dans le bureau du proviseur, et en était ressorti avec le même air arrogant scotché au visage, pour reprendre sa place à côté de moi comme si de rien n’était. Même Kimberly n’osait plus m’adresser la parole, depuis qu’elle avait perçu son bras enroulé autour de mes épaules, à la sortie. Tout le monde savait qu’il était mon petit-copain, mais…

Pour le reste, il n’était pas très démonstratif en public, et même si je lui étais reconnaissante de ne pas m’exposer comme un trophée, je m’en étonnais. Parce qu’une fois en tête-à-tête… Alec ne se gênait pas pour quémander mes lèvres ou accaparer mon attention comme si la Terre était menacée d’une extinction prochaine.


***


Depuis le début de l’après-midi censé être consacré exclusivement aux révisions, dans la chambre d’Alec, je m’étais retrouvée à son bureau, assise sur ses genoux, immanquablement déconcentrée par de fréquents chatouillis contre ma nuque. Ses doigts glissaient fréquemment de mes flancs à mes cuisses pour amplifier le plaisir que me portait sa bouche. Ses gestes me subjuguaient, et je me retins plus d’une fois de me cambrer de plaisir contre lui, le réprimandant du coude. Un nouvel affleurement de son souffle sur mon épaule me distrait. Ma réflexion de la matinée me revint en mémoire et je pinçai mes lèvres entre elles. Peut-être qu’il s’agissait de cela, finalement. La pensée douloureusement plausible restait qu’il eut honte. Il avait honte de se comporter avec moi comme il le faisait au sein de l’établissement. Je l’embarrassais…

Sa bouche se figea contre mon cou, m’octroyant un frémissement. D’une phalange, il ramena mon menton vers son visage pour croiser mes yeux. Plongeant dans les siens rempli d’interrogations, je me décidai à lui demander la raison de sa discrétion.

— E-est-ce que je… je t’emb-b-barrasse ?

L’incompréhension se peignit sur ses traits, suivit d’une circonspection manifeste. Je m’obligeai à préciser ma pensée.

— Tu ne m-m’embrasse jamais au lycée. Est-ce que…est-ce que c’est pa-parce que… je… je te f-fais… honte ? murmurai-je maladroitement en quittant son regard.

Ses sourcils se froncèrent au fil de mon débit de mots qui s’entrechoquaient. J’osai affronter ses prunelles pour les trouver sombres. Ses mâchoires s’étaient crispées. Je l’avais mis en colère ? Parce que j’avais posé la question ? Je haletai et fis de nouveau face au bureau, mais il ne l’entendit pas de cette oreille. Me soulevant avec autant d’aisance que son sac de cours, il me repositionna derechef à califourchon, face à lui. Mes mains trouvèrent instantanément leur place sur son torse, et je perçu un faible frisson s’emparer de ses épaules à mon contact. Avec un inspir sonore, il colla son buste au mien tandis que son visage contournait ma nuque. Le grattement d’un crayon se fit entendre dans mon dos, calqué au rythme de sa respiration lente contre ma clavicule. Je patientai, tout en sentant sa respiration s’alourdir. Le son cessa et il se rehaussa sur sa chaise sans s’éloigner de moi. Son calepin glissa entre nous.

« Dis pas de conneries B.B., t’y es pas du tout. Te toucher m’excite, la vue de ton corps me fait bander. T’embrasser me rend fou. La honte n’a pas sa place quand je pense à toi. »

Mes yeux se relevèrent instinctivement vers les siens à ces premiers mots et mon cœur cognait déjà à m’en faire mal. Le souffle d’Alec se hachait davantage alors qu’il contemplait mes lèvres. Je baissai de nouveau les yeux vers ses lignes griffonnées à la hâte, et le mien se tarit.

