J'ai toujours écrit, depuis le moment où j'ai appris à lire les mots et à associer des lettres pour faire des mots. J'écrivais des histoires, j'inventais des bouts de récits que je conservais dans des boîtes. J'avais besoin de faire rimer les mots, de dire ce que j'avais envie de crier au monde.

Les mots sont fascinants, ils ont ce pouvoir incroyable, ils ont toujours réussi à me donner la force d'affronter chaque nouveau matin. J'écrivais mes rêves, mes espoirs, mes envies. Je crachais mes colères, face à un monde qui ne me comprenait pas toujours et que je ne comprenais pas.

Les premiers mots qui m'ont portés, ce sont ceux des livres que je lisais et des chansons que j'écoutais. J'étais et je suis restée amoureuse des mots, du mot juste, celui qu'on pose sur un espoir, un rêve, un chagrin ou un mal de vivre.

J'ai écrit sur les balbutiements de cet amour que j'ai senti si fort, le soir où cette porte s'est ouverte sur celui qui allait devenir mon mari.

J'ai écrit sur chaque seconde à suivre ses pas sur une piste de danse, lovée dans ses bras, sous son regard intense et son regard si tendre.

J'ai écrit sur ce moment où il a pris ma main pour la première fois et où ses lèvres se sont posées sur les miennes, avec toute la timidité et la pudeur qui était la sienne.

J'ai écrit pour lui dire adieu quand la maladie l'a fait flancher, quand la maladie l'a fait vaciller, quand la maladie a soufflé la flamme de son énergie de vie. J'ai raconté notre histoire, j'ai raconté notre tendre amour et nos trois enfants, car je sentais que personne n'aurait trouvé les mots de notre félicité. C'était moi qui voulait raconter ce qui était au-delà des mots, c'était moi qui voulait raconter la puissance de notre amour, je voulais partager avec les gens réunis ce que ça fait d'aimer et d'être aimée si fort. Notre union était si forte, nous étions des danseurs, nous étions en harmonie; nous flottions quand nous valsions, il était mon mari, mon danseur, mon ami, mon compagnon de cheminement. Il a été et reste un papa tellement bienveillant, tellement tendre; il a été et reste un distributeur de sourires et de chaleur humaine. Il a été et reste un être tellement attachant.

Je continue d'écrire pour le raconter, pour le faire vivre auprès de mes enfants, je continue d'écrire pour atténuer la douleur, chaque phrase écrite est un peu de peine qui s'en va. Chaque texte partagé est de la peine qui s'en va de mon coeur. Les personnes qui lisent mes écrits prennent un peu de ma peine et j'y trouve un soulagement certain.
Je sais aussi que mes écrits peuvent, parfois, soulager ceux qui ont encore tant de cris à l'intérieur et qui n'arrivent pas à les poser en mots. C'est salutaire de poser des mots, pour apaiser les maux de l'âme. Les mots sont comme un doux pansement sur les peines et les chagrins.

Je transmets, j'essaie de le faire, je transmets aux enfants l'intérêt pour les mots, pour leur donner envie d'écrire, leur montrer que les mots sont précieux pour communiquer, échanger, vivre avec les autres, dans une belle harmonie. Leur montrer aussi que les mots peuvent devenir des armes acérées et de ce fait, qu'il est important d'en mesurer la force et le pouvoir, afin de bien les choisir et d'éviter ceux qui blessent.

Je laisse courir mes doigts sur le clavier, c'est ainsi que naissent mes écrits. Une amie m'a dit hier "tu avais les doigts reliés au coeur". Je n'avais jamais entendu cette expression, mais d'un coup, tout s'est éclairé, j'ai compris d'où venait l'inspiration, d'où venait ce besoin d'écrire. Ce sont tous les CRIS à l'intérieur de mon coeur qui jaillissent et l'éCRIture leur permet de prendre leur envol.

Ça fait du bien d'écrire, surtout quand, parfois, on n'arrive pas à dire.