Chapitre 4

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Les yeux noirs de l’inconnu se plisse en un sourire vicieux au moment où les cloches de la mélodie retentisse parmi le silence de l’orchestre, me faisant oublier tout ce qui s’est passé avant. Mon cœur s’emballe à la pression de ses doigts sur ma taille. Le rythme remonte d’un coup il me jette dans la chorée que je connais par corps, me faisant tourner de manière beaucoup plus spectaculaire dès les première seconde que nous partageons dans un instant qui me semble suspendu. Je tourne, virvolte, m’accroche a lui, nos mains, bras et jambes se frôlant, s’arquant comme étant le miroir de l’autre. Il ne me laisse pas respirer qu’il me fait tomber en arrière, me relève pour me faire tourner, m’entraine dans les mouvements de la valse et mon corps en demande plus, mon cœur bat dans ma poitrine a l’excitation de tous ces mouvements que je n’ai jamais aussi bien fait avec Elio. Ce que cette danse fait a mon cœur, rien ne lui avait jamais fait avant. Je n’ai jamais dansé comme ça. Je n’ai même pas le temps de regarder son visage qu’il me projette déjà dans l’autre sens, ses mains ne me laissant pas tomber quand il me fait tomber en arrière et tourné autour de lui.

Puis, alors que la musique redescend après le second refrain, il me fait tourner sur moi-même et dans un dernier mirage, je le vois me faire un clin d’œil avant de me lâcher… directement dans les bras d’Elio.

Nous reprenons la chorée que nous connaissons mais danser avec lui, qui était toujours quelque chose de merveilleux et familier, me parait juste fade après ce qu’il vient de m’arriver. Et quand enfin la musique s’arrête sur les dernières notes quelque instant plus tard, je suis collé a Elio, un bras en l’air, l’autre contre son épaules, nos respiration se mélangeant mais… ce n’est pas avec lui que mon corps voudrais s’arrêter.

Les gens applaudissent mais j’essaie juste de reprendre mon souffle alors qu’Elio s’écarte de moi en souriant avant de se baisser pour me faire une baise-main. Je pense que je dois rougir. J’ai l’impression d’avoir rêvé ce qui vient d’arriver. Quand je regarde parmi les danseurs, je ne vois plus l’inconnu. Il n’y a pas d’homme qui lui ressemble, qui porte son costume noir ou ses bretelles.

-Il faut que je boive, je dis en lâchant la main d’Elio sous la mienne, lui toujours a genoux devant moi.

Sur ce je quitte la piste de danse là où les gens se remette en place pour la prochaine valse. Je pense que je n’oublierais jamais ce demi-sourire en coin.

Je secoue la tête en m’approchant du buffet. Par les Maîtres, il faut que je me le sorte de la tête ! Je ne sais même pas qui il est alors qu’Elio est revenu : c’est de ça que je devrais me réjouir, pas du meilleur partenaire de danse que je n’ai jamais eu.

Je me sers un grand verre d’eau fraiche, espérant faire passer le feu qui brûle mes joues.

-Je n’arrive pas à croire que vous performiez cette valse de mieux en mieux chaque année, dit Olivia en s’approchant de moi – et de Elio qui m’as suivi de prêt.

Je souris en hochant la tête, cachant mes joues probablement rouges derrière mon verre d’eau. Il faut que je retrouve cet homme, rien que pour savoir qui il est. Mais j’ai beau regarder autour de moi, je ne vois pas l’ombre d’un homme qui lui ressemble, comme s’il était vraiment un rêve. Il était à peine plus âgé qu’Elio. Je crois. Argh, je n’ai pas eu assez de temps pour l’observé.

-Tu es une très bonne danseuse, dit alors Elio à Hélénie qui discutait avec Marjolaine par là.

Elle manque de renverser son verre quand elle se rend compte qu’il lui adresse la parole.

-Merci… balbutie-t-elle.

Puis elle attrape la main de Marjolaine et s’en va de l’autre côté de la salle. Elio hausse les sourcils mais ne s’attarde pas sur l’incident et reprend sa mère dans ses bras, rattrapant le temps perdu.

-Vraiment, c’est incroyable comme vous ne perdez pas les pas, dit Olivia. Tu t’es entrainée chez mamie ? Je suis sûr qu’elle te forçait a dansé pour elle.

