LXXII. Ça va pas changer le monde

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LXXII. Ça va pas changer le monde*

  • 21 novembre

LK : “Oui… Mais heureusement que Chiara m’avait prévenu, sinon j’aurais fait une crise cardiaque ! Déjà que je n’étais pas très vaillant…”

RA : “Tu me racontes ?”

LK : “Well… Quand Mama est arrivée, j’étais encore intubé, je ne pouvais ni parler ni bouger ; je l’ai reconnue doucement, comme dans un mauvais film. Elle a posé ses mains sur mon visage, elle a prononcé mon prénom, et on s’est regardés longtemps, moi muet et engoncé dans toute cette machinerie médicale et elle, tassée autour de moi comme un lierre sur sa branche. Pendant plusieurs jours, du matin au soir, elle a pleuré en silence en me tenant la main ; et moi pendant ce temps, je dormais ! C’est naze, mais j’étais tellement épuisé… Tellement bercé aussi, par sa présence apaisante comme un souvenir d’enfance. Puis elle est repartie, avant de revenir quand j’allais un peu mieux, quelques semaines plus tard. Elle était doucement perdue dans cette chambre australienne, elle murmurait plein de choses en arabe, j’étais comme décalé dans les remous incertains de ma mémoire. C’était… un peu irréel, maybe.”

RA : “Waouh… C’est extraordinaire que tu l’aies enfin retrouvée.”

  • 22 novembre

LK : “C’est surtout Chiara qui l’a retrouvée ! Moi, je n’y croyais plus.”

RA : “And how did it make you feel ? I mean, de la revoir après tout ce temps ?”

  • 25 novembre

LK : “I felt… comme un enfant. Un enfant balafré, déraciné, un peu abruti par la fatigue et les médocs, mais un enfant tout content de retrouver sa maman à la sortie de l’école… Un truc comme ça. C’est un peu ridicule, j’imagine.”

  • 26 novembre

RA : “Je ne vois rien de ridicule là-dedans. Au contraire... Tu n’es pas un robot, Louka.”

  • 28 novembre

LK : “Anyway... Je n’ai pas l’habitude de parler de ce genre de choses. Et je vais devenir fou à force de rester enfermé ici !”

  • 30 novembre

RA : “Il y a un début à tout ;) C’est drôle, tu n’avais plus de mère et maintenant, tu en as deux ! Did they tell you quand tu pourrais sortir de l’hôpital ? Les infirmières ne sont donc pas jolies ?”

LK : “Deux mères… Ce n’est pas faux. I might regret it pretty soon, parce que les deux font la paire : elles se complètent diaboliquement bien, et m’ont fait quelques remarques à ton sujet… Le médecin dit que j’en ai encore pour plusieurs mois. Mon infirmière a cinquante ans, elle est très drôle et elle m’a dit qu’elle avait été amoureuse de mon père pendant toute sa jeunesse. Alors bof… Ma kiné, par contre, est vraiment mignonne !”

  • 2 décembre

RA : “Tu vois, tu n’as pas de raison de te plaindre finalement ! Il faut que tu tiennes le coup, Louka… What kind of remarks ?”

  • 5 décembre

LK : “Je vais tenir, sinon Chiara me tuera de ses propres mains… Remarks like “Au fait, cette jolie jeune fille avait l’air très inquiète pour toi” ou bien, “Romy est vraiment dévouée comme baby-sitter, à venir jusqu’en Australie pour accompagner Mila…”

  • 8 décembre

RA : “And what did you answer ?”

LK : “J’ai dit qu’on avait couché ensemble quelques fois, mais que tu m’avais jeté comme le dernier des derniers après avoir perdu mon bébé.”

RA : “!!!!”

LK : “Just kidding…”

  • 14 décembre

LK : “En fait, je n’ai pas su quoi répondre. C’est Pietro, à mon réveil, qui m’a dit que tu étais venue : je ne me souvenais de rien. Franchement, ça m’a surpris. Happy birthday, anyway !”

  • 15 décembre

RA : “Thank you ! Moi aussi, ça m’a surprise. Je n’ai pas réfléchi, j’ai juste sauté dans l’avion.”

  • 19 décembre

LK : “Pourquoi ?”

  • 21 décembre

RA : “Pourquoi ça m’a surprise ?”

  • 22 décembre

LK : “Non. Pourquoi tu es venue ?”

  • 24 décembre

RA : “Parce que… Je ne sais pas comment dire ; tu fais partie de ma vie, d’une certaine manière.”

  • 25 décembre

LK : “Pourtant les derniers mots que tu m’as dits à New York, c’était justement que tu voulais que je sorte de ta vie… ? J’ai du mal à suivre, Romy. Joyeux Noël by the way !”

RA : “Je sais… Pardon d’être si confuse. Tu es à Cargèse ?”

LK : “Non, à Paris. J’ai pu sortir de l’hosto 48h, mais pas prendre l’avion. Chiara est donc montée, et on a réveillonné chez Pietro et Ingrid. Enfin, réveillonné, c’est un grand mot, parce que je suis tellement crevé que j’étais au lit à 22h… Comme un petit vieux ! Tu veux bien essayer de m’expliquer ?”

  • 26 décembre

RA : “Ce n’est pas facile. Disons que j’ai un trop-plein d’émotions contradictoires quand je suis avec toi. Tout se mélange : l’amour que j’ai éprouvé pour toi sans te le dire, le désir qui se réveille dès que ta peau est à moins d’un mètre de la mienne, la colère que tu aies pu coucher avec une autre à Cargèse, la déception que tu ne le reconnaisses pas, la honte de t’avoir caché ma grossesse et la douleur d’avoir perdu l’enfant, l’envie folle de te revoir et la peur immense de souffrir de nouveau… C’est le bazar dans ma tête !”

  • 29 décembre

LK : “OK… I guess I have absolutely no chance de te convaincre que je n’ai pas couché avec Cinderella on that night ?”

  • 30 décembre

RA : “No ! Et comme je ne te crois pas, ça me rend encore plus furieuse contre toi : because you slept with her AND because you keep lying to me.”

LK : “OK, I won’t try then... Tu sais que pour moi aussi, c’est compliqué ? Pour ça, tu me crois au moins ?”

  • 1er janvier

RA : “Happy New Year Louka ! I wish que tu guérisses vite…”

LK : “Thanks ! Bonne année à toi aussi :)”

  • 4 janvier

RA : “What is compliqué ?”

  • 8 janvier

LK : “Toi…”

* Ça va pas changer le monde, de Joe Dassin ; in Le costume blanc, 1975.

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