Le vide revint. Différent cette fois.

Ce n’était plus la lumière blanche stérile du début, ni l’illusion douce de la fausse Alisra.
C’était un vide brut, saturé d’énergie, comme si son propre esprit menaçait d’exploser.

Kael se tenait seul au centre de lui-même.
Mais pour la première fois depuis longtemps… il se sentait entier.

– "Je ne suis pas un pion."
– "Je ne suis pas un clone."
– "Je ne suis pas leur arme."

Il se mit à marcher. Chaque pas provoquait une réaction. Des fissures apparaissaient dans l’espace, comme si la réalité n’était qu’une peau trop fine tendue sur une illusion.
Des voix jaillirent. Certaines familières. D’autres inconnues.

"Tu n’as pas le droit."

"Tu n’es pas prêt."

"Reviens dans le confort. Tu n’as pas besoin de souffrir."

– "Si je souffre, c’est que je suis libre."

La structure mentale autour de lui commença à se tordre. Des souvenirs volaient en éclats. Il vit des fragments de son enfance, d’Alisra endormie sous les étoiles, de Lyra souriante, de son père le regardant sans émotion.

Et au centre de ce cyclone psychique, il trouva un noyau noir.

Une porte sans serrure. Fermée par la volonté même des entités.

– "C’est ici."

Il posa la main dessus. Une douleur foudroyante lui transperça le crâne.

Flash interne / auto-sabotage

Son cerveau fut inondé. Des pulsations cognitives. Des tentatives de formatage.

"Sécurité mentale engagée."
"Souvenirs en cours de purge."
"Désactivation de l’identité émotionnelle."

Mais il résista.

Il pensa à elle.

Alisra.
Ses rires étouffés dans les laboratoires.
Le moment où elle lui avait montré les lunes de Tannor-5 avec excitation, comme si c’était un trésor secret.
Le moment où elle l’avait regardé… sans se méfier.

Ce souvenir-là, il ne laisserait jamais personne le lui prendre.

Il hurla. De toute sa force.

La porte explosa.

Un raz-de-marée d’énergie psychique le projeta dans l’obscurité.

Transition mentale réussie.

Il se réveilla, haletant, couvert de sueur, dans une autre cellule.
Cette fois-ci, elle n'était pas parfaite. Elle avait des angles. Des textures rugueuses.
Elle était réelle.

Et dans un coin… un symbole gravé. Par une main humaine.

A.V.

Alisra Veyra.

Kael se mit à sourire pour la première fois depuis des jours.

– "Tu es passée par ici. Tu t’es battue, toi aussi."

Et maintenant… il savait comment la retrouver.

Mais il n'était plus seul.

Quelque chose — ou quelqu’un — avait senti la brèche qu’il venait d’ouvrir.