Chapitre 3

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Emia, 18 ans

Aujourd'hui, j'ai enfin fêté mes 18 ans, un âge qui me rappelle les années de souffrance que j'ai endurées. Pourtant, malgré les erreurs et les obstacles, j'ai réussi à survivre. Mais aujourd'hui s'annonce encore plus difficile que les précédents, et demain ne sera probablement pas mieux. Depuis le début de cette nouvelle année au lycée, je ne suis que harcelé et seul. Le fautif ? Blake. Mon meilleur ami devenu mon pire ennemi.

Tout a commencé par des blagues, puis des moqueries. Aujourd'hui, je subis des bousculades, des jets d'objets, et des regards méprisants. On dit qu'il faut en parler à des personnes de confiance, mais ce n'est pas si facile. Aux yeux de ceux que nous ne voulons pas inquiéter, nous mentons avec un sourire, disant que tout va bien. Parfois, certaines personnes s'en rendent compte avant que les choses n'empirent, mais c'est rare, à peine 7%.

Cela fait maintenant trois mois que je vis cet enfer, trois mois depuis la rentrée, et presque deux ans sans comprendre pourquoi Blake a décidé de ne plus être mon ami. Le harcèlement, je peux l'encaisser, mais la blessure dans mon cœur que Blake a causée il y a deux ans ne s'est toujours pas refermée. Les amis d'enfance, ceux qui nous aident à nous relever, sont ceux qui font le plus mal quand ils nous abandonnent.

Mais le temps passe, et petit à petit, je me reconstruis. Je suis toujours chef de mon gang, qui est maintenant devenu un véritable réseau d'information. Nous avons décidé d'unir nos forces sous un seul et même chef : moi. Nous formons une sorte de conseil avec des représentants des ombres. Chacun a un rôle précis : le représentant des mafieux, des gangs, du milieu de la prostitution, des trafiquants, et j'en passe. Chacun d'eux peut proposer n'importe quoi, et moi, en tant que chef, je suis la seule à pouvoir trancher et accepter ou non une proposition.

Grâce à ces efforts, nous avons enfin pu mettre la main sur la substance qui a fait des ravages dans le monde entier. Ce composant est un mélange de produits pharmaceutiques rares, fabriqués uniquement dans des usines spéciales. Les médicaments qui le composent sont généralement utilisés pour soigner les militaires ou les civils blessés dans les pays en guerre. Ce produit n'est pas facilement accessible, car il faut une ordonnance d'un médecin spécialisé. De plus, toutes les usines qui le fabriquent se trouvent sur le territoire de l'État.

Et le mieux dans tout ça, c'est que leur enfant est dans la même équipe de sport que Blake. Petit à petit, en étant harcelé, j'ai découvert plusieurs secrets concernant cette école, que ce soit sur les professeurs ou même sur les élèves en général. D'après ce que j'ai pu découvrir, chacun ferait partie d'une sorte de secte qui se ferait appeler les Savants. Sans en parler aux autres, j'ai décidé de m'y inscrire. J'ai donc eu droit au bizutage et à leur fameuse "épreuve de loyauté."

Cette épreuve a été très dure à supporter, que ce soit mentalement ou physiquement. Je dois dire que je commence à être à bout, à force de voir jour après jour les horreurs que l'humain impose à un autre. J'ai eu l'occasion, pendant ces deux dernières années, de rencontrer la famille d'élite. J'ai un peu discuté avec eux, mais après l'accord que nous avons passé ensemble, je peux affirmer que je suis tombé dans un gouffre sans fin. Je suis en train de me noyer, et ce, plus vite encore, par ma propre faute.

Tous les jours, j'essaie de garder un certain rituel pour pouvoir rester sain d'esprit, car je suis au bord de la dépression. Il est clair qu'en tant que chef d'un réseau aussi puissant que le mien, être dépressif n'est pas la meilleure chose.

Tous les matins, je me lève et je pars à l'école. J'arrive en avance et j'en profite pour aller à la bibliothèque afin de travailler et de réviser. Ensuite, je vais en cours et je suis tant bien que mal. À midi, je mange ce qu'il y a à la cantine. En fin d'après-midi, après les derniers cours de la journée, je me rends au QG et je dirige tout le monde. Tout en continuant mon enquête sur la famille d'élite, qui semble me surveiller de près, je sens bien le regard de leur fils tout au long des cours dans lesquels nous sommes tous les deux.

Aujourd'hui n'est pas un jour spécial, il est même tout le contraire : c'est un jour tout à fait banal. Je me dirige vers mon casier pour récupérer des manuels pour le prochain cours. Alors que je fermais mon casier et que je remettais mon cadenas en place, un garçon me bloque le passage. En l'observant de plus près, je remarque qu'il a les cheveux noirs bouclés et porte un t-shirt noir avec un motif discret sur le devant. Il tient un smartphone dans sa main droite et me fixe intensément pendant quelques minutes, puis il commence à prendre la parole.

— Salut. T’es toujours aussi rapide, ou t’essaies d’échapper à quelqu’un ? dit-il avec un sourire tranquille aux lèvres.

