livre 4 - 5

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À midi, nous mangeons tous les quatre. L’ambiance est détendue. Je vois que Mabula prend soin de Charles et d’Alex. Décidément, je crois que je vais le faire nominer pour le Nobel de la gentillesse et de la prévenance. Il le fait avec tant de naturel qu’il double l’effet. Ce qui me gêne, ce sont les marques de tendresses qu’Alex m’envoie sans interruption, alors qu’il n’exprime rien envers son père. Cela me fait plaisir, mais ce n’est pas dans l’ordre des choses.

— Tu sais, Usem, je suis content qu’Alex se soit attaché à quelqu’un, surtout quelqu’un comme toi ! Je sais bien que je ne suis pas un bon père pour lui. Alex, je suis désolé pour tout ce que je te fais et ne te fais pas !

— Ça va, je survis ! grogne-t-il en me regardant.

Puis il enchaine :

— Tes amis arrivent quand ?

— En fin d’après-midi, pourquoi ?

— Tu viens te balader avec moi après le repas ?

— Tu as vu le temps ?

— S’il te plaiiiiit…

Nous sortons. L’avantage de l’endroit est la proximité de la campagne, même si la lumière blafarde ne la rend guère attrayante en cet instant. Nous avons fait à peine quelques pas que je sens sa main prendre la mienne. Je le laisse faire, c’est trop attendrissant, car je devine à nouveau la main de l’enfant. À un embranchement, il me tire sur la droite. Plus loin, il recommence. Après tout, il connait le coin beaucoup mieux que moi. Nous arrivons dans le petit village, désert et silencieux. Devant la boulangerie, deux silhouettes attendent. Sans doute une histoire de jauge. À notre approche, elles se retournent. J’ai compris ! Il a monté son coup. Avant qu’Alex ouvre la bouche, je dis :

— Bonjour, Sarah, bonjour Lucas ! Je suis heureux de faire votre connaissance. Je sais que vous êtes très importants pour Alex. Merci pour cette rencontre.

Ce dernier se tient un peu en retrait, soucieux de savoir comment cette rencontre va se dérouler. Ces deux visages jeunes et épanouis sont accueillants et attrayants. J’aurais aimé avoir des amis comme eux. J’en suis heureux pour mon garçon.

— Nous aussi nous sommes heureux de vous connaitre. Alex dit tellement de bien de vous que nous pensions voir un magicien magnifique !

— Déçus, alors ?

— Pas du tout. Cela nous rassure !

Nous traversons le village, sans plus savoir trop où nous allons. Les propos sont sans intérêt, sinon de pouvoir se découvrir ensemble. Bien vite, je vois qu’ils ont mis Alex entre eux deux. Leur prévenance à son égard est touchante. Pour des jumeaux, placer un tiers entre eux est une preuve de son importance. Je leur dis. Les deux sourient, Alex rougit. Je me sens de trop. Il se passe entre eux quelque chose de très fort, de très beau.

Malgré les directives sanitaires, je m’arrête et les embrasse chacun sur la joue, puis je leur dis que je dois rentrer. Je pars accompagné de leurs sourires.

Je ne suis pas sûr de retrouver le chemin, mais j’ai besoin de me perdre, de me retrouver. Chacun de mes passages dans ce lieu me marque profondément. Le premier weekend, le confinement, ces dernières heures si intenses… Chaque fois, j’en ressors grandi, plus fort.

Finalement, je retrouve facilement le chemin de l’hôtel. J’entre, il est désert. Je me sers un malt et m’enfonce dans un grand fauteuil. Avant même d’avoir bu une gorgée, je m’endors d’un sommeil bienheureux.

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