« Nos baisers, ce sont les seuls marques d’intimités que tu me permettes de savourer, que tu m’offres de toi. Alors j’ai pas l’intention d’exposer l’unique dose de plaisir que j’éveille en toi devant qui que soi. Ton premier gémissement de désir, égoïstement, je le veux rien qu’à moi. »

Alec… Son regard brûlant de besoin ancré dans le mien, il arrima sa paume à ma nuque et me ramena contre ses lèvres affamées tandis que la seconde rapprocha encore mes hanches de son bassin. Je lui plaisais. Il me voulait. Il… Un typhon de plaisir naquit dans tous mes membres, m’extorquant un gémissement bruyant que j’avais réfréné jusqu’alors. La gêne n’avait, comme il venait si justement de l’écrire, plus sa place dans le leitmotiv des sensations que je ressentais, moi non plus. Son corps réagissait à chaque son que je produisais, et si le moindre doute persistait quant à l’effet que j’avais sur lui, il venait de s’envoler. Luttant contre le bonheur liquide qui coulait dans mes veines, je le repoussai pour me redresser, hors d’haleine, avant de le dévisager, encore sceptique sur un point.

— Alors pourquoi ? Pourquoi t-tu continues de m’app-peler comme ça ?

Son dos se recala contre le dossier de son siège et ses yeux embrumés par le plaisir retrouvèrent les miens, inquisiteurs.

— B.B., soufflai-je. Bigleuse B-Bègue, c’est… C-c’est blessant venant de t-toi, Alec.

Lentement, un sourire rehaussa les commissures de ses lèvres et sur le même rythme, il nia. S’emparant de ma main, il grava dans ma paume les lettres qui emballèrent une fois de plus mon cardio déjà instable.

« Essaye encore, Belle Blonde. »

Alec

Brenham Ct, Houston, Texas

11 Novembre 2023

La voir trembler de cette façon m’étais intolérable, autant que son regard larmoyant, que je n’avais jamais pu supporter. Aussi abjecte que puisse être une femme, ses larmes ne devraient jamais avoir à couler sous l’effet de la peur. Les miens s’en étaient empreint à cause d’elle. Pour elle, menteur. Ce canon, braqué sur nous m’avait foutu des angoisses irrépressibles, fait ressurgir une terreur abominable des abysses qui dormaient au fond de moi. J’aurais cent fois pris une balle pour lui éviter le pire. Cette femme allait devenir une sérieuse faiblesse. Mais pour l’or, j’avais besoin de vérifier qu’elle allait bien. Je devais être sûr qu’elle allait bien. Équipé d’un rechange, je montai les marches jusqu’au premier. À la seconde où je toquai, la porte s’entrouvrit sur elle. Une serviette enroulée autour du corps et une autre maintenant ses cheveux, la seconde chose que j’observai fut ses yeux, rouges. Elle avait pleuré. Par réflexe, ma main se leva en direction de sa joue avant que mon cortex ne me rattrape. Putain je fous quoi ? C’est pas mon problème, merde ! Mes dents se serrèrent douloureusement. Sans un bruit, je lui tendis une partie de mon chargement et lui indiquai la pièce adjacente, avant de m’engouffrer moi-même dans la salle de bain.

J’allumai l’eau et me rendis compte, encore une fois que, privé de sa vue, mes mains se remirent à tressaillir de manière incontrôlable. Elle allait bien. Elle va bien bordel, ressaisis-toi ! Accélérant le rythme de mon hygiène corporelle, je me promis intérieurement de prendre ma revanche sur la dépendance que celle femme exerçait sur moi.


Lycée public de Springer, Oklahoma

12 Novembre 2011

Les permissions de ma belle blonde demeuraient plus restrictives que les miennes, surtout en terme de découché, mais progressivement, la confiance qu’accordait sa mère à moi et aux miens croissait au point d’assouplir le couvre-feu, voire la nuitée. Nos familles commençaient à avoir plus que l’habitude de nous voir fourrées ensemble, que ce fut chez l’un ou chez l’autre. De toute façon, j’arrivais plus à me passer d’elle…

Ce soir, s’adjoignant au fait que mes vieux s’étaient octroyé un weekend, nous serions seuls. Joyce. Depuis la première fois où je l’avais eu dans mes bras, dans ma foutue bagnole, que je l’eus voulu ou non, sa présence éloignait mes songes, son sourire réverbérait la chaleur et la lumière dont mes nuits manquaient.