— Hein ? Non, j’essaie juste d’être à l’heure pour une fois.

— Dommage. J’espérais être la raison de ta fuite. Ou au moins celle de ton retard.

— T’as pas peur d’en faire un peu trop, toi ?

— Peut-être. Mais bon, on tente sa chance, non ? Moi, c’est Yanis, au fait.

— Emia. Mais j’imagine que tu le savais déjà.

— Peut-être… Peut-être que je t’ai déjà repérée dans deux ou trois cours. Ou quatre.

— Et tu te décides à me parler aujourd’hui seulement ? dis-je en me méfiant.

— J’attendais le bon moment. Et puis franchement, ça faisait longtemps que j’avais envie de te parler.

— C’est étonnant, tu sais.

— Vraiment ? Ben, y’a des gens qui ont clairement des problèmes de goût.

— Tu vas vraiment continuer avec tes phrases comme ça ?

— Promis, je fais une pause… sauf si tu veux un numéro pour que je puisse t’en sortir d’autres plus tard ?

— T’es direct.

— Juste efficace. Tiens. Tu l’utilises si t’en as envie. Sinon, j’aurai au moins tenté.

— Merci, Yanis. Vraiment. C’est… agréable. Ça faisait un moment, dis-je en prenant le papier. Je le regarde puis relève les yeux vers lui.

— Alors, j’suis content d’être tombé sur toi aujourd’hui. À bientôt, Emia ?

— Peut-être plus tôt que tu le crois.

Depuis le début de l'année, c'est bien la première fois qu'on me parle. Bien sûr, j'ai tout de suite compris qu'il essayait de me draguer, mais c'est la première fois que quelqu'un me complimente ainsi. Ce n'est peut-être qu'une ruse ou alors un jeu lancé par un groupe d'amis à l'école, mais j'aurais aimé que ce soit réel. J'utiliserai son numéro en cas de besoin, ou alors pour me moquer de lui une fois qu'ils auront fait leur coup.

Et alors que je partais pour enfin rejoindre mon cours, auquel j'allais sûrement être en retard, je remarque la présence de Blake non loin de là. Il semblait se cacher et essayer de dissimuler sa présence tant bien que mal. J'ai supposé qu'il était sûrement en train d'espionner sa copine, car elle était juste derrière moi au moment où ce garçon a essayé de flirter avec moi. Alors j'ai décidé de continuer à aller en cours en ignorant sa présence. Et une fois que la sonnerie avait sonné, je suis parti manger à la cafétéria. C'est presque la même chose que la cantine, à un détail près : on paye de notre poche. Mais alors que j'étais en route pour la cafétéria, quelqu'un m'a poussé brutalement dans une pièce, fermant la porte derrière moi. J'ai su immédiatement que c'était Blake.

— Qu’est-ce qu’il t’a dit ? demanda-t-il, le regard sombre. Il flirtait avec toi, hein ?

Je le regardai en silence.

Il me plaqua doucement contre le mur, pas violemment, mais assez pour me couper le souffle. Ses yeux scrutaient mon visage comme s'ils pouvaient deviner la moindre de mes pensées.

— Tu ne réponds pas ? Hm… Pas étonnant. Tu n’as jamais su cacher ce rouge sur tes joues quand un gars t’approche.

Je déglutis. Mon cœur cognait dans ma poitrine. Je me questionnais sur le garçon qui était en face de moi. Était-ce bien mon ami, celui que j'ai connu à l'époque, si innocent ? Et comment oser dire que je suis une fille facile ?

— Tu me harcèles, soufflai-je. Et s’il me voulait… ce serait juste pour se moquer de moi.

Un rire sec s’échappa de ses lèvres. Il se pencha légèrement vers moi, son souffle effleurant ma peau.

— Même si c’était vrai, ce serait pas le premier à essayer. Mais moi, je ne suis pas comme eux. Je te dérange, parce que tu as accepté son numéro. Parce que tu es en train de te rabaisser.

Je le repousse brusquement.

— Tu n’as pas à me donner des ordres. Ni à te mêler de ma vie. C’est clair ?

Son regard se durcit. Il attrapa mon poignet, pas méchamment, mais assez fort pour me rappeler qu'il était là, que je ne pouvais pas fuir cette conversation.

— Tu crois être indépendante, hein ? Fais ce que tu veux. Mais ne viens pas pleurer quand il t’utilisera comme les autres.

Je serrai les dents.

— Tu es la dernière personne avec qui j’ai envie d’être.

Son expression vacilla. Quelque chose se brisa dans ses yeux, quelque chose qu’il tenta de ravaler.

— Peut-être… mais je suis le seul qui se soucie de toi. Même maintenant.

— Lâche-moi.

Il relâcha doucement sa prise, comme s’il le faisait à contrecœur. Il resta pourtant là, si près que je pouvais encore sentir la chaleur de sa main sur ma peau.

— J’ai toujours détesté ce ton obstiné, murmura-t-il. Tu crois que je vais me taire juste parce que tu me le demandes ?

— Pars. J’ai pas besoin de ta permission.

Il tendit la main, hésita, puis la laissa retomber mollement.