-Pas tant que ça, a vrai dire. J’imagine qu’on est juste très bon ensemble, il répond.

Je cherche toujours des yeux l’homme qui est vraiment introuvable.

-Tu vas prendre la danse pour tes examens, Pensée ? Avec Elio a tes côtés il n’y a aucune raison que tu rate une telle épreuve. Pensée ?

Je retourne vers eux me ramenant à la réalité.

-Excusez-moi, je… je vais aller me rafraichir, je réponds en posant mon verre sur la table.

Je m’éclipse en quête de latrine, ou de distraction, ou même juste de celui qui m’a retournée l’esprit comme ça, je ne sais même plus.

-Où tu vas ? me demande alors Emélia alors que j’ai presque atteint la fenêtre du fond de la salle.

-J’ai besoin d’air.

Je ne m’arrête pas, ouvre la porte vitrée, faisant passer un courant d’air glacé a l’intérieur et me glisse dans les jardins de l’hôtel, mes pas étouffé par la neige. Elle me suit en frissonnant, refermant la porte derrière elle, loin du bruit et de la chaleur.

-Qu’est ce qui t’arrives ?

J’avance sur la terrasse, descendant les quelques marches, appréciant le froid sur mes joues déjà rouge et la neige qui me tombe dessus. Très vite nous nous retrouvons dans un labyrinthe de petit buisson de fleurs.

-J’ai juste besoin d’air, c’est tout, je réponds un peu agacer, m’enfonçant dans les jardins pour être le plus loin possible de la salle.

-C’est Elio qui te met dans tous tes états ?

Je m’arrête brusquement.

-Quoi ?

Mon cœur ne s’est pas calmé et je me rends compte que j’étais à la limite de courir en venant ici. Pourquoi est-ce qu’elle pense ça ?

-Hey ! Vous n’avez rien à faire là ! s’écrit quelqu’un derrière Emélia.

Elle se retourne et quand le soldat la voit, il baisse immédiatement les yeux, faisant une légère révérence.

-Maîtresse Larmalieu, excusez-moi.

Puis il s’approche à grand pas. Lui est tout habillé contre le froid, surement patrouillant dans les jardins pour surveiller qu’il n’y ait pas d’intrus qui rentre.

-Je ne voudrais pas vous déranger, mais c’est une aubaine que je tombe sur vous, votre Altesse.

Je la vois regarder au ciel. Je sais qu’elle déteste tout l’aspect « altesse » qu’on lui a mis sur le dos.

-Le bal arrive à son terme, ordre des Maîtres, dit-il.

-Si tôt ? Elle s’étonne.

-C’est impératif, il faut évacuer tout le monde le plus vite et nous devons vous escorter chez vous avec Maître de Pracontal.

-Evacuer ? Mais pourquoi ?

-Je n’en sais pas plus.

Il garde les yeux baissés en disant ça. Je hausse un sourcil. Evacuer ? Ça n’a aucun sens. La neige nous tombe dessus et maintenant que mon cœur s’est calmé, je regrette mon manteau.

-Il faut vraiment y aller, votre Altesse.

Elle me regarde comme si je pouvais en savoir plus mais je hausse les épaules.

-Très bien je vais chercher les autres, elle dit en commençant a retourner vers la salle.

Le soldat hoche la tête.

-Je vous accompagne.

-Vous devriez attendre dehors… elle dit en se retournant vers lui. Vous risquez de crée un mouvement de panique si les citoyens voient un soldat dans la salle de bal.

-Tout ce que vous voulez, Maîtresse.

Il s’incline et reste un peu en retrait, nous laissant reprendre notre chemin.

-Aller faire récupérer nos manteaux, s’il vous plaît, elle ajoute plus fort pour qu’il entende au soldat.

-Tout ce que vous voulez, répète-il.

Je l’avais rarement vu aussi autoritaire, aussi… Maîtresse. Il repart au trot.

On entre dans la salle de bal et on repère tout de suite Olivia avec Papa et Elio.

-Où sont Justice et Vérité ? je demande à Papa alors qu’Emélia explique la situation a Olivia et Elio.

-Vérité est avec Acanthe et Justice est partit danser… Mais qu’est-ce qu’il se passe ?

Je m’en vais, laissant Emélia les laisser perplexe devant se brusque changement de programme.

