Mon ange

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Titre : Je n’ai pas su la retenire

> Ce n’est pas moi qui ai coupé ses ailes. Elles sont tombées toutes seules.



Je ne sais plus à qui parler. Tout le monde m’évite. On me laisse seul, dans cette maison trop vide pour un homme seul. Le parquet grince comme si quelque chose passait encore la nuit. Je dors peu. Je rêve souvent.

Toujours d’elle.

Lily n’était pas comme les autres. Je l’ai su dès la première fois. Il y avait cette paix étrange en elle, une lumière dans ses gestes. Elle ne marchait pas : elle glissait. Elle ne parlait pas : elle chantait à voix basse.
On disait qu’elle était née au pied d’un arbre qui n’existe sur aucune carte.
Certains la trouvaient étrange. Moi, je la trouvais parfaite.

Mais ce genre de lumière, tu sais… ça finit par éblouir.
Et moi, j’avais mal aux yeux.

Elle voulait découvrir le monde, parler aux gens, s’ouvrir. Travailler même.
Je lui ai dit non. C’est qu’ici, les choses sont simples. Une femme reste à la maison. Un homme veille.

Mais elle m’a dit qu’elle n’était pas une femme. Pas entièrement.
Elle m’a dit qu’un jour, j’allais comprendre.
Je crois que c’est à ce moment-là que j’ai commencé à avoir peur.

Un soir, je suis allé la chercher à son travail. Je ne suis pas entré tout de suite. Je l’ai regardée à travers la vitre. Elle riait avec un homme, penchée sur un vieux livre, comme si elle ne m’attendait plus.
Et derrière elle… je jure avoir vu un reflet.
Une silhouette ailée. Floue. Comme une réminiscence du ciel.

Je suis entré.
Je l’ai forcée à rentrer.
Elle a crié, elle a pleuré, elle a dit qu’elle allait chez sa sœur.
Je ne l’ai pas crue. Je croyais qu’elle voulait fuir vers lui.
Je n’ai pas compris qu’elle fuyait vers elle-même.

Elle est montée dans la chambre. Je suis resté en bas. Je n’ai rien dit.
Et au petit matin, il n’y avait plus que ça :

la fenêtre ouverte,

le vent dans les rideaux,

deux plumes blanches sur l’oreiller.


Des plumes. Pas d’oiseau. Des plumes fines, argentées, presque vivantes.
Je les ai touchées. Elles ont brûlé.

Et moi, j’ai dit qu’elle était partie.
C’est plus facile à dire.
C’est plus facile que de dire : je l’ai retenue trop fort et elle s’est brisée.

Les gens parlent. Ils disent que je l’ai tuée.
Mais on ne peut pas tuer un ange.
On peut seulement l’empêcher de voler.

Et ça, je l’ai fait.

Mais je ne suis pas coupable.
Je l’aimais. Vraiment.

C’est juste qu’elle n’était pas faite pour rester.
Et moi, j’ai voulu qu’elle oublie d’où elle venait.



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