— Toujours la même… insupportable, murmura-t-il presque pour lui-même.

— Pars, répétai-je.

Le silence tomba. Puis le son de la poignée, le bruit de ses pas qui s’éloignaient. Il s’arrêta pourtant à la porte, se retourna. Son regard me trouva encore une fois.

— Je veillerai toujours sur toi, même si tu me détestes...

Je me retournai lentement. Comme si mes jambes hésitaient à l’écouter.

Ses yeux brillaient. Un éclat étrange, entre colère et tristesse.

— Quoi ? lança-t-il. Tu voulais que je dise autre chose ? Je l’ai déjà fait. J’ai merdé. Et maintenant, t’es face à ce que je suis devenu. Tu devras vivre avec ça.

— J’ai rien fait, soufflai-je. C’est toi qui t’es éloigné de moi.

Son regard changea. Il n’était plus ce garçon arrogant. Plus ce gars populaire. Juste un garçon perdu, devant moi.

— J’étais qu’un gosse flippé, avoua-t-il. Je voulais te protéger. Mais j’ai fini trop près du feu… et je t’ai laissée dans l’ombre.

— Ouais…

Comme moi ai je pensé

Il passa une main nerveuse dans ses cheveux. Ce geste. Exactement le même qu’il avait quand on était enfants.

— Tu m’appelais “mon lapin”. Et t’avais pas tort. J’ai jamais réussi à changer.

Je le fixai. Mon cœur se serra, puis quelque chose lâcha.

— J’ai jamais eu besoin d’être protégée… tu le sais mieux que personne. Si tu t’es éloigné... c’est parce que tu l’as voulu, soufflai-je, le regard fuyant, un soupir dans la gorge.

Il ferma les yeux un instant, comme si mes mots l’avaient frappé de plein fouet.

— Peut-être... Mais je le regrette. Chaque jour. De t’avoir laissée. De ne pas avoir été là quand t’avais besoin de moi.

— Pars, dis-je encore, plus bas cette fois.

Il fit un pas, puis s’arrêta net.

— Courageuse comme toujours… sauf avec moi. Tu t’enfuis chaque fois que je te parle avec mon cœur.

Je me détournai. Je n’avais plus la force de répondre.

Il resta là. Figé. Les poings serrés. Le regard accroché à mon dos comme une dernière prière.

— Enfin une vraie conversation, murmura-t-il. Et tu trouves encore le moyen de me blesser… juste en t’éloignant.

Je ne prêtais plus attention à lui pour le reste de la journée, même si j'avais cette boule au ventre qui persistait. Cette conversation m'a beaucoup chamboulée, d'autant plus que, les jours qui ont suivi, nous avons dû collaborer ensemble sur des projets de groupe entre les classes. En effet, bientôt aura lieu le concours des établissements. En d'autres termes, des inspecteurs venus du ministère de l'Éducation ont pour charge de noter l'établissement en fonction de plusieurs critères. Or, notre établissement ne les remplit pas totalement. Nous sommes donc tous sous pression pour être dans les règles et obtenir les meilleures notes.

Pour cela, chaque classe devra former un groupe avec deux élèves de chacune d'entre elles par niveau. C'est-à-dire que, comme nous sommes en première, nous allons collaborer avec toutes les classes de première. Par conséquent, nous aurons un ou deux représentants par classe pour s'occuper d'un aspect de l'établissement et l'améliorer au mieux. Notre groupe a été choisi pour améliorer les salles de classe du deuxième étage, un rôle important car le deuxième étage est consacré aux langues. La plupart des élèves y passent environ 4 à 6 heures de leur journée, et ce, dans la semaine.

Actuellement, les salles de classe pour les langues sont plutôt grandes, peut-être plus que celles des autres étages. Le problème, c'est à l'intérieur : les bureaux sont collés les uns aux autres en rangées de 5 à 6, ce qui ressemble plus à un rangement militaire qu'à une salle de classe. Un autre souci concernant ces salles, ce sont les murs peints dans différentes couleurs pour se repérer. Le premier problème, ce sont les couleurs elles-mêmes : elles sont beaucoup trop voyantes dans certaines salles et beaucoup trop sombres dans d'autres. Le deuxième gros problème, c'est que cette peinture s'écaille petit à petit avec le temps. Avec la matière du mur, cela se transforme en petits copeaux de couleur. Les agents d'entretien ont du mal tous les soirs à nettoyer les copeaux qui sont tombés dans la journée. De plus, les copeaux de couleur tachent énormément le sol, ce qui fait que c'est une véritable galère de les retirer avec un balai ou n'importe quel outil.

Avec tout ça, nous avons déjà beaucoup de travail, mais il reste encore une dernière chose à dire sur ces salles de classe : ce sont les décorations. Il n'y en a aucune, ou alors elles datent de plusieurs années. Par exemple, dans la salle utilisée par la classe des langues mortes comme le grec ou le latin, on utilise encore une décoration d'Halloween qui date probablement de trois ans. Tous ces changements vont impliquer beaucoup de personnes et surtout de l'argent. C'est pour cela que nous devons choisir les nouvelles couleurs, retravailler les murs, refaire les classes correctement, et bien entendu créer une nouvelle décoration pour le reste de l'année. Ce qui ne sera pas facile, car le conseil de l'établissement ne veut pas dépenser un centime pour cette école. Il refuse catégoriquement d'utiliser les dons des parents d'élèves et rejette chaque demande proposée par les élèves des autres étages. Si nous voulons rénover tout ça, il faudra le payer de notre poche.