Je trouve Justice parmi les danseurs et sourit faussement à sa partenaire avant de le tiré avec moi.

-On y va, je lui dis.

-Quoi ? s’étonne-t-il en me laissant le tiré.

Je l’ignore et vais voir Vérité qui discute avec Acante.

-Vient, on doit partir. Désolé, Acanthe, on se voit à la rentrée, je lui dis en emmenant Vérité et Justice jusqu’à la porte.

Emélia est aller chercher Ilda et nous nous rejoignons tous ici. Le visage d’Ilda est dur et impossible à lire. Soit elle est contente de quitter la soirée, soit elle est irritée de devoir bouger, soit elle… fait sa Ilda. Surement un peu des trois.

On avance à contre sens des regards interloquer des citoyens qui attendent toujours pour entrer à la soirée. Elio s’amusant à en saluer un maximum, Emélia essayant de le faire avancer plus vite. Juste avant de sortir, nous retrouvons le même soldat que tout à l’heure, accompagner d’un valet qui nous tend nos manteaux. Nous nous habillons, puis escorté par le soldat, nous bravons la neige qui se déchaine jusqu’à la diligence.

-Vous me déposerez chez moi au manoir Larmandie, réclame la Tante Ilda.

Le soldat hoche la tête en lui tenant la main pour qu’elle entre.

-Nous allons partir avant et une autre diligence vous suivra, dit-il en tenant la porte ouverte pour nous laisser entrer.

Il doit crier à cause du vent. On est à la limite de la tempête de neige, il y en a tellement qui vole de partout qu’on ne voit pas plus loin que l’homme qui nous parle toujours.

-Qu’est-ce que cette passe ? s’écrit Olivia en retour en serrant son écharpe autour de son cou quand tout le monde est installé.

-La neige devient hors de contrôle, il faut vous évacuer avant que ce soit impossible de repartir.

-Mais pourquoi on doit évacuer ? s’exclame Emélia.

Mais le soldat ne l’a pas entendu et il claque la porte. Le bruit du vent est coupé d’un coup, et on se regarde tous, de la neige partout dans les cheveux et sur les capes, plus serrer qu’à l’allée à cause d’Elio qui se retrouve juste en face de moi.

-ça ne peut pas être juste la neige, dit Emélia.

-Mais qu’est ce qui se passe ? murmure Olivia en regardant par la petite fenêtre de la porte alors que la diligence repart.

Des années que nous n’avions pas de neige et voilà que le Maître des Eléments, père d’Elio, sort la tempête pour son retour ? Du givre a déjà commencé a grignoté les bords des fenêtres et on distingue de loin les lumières de l’hôtel s’éloigné.

On sent les roues grincées sur le sol givré et je me demande ce que cela va être quand nous allons quitter le centre-ville où les sentiers sont en gravier. Toutes les maisons devant lesquels nous passons ont fermé leurs volets quand la neige à commencer à tomber un peu fort et pour ceux qui n’ont pas pu, on distingue des taches de lumière au niveau de leurs fenêtre.

-Je suis sûr que la Malaptie sera geler demain, dit Elio. On pourra aller patiner.

-N’oubliez pas qu’on fête le solstice avec le reste de la famille, demain ! préviens Olivia.

Le reste de sa famille, à vrai dire, la nôtre étant grandement restreinte. Il y a bien Joe, le frère de maman mais il est parti vivre à Edoth il y quelque mois sur un coup de tête après avoir vendu la maison de ces parents, qui sont mort pendant le règne de la Terreur. Papoute et Mamoute sont mort respectivement d’un accident de cheval et d’une maladie, la perte de Mamoute étant la perte la plus dure à supporter étant donné qu’elle avait aidé papa comme si on était ses propres enfants, prenant le rôle de mère quand la vrai avait donner sa vie pour les trois notre.

-On pourra aller patiner l’après-midi ! Et de là à ce qu’ils puissent venir… ajoute-il avec un signe de tête vers la fenêtre.

-Exactement, je veux aller chez moi. Je refuse de dormir dans votre maison mal isolée avec cette neige.

Olivia soupire.

-La notre va très bien, Ilda, dit-elle.

-Je dois rentrer chez moi.

-Très bien, dit papa.