***


Le mouvement des jambes de ma sublime nana, plus que le générique de fin du film, me sortis de mon état de somnolence. Je grognai avant de me redresser légèrement, en appui sur un coude et effleurai précautionneusement sa cuisse. Je lui avais fait mal ?

— Ça va, m’assura-t-elle à voix basse avec un demi-sourire. Je ne s-suis pas en c-carton.

Haussant un sourcil, j’attrapai mon bloc pour objecter.

« C’est pour la qualité de rembourrage de mon oreiller que je m’inquiète. »

Je tapotai nonchalamment ses genoux alors que son regard retrouvait mon sourire carnassier.

— T’es m-mesquin, bouda-t-elle.

Ma langue claqua contre mon palais d’impatience autant que d’agacement. Quand est-ce qu’elle allait cesser de prendre mes boutades pour argent comptant ? Alors qu’elle allait s’éloigner du canapé et par conséquent de moi, je me levai pour agripper ses hanches et la soulevai pour la caler sur mon épaule. Son halètement de surprise fut immédiatement suivi par des protestations.

— Ah, esp-p-pèce d’’homme des c-cavernes, pose-m-moi tout de suite !

Sans tenir compte de ses vociférations, je regagnai ma chambre, fermai la porte, m’avançai jusqu’à mon lit pour l’y jeter avant de la rejoindre. En un mouvement, j’étais positionné au-dessus d’elle. Sa voix s’était tarie à la seconde où elle avait touché le lit. Je rassemblai les phalanges de ses deux mains dans l’une des miennes, et de l’autre, posai un index sur son ventre pour tracer sous son teeshirt les mots que j’aurai rêvé de lui souffler sur l’instant.

« Tu. Es. Parfaite. »

Ses prunelles me détaillaient, ses inspirs s’étaient drastiquement éloignés en déchiffrant mes mots inaudibles. Je libérai plus tranquillement ses paumes avant de poser les miennes sur ses cuisses. Je les écartai sans urgence pour m’incérer entres elles et entrepris de les lui masser. Elle soupira de bien-être, et je propageai la sensation jusqu’à ses mollets, remontai sur l’arrière de ses douces jambes, pétris ses chaleureuses fesses, puis ses hanches. Penchée sur elle, le nez à deux doigts de s’enfouir dans son décolleté, je matai tour-à-tour sa merveilleuse poitrine sans complexe, et son expression d’euphorie quasi totale. Avec plus d’audace, mes paumes enrobèrent ses seins et mes lèvres les siennes. Ses avant-bras se crochetèrent autour de ma nuque, m’incitant à épuiser tout son oxygène. Et même là, y en avait pas assez.

Pourtant, je m’écartai de sa bouche, de laquelle j’étais déjà en manque. Je glissai une main sous son haut avant d’interrompre mon ascension, mes prunelles rivées dans les siennes. Elle hocha lentement la tête, le souffle court. M’affranchissant de son soutien-gorge que je rêvai de voir sauter, j’observai attentivement ses réactions à mon toucher tandis que je m’emparai de ses monts aussi érotisant que sensibles apparemment. La moindre caresse, le plus petit des pincements, chaque stimulation l’enjoignait à soupirer. Et je tombai systématiquement plus fou d’elle à chaque fois qu’elle me montrait des signes d’extase. Elle était belle. Excitante. Sans quitter ses yeux voilés d’envie, je coulai mes lèvres sur l’un de ses tétons et laissai ma langue entamer un balai similaire à celui de ma bouche quelques minutes plus tôt. Mon souffle se coupa de désir à l’entente du gémissement qu’elle libérait. Bordel. Je voulais la faire vibrer et trembler au point qu’elle ne maîtriserait plus son corps. J’en voulait tellement plus ! Sauf qu’avec Joyce, je prenais mon mal en patience…


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Bonjour tout le monde !!!

Au petit moment d'héroïsme de la part d'Alec (une fois n'est pas coutume, il est capable de faire autre chose que ronchonner), succède un semblant de vulnérabilité, semble-t-il, avant de se terminer par un moment de partage dans ses souvenirs.

Ce dernier se clora dans le chapitre suivant, probablement sur le même thème que la fin de celui -ci... à bientôt !

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