Nous avons donc eu l'idée de créer une cagnotte pour économiser et rénover le deuxième étage. Cette cagnotte a tout de même récolté une somme assez belle, qui nous a permis d'acheter de nouveaux pots de peinture. Pour ce qui est de la décoration, nous avons demandé au club d'art de s'en occuper, puisque leurs salles sont les mieux entretenues et qu'ils sont les seuls à ne rien faire du tout. Autant qu'ils s'occupent en faisant la décoration. Tout le monde dans notre groupe a été affecté à une tâche. Il y a d'abord la première équipe, composée de quelques élèves, qui devra retirer toute la peinture des murs de toutes les salles. Ensuite, une deuxième équipe posera par-dessus une sorte de placo pour réparer les murs déjà endommagés. Enfin, la dernière équipe, dans laquelle je suis avec Blake, s'occupera de remettre la peinture une fois que ce placo aura durci.

Alors que je surveillais l'avancée de la première équipe, Blake arrive soudainement du couloir et me frappe le bras. Il m'entraîne dans une autre salle, complètement vide mais avec un début de matériel préinstallé pour le placo.

— Qu'est-ce que tu fais, Blake ? On est en plein travail ici, je soupire, agacée par son insistance.

— Écoute, Emia, je suis vraiment désolé pour ce qui s'est passé la dernière fois. Je n'aurais pas dû te parler comme ça, dit-il en se tenant devant moi, les mains dans les poches, l'air sincèrement repentant.

— C'est bon, Blake. C'est du passé, je réponds en croisant les bras, indifférente, évitant son regard.

— Non, ce n'est pas "bon". J'ai été dur et je le regrette vraiment. Tu méritais mieux que ça, insiste-t-il en s'approchant un peu, cherchant désespérément à capter mon attention.

— Si tu le dis. Mais franchement, ça n'a plus d'importance maintenant, je réponds en regardant ailleurs, l'air détaché.

— Ça a de l'importance pour moi. Je tiens à toi, Emia. Je ne veux pas que tu penses que je suis ce genre de personne, dit-il en tendant la main comme pour me toucher, mais il se ravise.

— Je ne pense rien, Blake. On a du travail à faire, alors si c'est tout, je retourne à la rénovation, je me dirige vers la porte, laissant Blake seul avec ses regrets.

— Emia, s'il te plaît, donne-moi une chance de me rattraper, dit-il en me regardant m'éloigner, désespéré.

— Il n'y a rien à rattraper. On a tous les deux fait des erreurs. Laisse tomber, je sors de la salle, le laissant seul avec ses pensées.

En retournant dans les salles, je remarque qu'il n'y a plus personne. Ils sont sûrement partis faire une pause ou manger, mais pour autant, le travail continue. J'observe le mur en face de moi qui a commencé à être peint. En voyant les pots de peinture par terre, je prends donc la décision de continuer le travail et de le terminer avant de prendre ma pause. Je prends un pinceau en main et je commence à peindre, en évitant de repasser deux fois au même endroit pour économiser la peinture. Je fais cela pendant une bonne dizaine de minutes avant de m'arrêter et de faire une mini pause.

Les odeurs de la peinture commencent à me monter à la tête. Il est donc préférable que j'ouvre la fenêtre pour laisser échapper ces toxines dans l'air. Alors que je repose le pinceau, j'entends derrière la porte de la salle une discussion. Ce sont des voix féminines, et une voix masculine vient tout juste de s'y ajouter. Je m'approche discrètement pour écouter leur conversation. Elles semblent se moquer et rigoler d'une certaine personne. Soudain, j'entends le nom de Blake.

— Sérieusement, Blake ? dit une fille avec un rire qui grinçait comme des ongles sur un tableau. Ce gars a autant de charisme qu’un meuble IKEA non monté.

— Sauf qu’au moins, avec IKEA, tu peux t’asseoir dessus, répliqua une autre dans un gloussement perfide.

— Vous êtes mauvaises, rigola un garçon, celui qui parlait toujours trop fort, trop près, trop mal. Mais vous savez quoi ? Il n’a peut-être pas de cervelle, mais au moins, il est assez paumé pour se laisser embrigader facilement.

— Ouais, dit la troisième fille, celle qui avait toujours l’air de juger tout le monde du haut de ses talons invisibles. Il est instable, c’est presque mignon. Je dis qu’on le recrute.

— C’est une bonne tête à sacrifier, en tout cas, dit le gars en ricanant.

Les quatre se figèrent. Leurs regards se tournèrent vers moi, presque agacés, comme si j’étais qu’un insecte venu voler leur attention. Pourtant, malgré leur regard méprisant, je gardai la tête haute.