Il se retourne et ouvre la trappe qui nous sépare du cocher.

-Dans combien de temps arrivons nous au manoir Larmandie ?

Le froid s’infiltre dans l’habitacle quand le cocher se penche vers papa.

-Je ne sais pas, on ne voit pas grand-chose mais cela ne devrait pas tarder.

-On n’a pas encore quitter le centre-ville, précise Olivia en regardant par la fenêtre.

La diligence est secouée de tous les côtés et le bruit est de nouveau coupé quand le cocher ferme la trappe. Le vent siffle dans les interstices de la diligence. La Tante Ilda à l’air de plus en plus nerveuse.

A un virage, la diligence est secouée plus violement. Tout le monde se tient aux autres pour ne pas tomber. La canne de la Tante Ilda rebondi sur le sol. Puis la diligence s’immobilise.

Dehors, à part le vent c’est le silence. Il n’y a plus aucun bruit mécanique de roues ou les hennissements des chevaux. Nous ne voyons rien dans le noir de la nuit par les fenêtres givrées. Quelque chose ne va pas et nous le savons tous. Ma poitrine se serre d’appréhension. Un bruit sourd suivit par des pas crissant dans la neige accompagne un léger vacillement de l’habitacle, comme si le cocher était descendu. Quelques voix éclosent alors dans le silence, suivit d’un cri qui nous fait sursauter. Puis c’est le chaos.

Des gens hurlent, il y a des tintements métalliques et la diligence est de nouveau secouer, mais cette fois c’est quelque chose sur le toit, ce qui nous fait tous sursauté. Quelqu’un balance un ordre devant la diligence et avant qu’on ne puisse s’en rendre compte, une lame transperce le toit et s’arrête quelque centimètre au-dessus de la cuisse d’Elio avant de repartir en haut. Je hurle de peur mais un coup de feu retenti et la personne qui était sur le toit tombe de la diligence. Puis des bruits de combat retentissent, des cris et encore d’autre coup de feu. Alors qu’on essaye de distinguer ce qui se passe en regardant par la vitre, un dos est projeté contre, ce qui me fait sursauter. Au même moment, mon estomac se retourne et la nausée me prend la gorge, comme un monstre m’éventrant d’une main et m’étranglant de l’autre. Quand le corps glisse par terre, il laisse une trace de sang sur le verre givré. Il est mort et je le sais, je le sens. Ce monstre est la mort.

Le silence dans la voiture est glaçant.

-Il est mort ? murmure alors Vérité.

Je refuse de répondre. Il est mort et je le sais, mais je ne suis plus sensé sentir ça, en tout cas pour eux, alors je ravale ma nausée, repousse le monstre et j’essaie de paraître le plus normal possible. Je sens que je dois être blafarde. Mais ils vont me forcer à aller consulter et j’en ai assez bavé étant enfant.

-Attrapez les ! s’époumone alors quelqu’un.

Les bruit de combat et d’épée qui s’entrechoque et de cris reprennent, puis c’est le silence. Mon estomac me fait mal et si je bouge trop, je sens que je vais vomir. Mais je ne peux pas me recroqueviller ou ils s’en apercevront.

Puis la porte s’ouvre violemment sur le soldat de tout à l’heure. Il a du sang sur le visage.

-Personne n’est blesser ? s’écrie-t-il.

-Qu’est ce qui se passe ? s’exclame alors papa.

-Maître de Pracontal, Maîtresse Larmalieu, êtes-vous blessée ? répète-il prêt à monter dans la diligence pour vérifier par lui-même.

Bien sûr, ce sont de leurs santés et la leurs seules dont ils s’inquiètent. Non pas que je ne veux pas qu’on s’inquiète pour eux, mais toujours être moins qu’eux est un peu lassant. Je ravale ma frustration.

-Non, répond Elio. L’épée ne m’as pas touché.

A quelque centimètre près ! J’ai envie de dire, mais j’ai trop la nausée pour ça.

- Qu’est ce qui s’est passé ? demande-t-il alors.

Le soldat regarde derrière lui, puis enfin soupire.

-Vous avez été victimes d’une tentative d’attentat, votre Altesse.

Le silence dans la voiture se fait alors pesant. Même moi j’écarquille les yeux.

-Saleté de démocrates, marmonne alors la tante Ilda dans son coin.

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