— Oh, tiens, fit la fille au rire aigu. La mascotte dramatique a quitté sa toile.

— Tu veux une médaille pour avoir écouté aux portes ? ajouta le gars, un rictus sur le visage.

— Je veux que vous teniez parole, répondis-je sans cligner des yeux. On avait un marché. Vous vous souvenez ? Blake n’entre jamais dans la secte. C’était le deal.

— On a changé d’avis, chérie, souffla la plus venimeuse, un sourire de vipère aux lèvres. Le monde évolue. Tu devrais essayer.

— Et puis, poursuivit le gars, c’est pas toi qui décides. Ce n’est pas ton école. Encore moins ta secte.

Je les fixe un à un. Je n’avais pas besoin de crier. Je n’avais jamais eu besoin de ça.

— Non. Mais c’est moi qui vous ai empêchés de la faire cramer quand vous avez voulu invoquer ce truc dans le vieux gymnase, leur rappelai-je, mon ton glacial. C’est moi qui ai effacé les preuves. Et c’est moi qui ai posé les limites. Alors, si vous voulez voir ce qui se passe quand je les retire... continuez.

Un silence. Juste un instant.

Puis :

— Tu te prends pour qui ? lança la fille en s’approchant, les bras croisés. On t’a tolérée. Tu devrais nous remercier.

— Tolérée ? J’esquissai un sourire. Si je n’étais pas là, vous seriez tous en train de baver sur les murs, possédés par une entité de troisième cercle qui aime les sacrifices humains et les uniformes moches. Alors non, je ne vais pas vous remercier. Je vais juste vous dire une chose : Blake reste hors de ça.

— Tu le protèges ? railla le gars. C’est quoi, il t’a payée en bisous maladroits ?

— Non. Je le protège parce qu’il a encore une âme, ce qui est manifestement plus que ce que vous pouvez dire pour vous-mêmes.

— Tu sais quoi ? grogna la plus agressive, les yeux brillants de rage. On fait ce qu’on veut. Tu ne peux rien y changer.

— Essayez, répondis-je en m’avançant à mon tour, le regard noir. Une fois. Juste une. Et vous verrez ce que ça fait quand la fille silencieuse vous renvoie tout ce que vous avez semé depuis des années. Je vous regarde depuis trop longtemps. Vous êtes pathétiques, prévisibles… et faibles. Blake ne vous appartient pas. Et cette secte non plus.

Silence. Un long moment. Puis des claquements de langue, des regards échangés, des haussements d’épaules hautains pour sauver la face.

— Pff. On perd notre temps ici, marmonna le gars.

— Cette fille me fatigue, ajouta une autre en remettant une mèche parfaite derrière son oreille.

— Viens, on se casse.

Ils sortirent un à un, la queue basse derrière des sourires crispés. La dernière à franchir la porte me lança un regard de colère :

— Un jour, tu paieras pour ton arrogance.

Je me contentai de répondre :

— Mieux vaut être arrogante qu’esclave.

Après m'être assurée qu'ils étaient bien partis, je suis retournée dans la salle et j'ai continué à peindre, comme si de rien n'était. Cependant, quelque chose avait changé dans ma manière de peindre : j'avais arrêté d'économiser la peinture. L'important était d'en finir le plus vite possible, et si je devais repasser deux fois au même endroit, tant pis. Tout cela m'avait beaucoup stressée, mais en même temps, je me sentais libérée, même si mon inquiétude grandissait au fil des heures qui s'écoulaient. Ce ne sont que des membres classiques, ils ne sont pas gradés comme moi, mais pour autant, ils restent dangereux. Ce sont eux qui, généralement, recrutent les personnes qui semblent fragiles mentalement, comme Blake.

Après des jours et des jours de travail intense sur la rénovation de l'école, les inspecteurs académiques sont enfin arrivés. Ils sont là, devant l'établissement, en attendant d'être accueillis par le directeur. Ce dernier est avec nous, inspectant une dernière fois, rapidement, toutes les salles. Grâce aux élèves en arts plastiques, nous avons réussi à donner l'impression que la peinture est sur ce mur depuis longtemps. Comme une illusion d'un bâtiment ancien, mais qui reste moderne à l'intérieur. Le directeur est très stressé à propos des inspecteurs, car si le bâtiment ne leur plaît pas ou s'ils détectent la moindre infraction au règlement, l'établissement sera fermé, et donc adieu à leur million de dollars.

Après avoir bien inspecté les alentours et l'intérieur du bâtiment, le directeur va rejoindre les inspecteurs académiques. De loin, je peux voir qu'il les salue poliment et les invite à entrer. J'arrive à distinguer leur conversation et à comprendre de quoi ils parlent. Il semblerait qu'ils veulent d'abord inspecter l'extérieur avant de rentrer dans le bâtiment. Et de loin, je peux facilement deviner l'expression du directeur, qui est dos à l'établissement. Nous nous sommes concentrés essentiellement, pendant les trois dernières semaines, sur l'intérieur du bâtiment. Personne n'a jamais pensé à rénover l'extérieur, qui en a bien plus besoin qu'à l'intérieur. À l'extérieur, le sol est en béton ou en gravier. Il n'y a presque aucune plante, et les seules qui poussent ne sont que des herbes ou des plantes urticantes. La seule protection contre ces dernières est une simple petite barrière en bois qui entoure la plante. Enfin, pour s'asseoir, il n'y a absolument rien, à part le sol lui-même.

À l'intérieur de l'école, tout le monde se préparait dans chaque classe pour présenter leur spécialité. Le directeur avait imaginé une sorte de présentation pour chaque spécialité enseignée dans le lycée. En soi, ce n'est pas une mauvaise idée. Le problème, c'est simplement que nous n'avons que très peu de spécialités appliquées ici. En effet, la plupart des professeurs qui sont censés enseigner les spécialités proposées par le lycée ne sont jamais présents ou trouvent toujours une excuse pour ne pas venir. Bien entendu, comme tout lycée normal qui veut gagner de l'argent, ils essaient de trouver des remplaçants. Mais là encore, à part les premiers de la classe, aucun remplaçant ne veut travailler ici.

Ce n'est pas parce que nous n'avons pas une bonne réputation, bien au contraire, nous avons une réputation plutôt stable : nous ne sommes ni trop mauvais ni trop bons. Mais cela suffit pour que de jeunes professeurs, ayant l'ambition de devenir les professeurs de l'élite, ne viennent pas enseigner ici. Ainsi, la plupart du temps, à part les élèves qui sont réellement motivés par la spécialité, les autres restent en classe pour bavarder ou faire des bêtises. Cela explique en partie l'état insalubre des classes avant la rénovation.

Mais si je vous parle de cette école, c'est surtout parce qu'en dessous, dans ses fondations, se trouve une salle secrète utilisée par une secte. Elle est principalement utilisée pour des réunions importantes ou pour organiser des bals afin de présenter les nouveaux membres. Il arrive parfois que, pendant ces bals secrets, on présente de nouveaux dirigeants, une sorte de célébration pour la promotion de quelqu'un. Quant au reste, c'est-à-dire "les cérémonies d'invocation", comme ils disent, elles se font principalement dans un autre lieu, lui aussi secret. Et, comme je m'en doutais, à la fin de la journée, quand les inspecteurs ont terminé de visiter l'extérieur et l'intérieur de l'école, ils n'ont jamais trouvé cette pièce secrète avec tous les indices d'une potentielle secte. Je m'en doutais un peu : le directeur est au courant depuis longtemps que cette secte sévit dans l'établissement, et il ne fait absolument rien pour l'arrêter. Je pense que c'est principalement à cause de ses dirigeants, qui ont pouvoir et fortune.

Il faut dire que les dirigeants de cette secte peuvent tout obtenir uniquement sur demande. C'est un privilège que l'on retrouve généralement chez les riches, et c'est ce qu'ils sont : des riches fortunés qui n'en font qu'à leur tête et qui croient que leurs actes n'ont jamais de conséquences graves sur les autres. À chaque fois que je les vois, ils me répugnent de plus en plus. Les chefs de la secte se composent de quatre garçons et de deux filles. Chacun a un rôle très précis, et quand je vois le traitement réservé aux membres, qu'ils soient femmes ou hommes, je me demande comment l'humanité a pu en arriver là. Ça fait bien longtemps que l'humanité m'a dégoûté à vie, mais je crois que j'ai atteint une telle profondeur de haine envers eux que jamais personne ne pourra la changer.

Message du chef : "Réunion dans la salle secrète ce soir."

Je sors de mes pensées et ce message me dérange vraiment. Cela ne m'arrange pas du tout, car je devais avoir une réunion avec mon réseau pour discuter de la famille élite et du produit qu'elle fabrique en secret. Malheureusement, si je suis entré dans cette secte, c'était pour protéger Blake, qui a failli en faire partie il y a moins d'un an. Alors, je suis obligé d'y aller et de faire patienter mon réseau. J'envoie rapidement un message à Margot pour qu'elle prévienne les autres. Je passe donc par le sous-sol de l'école, en me faisant la plus discrète possible. Après avoir descendu ces escaliers sombres et sans lumière, j'ouvre une trappe qui se trouve derrière les escaliers. Je me glisse à l'intérieur, où une lumière de flamme a déjà commencé à briller.

Je descends petit à petit, l'échelle me servant de soutien vers cette lumière, vers ce lieu qui sera peut-être un jour mon tombeau. Je m'enfonce de plus en plus dans les profondeurs de l'école. Une fois le pied à terre, je me retourne pour faire face à un petit couloir lumineux de quelques mètres. Au bout, on pouvait déjà apercevoir une salle gigantesque et majestueuse. Des torches étaient allumées aux quatre coins de cette pièce, lui donnant des airs de salle de bal d'un château oublié. Une grande salle de bal élégante et luxueuse s'offrait à moi. La pièce était spacieuse et bien éclairée, avec un sol en bois poli qui reflétait la lumière des nombreux lustres et appliques murales. Les murs étaient ornés de boiseries dorées et de grandes fenêtres drapées de rideaux en tissu riche, probablement en soie ou en velours, ajoutant une touche de sophistication. Dommage que ce soient de fausses fenêtres. Le plafond était haut et décoré de moulures complexes, d'où pendait un grand lustre en cristal au centre de la pièce, diffusant une lumière chaude et accueillante. Des chandeliers supplémentaires étaient disposés autour de la salle, renforçant l'ambiance luxueuse et royale. Des tables et des chaises étaient alignées le long des murs, prêtes à accueillir des invités pour un événement ou une réception. L'ensemble de la salle dégageait une atmosphère de grandeur et d'opulence.

La salle commence rapidement à se remplir de personnes de tout genre. Certains se sont même vêtus d'une cape. Chez nous, en fonction de la classe à laquelle tu appartiens, tu dois t'habiller spécialement pour chaque réunion. Les dirigeants, eux, ont le droit de s'habiller comme bon leur semble, mais doivent porter un masque, comme moi actuellement. Ensuite, il y a les exécuteurs : les femmes doivent s'habiller en robe et les hommes en costume. Puis, nous avons les initiés, qui sont le rang le plus inférieur de la secte ; ils doivent donc porter une cape pour se couvrir le corps et le visage.

Ce qui est particulier pour une secte, c'est que la plupart du temps, tout le monde s'habille de la même façon. Or, pour nous, c'est différent. Les chefs se rassemblent sur une estrade au fond de la salle, au-dessus de laquelle se trouvent des chaises qui ressemblent plus à des trônes. Je m'installe juste à côté du chef, le fils de la famille d'élite. Quand j'ai rejoint cette secte, j'ai découvert que c'est cette famille qui, depuis des générations, a créé cette secte afin d'avoir un réseau à vie avec toutes les autres familles ayant un minimum de pouvoir. C'est ainsi que cette famille s'est fait une réputation dans le pays, gagnant gloire, fortune et succès. Et son fils semble prêt à prendre la relève, car dès qu'il a rejoint la secte, il s'est entouré des meilleurs.

Généralement, dans cette secte, depuis des générations, cinq familles sont assises sur ces trônes. Ces cinq familles possèdent chacune un puissant empire qui pourrait faire basculer le pays entier. Par exemple, la famille élite s'occupe de tout ce qui concerne les soins. C'est elle qui gère la plupart des hôpitaux et en a construit de nouveaux. Si elle fermait ses portes ou devenait un institut privé faisant payer cher ses services, plus personne n'aurait accès aux soins dans ce pays. La famille Federson, quant à elle, gère tout ce qui est en lien avec l'armement. C'est une grosse industrie qui va sûrement encore augmenter ses profits avec les guerres à venir, surtout qu'il semble y avoir une certaine tension au Moyen-Orient.

Puis nous avons la famille Montclaire, une puissante famille d'avocats. Encore un atout dans la manche de cette secte : une famille d'avocats de génération en génération qui gagne la plupart de leurs procès. Les seules fois où ils perdent, c'est parce qu'ils ne veulent plus représenter le client, ce qui arrive très rarement. Nous avons ensuite la famille Valmont, une prestigieuse famille connue pour ses origines nobles. D'après ce que nous savons, leur famille descendrait d'un duc, et selon leurs récits, l'un de leurs ancêtres se serait marié à une princesse impériale d'un autre continent. Grâce à ces origines, ils sont devenus les porte-parole de leur État, même s'ils caressent le doux rêve de devenir un jour le ministre des Affaires étrangères du pays, ce que je n'ai pas envie de voir se réaliser. Enfin, la dernière famille, les Saint-Laurent, se trouve être des religieux un peu spéciaux. Je ne connais pas grand-chose, à vrai dire, sur leur famille, si ce n'est que c'était une vieille famille vivant dans un couvent avant de changer de vie.

Il semblerait que leur famille ait réussi à bien cacher tous leurs petits travers. C'est la seule famille que je respecte un minimum, ou du moins que j'admire un peu. Même s'ils sont riches et ont une certaine influence, ils ne le montrent pas à tout le monde et ne se vantent pas de cette gloire. Bien au contraire, ils restent discrets et préfèrent ne pas se mêler des autres. C'est une chose que les autres membres devraient savoir, car ils pensent tous qu'ils seront protégés par leurs parents ou par l'école. Or, avec mon plan de vengeance, ils ne pourront compter sur personne. Après tout, peu importe ce qui se passe, leurs parents seront impactés par leurs actes. Ils auront leur réputation en jeu et leurs entreprises feront faillite. Qui a envie d'acheter de l'armement ou des soins à des entreprises qui ont créé une secte aussi sordide que celle-là ?

Gustave, le représentant de la famille Montclaire, se lève.

— Aujourd'hui, j'ai une grande nouvelle à vous annoncer. Nous avons peut-être enfin gagné de l'influence dans d'autres écoles. L'équipe adverse a accepté de faire partie de notre secte s'ils gagnent le match.

Les fidèles commencèrent à chuchoter entre eux, incertains que faire perdre leur école soit bon pour eux. En entendant ces mots, je commence légèrement à paniquer. S'ils veulent saboter un match, il faut savoir dans quelle catégorie, car chacune d'entre elles est tout aussi importante. Même si on peut considérer le football et le hockey comme les principaux et donc les plus marquants. Mes doigts serrent un peu plus fort les accoudoirs de ce trône, et je commence légèrement à trembler, attendant avec impatience le nom du sport qui devra être saboté.

— Il faut donc se préparer à saboter le match de football, dit-il sans le moindre remords ni une once de compassion.

Je me lève soudainement, sans savoir vraiment pourquoi, et fais face à Gustave. J'ose parler, moi qui jusque-là restais dans l'ombre.

— On ne peut pas faire ça. Si on le fait, le directeur va arrêter de nous protéger, dis-je pour essayer d'expliquer mon geste.

Gustave me fait face également et réplique :

— Bien sûr qu'on peut. Il nous protégera toujours, si ça ne touche pas à sa petite fortune personnelle.

— Sauf que tu oublies les inspecteurs. Ils seront là avec quelques policiers. On ne peut pas se permettre qu'ils découvrent la secte.

— Ah oui, et comment peux-tu en être si sûr ? En plus, en cas de problème, je vous sauverai la mise, comme d'habitude.

À ces mots, le leader se lève, ce qui nous fait taire tous les deux dans notre dispute inutile. Il regarde d'abord Gustave, qui se décompose sous son regard. Tous deux nous nous sommes assis de nouveau, tandis qu'il fait maintenant face à l'assemblée.

— Nous allons le saboter afin de gagner plus d'influence. En revanche, on ne couvrira pas les dégâts si l'un d'entre vous se fait attraper.

Après ces mots, chacun d'entre nous était plongé dans un silence glaçant. Puis la salle se vida petit à petit. Seul Gustave et le leader restent sur leur siège. J'aurais aimé rester avec eux pour écouter leur conversation, mais ce serait beaucoup trop risqué et suspect de ma part. Alors je pars tranquillement en enlevant mon masque, je rentre chez moi, au même endroit, ce lieu vide et sinistre qui n'est qu'un désert de vieux souvenirs.

Quelques jours plus tard, tout le monde était invité à une fête organisée dans la maison de Gustave. Comme d'habitude, c'était dans une maison luxueuse, débordant de richesse. Tout ce qui nous entourait ressemblait à une œuvre d'art qu'on ne devait toucher qu'avec les yeux, au risque de se faire attraper par quelqu'un pour avoir osé la toucher. À vue d'œil, je dirais que chacune des œuvres d'art exposées sur des piédestaux et les tableaux accrochés un peu partout se comptent avec huit zéros. Et je ne compte même pas les meubles, qui le sont tout autant. Preuve encore une fois que les chefs de cette secte ont le plus grand des pouvoirs.

La musique, quant à elle, bat son plein. Les lumières sont projetées à droite et à gauche sans vraiment éclairer quoi que ce soit. Quant aux invités, ils s'amusent, dansent et boivent autant qu'ils le peuvent. Généralement, très peu de personnes de la secte viennent aux soirées organisées, car ils savent pertinemment que ce n'est qu'une façon de brouiller les pistes. Toute l'école n'est pas dans le complot, bien au contraire. Seuls les élèves populaires le sont, en d'autres termes, ceux qui ont du pouvoir et de l'influence ont le droit d'y entrer. Mais même si certains ne viennent pas beaucoup, ils en sont généralement de la partie, car ils ne veulent tout simplement pas manquer l'occasion de se détendre ou de faire n'importe quoi.

Parmi tous ces adolescents, je remarque Blake, qui est entouré des plus populaires. Et plus je l'observe, plus je me dis qu'il a bien grandi, qu'il est maintenant totalement indépendant, et surtout qu'il trace sa vie comme bon lui semble. En revanche, je n'aime pas du tout la personne qui se trouve à côté de lui. Parmi les personnes qui se trouvent autour, il y a notamment le chef de la secte. Je ne vais pas intervenir tout de suite, en tout cas, c'est ce que je pense. Si j'y vais, le chef de la secte comprendra que je tiens à lui et l'impliquera encore plus qu'il ne l'est déjà. Malgré l'accord que nous avons ensemble, il serait prêt à le faire sans le moindre remords.

Je préfère le garder à l'œil et m'éloigner en attendant qu'il fasse le moindre mouvement. S'il en fait un contre Blake, je n'hésiterai pas à intervenir. Et il semble visiblement s'en apercevoir quand il me regarde dans les yeux. Je connais tous les petits secrets de sa famille, et lui, enfin presque tout. Mais je ne tarderai pas à tout découvrir pour ensuite les menacer. Cet accord que j'ai conclu avec eux ne durera pas, il n'avait d'ailleurs jamais été question qu'il dure. Depuis le début, les deux parties avaient déjà des arrière-pensées : moi qui voulais les détruire et eux qui voulaient me manigancer. Alors qu'il détourne son regard de moi pour le poser sur Blake à nouveau, à l'intérieur, tout cela me consume. Que ce soit la rage, la tristesse ou même la dépression, peu importe ce que je ressentais envers eux, je voulais simplement qu'ils disparaissent de ce monde comme s'ils n'avaient jamais existé.

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