83. Luxure et douche chaude

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Julia

Lorsque nous sortons de la voiture avec Arthur, j’ai un peu l’impression de me retrouver devant l’entrée principale de la Chapelle Saint-George. Bon, je n’ai jamais gravi l’escalier de cette église du château de Windsor, je ne suis même jamais allée en Angleterre, mais je me souviens des images du mariage du Prince Harry et de Meghan, quand même. Oui, j’ai un côté très fille, sous le treillis, j’avoue.

Tout est magnifique, dans une opulence écoeurante quand on vient de traverser un tas de gravats où vivaient des gens qui n’ont rien demandé. J’en viens à avoir envie de rejoindre la Rébellion, pour faire sauter leur Palais à la con, ou au moins le conquérir pour loger tous ces Silvaniens malheureux qui n’ont plus rien.

Le regard que nous nous lançons avec Arthur en dit long sur nos sentiments, à cet instant. Honnêtement, jouer la naïve me gonfle fortement, surtout que j’ai eu envie de lui balancer mille insultes, à cet imbécile de Silvanien qui est le vrai manipulé par un président avide de pouvoir et de grandeur. Mais comment le Président peut-il laisser son pays mourir ainsi ? Comment peut-il encore dormir sur ses deux oreilles ? Comment peut-il se regarder dans un miroir ?

- Je suis déçue de ne pas avoir emmené un petit pavé de C4 ou je ne sais quoi, histoire d’abîmer un peu l’ego du Président ou de le faire exploser, murmuré-je à Arthur alors que nous sommes invités à monter les marches.

- Tu pourras lui dire tout ce que tu penses de lui ce soir au dîner. Tu as déjà mangé avec un Président ?

- Non, juste un premier ministre, ris-je nerveusement. Il va falloir cacher les couteaux, je suis sérieuse Arthur, j’ai envie de lui faire la misère quand je vois dans quoi il vit et ce que nos réfugiés subissent au quotidien.

- Écoute, si on arrive à sortir d’ici indemnes, ce sera déjà bien. On n’est pas là pour s’attirer des ennuis, alors on sourit et on dit merci ! Il faut toujours être poli.

- Y a des moments où tu te mets en colère, Zrinkak !? Tu m’impressionnes autant que tu m’agaces, à toujours être zen, ris-je en glissant mon bras autour du sien pour les dernières marches. Sinon, je peux faire ça discrètement, tu sais, le séduire, me retrouver dans sa chambre et pouf, il est mort...

- Pouf il est mort ? C’est ta solution aux problèmes de la Silvanie ? Tu sais qu’ils sont toute une ribambelle, au Gouvernement. Tu es prête à recommencer avec son successeur ?

- On met fin à cette pseudo démocratie et tu deviens le Roi, je suis sûre que ce sera toujours plus démocratique que ce Gouvernement ! Nom de dieu…

Je suis estomaquée par tout ce que vois. Je ne sais même pas où poser mes yeux. Le plafond du hall est une fresque sublime, les moulures partout sont détaillées à outrance. Les tableaux aux murs sont gigantesques et une statue trône au milieu de cette pièce qui doit être cinq fois plus grande que mon appartement. Et cet escalier qui dessert les étages, tout en marbre, sérieusement ? Déjà que je n’ose pas monter à l’étage chez mes parents avec mes chaussures, là, j’ai l’impression que même mes orteils fraîchement lavés ne mériteraient pas de toucher le sol.

- Suivez-moi, je vous en prie.

Merde, on prend l’escalier. Bon sang, je suis sûre qu’on pourrait nourrir tout le peuple silvanien pour des semaines avec l’argent qu’a coûté ce truc gigantesque tellement tape-à-l'œil que j’aurais bien besoin de mes lunettes de soleil.

Plus nous montons les étages et plus je m’inquiète. Ils sont en train de nous emmener dans une aile bien lointaine de l’entrée, et si j’ai bien retenu le plan, malheureusement, loin de toute sortie possible. Pour un départ discret si ça pue vraiment, on est mal.

La porte de la chambre est ouverte par le Silvanien qui s’efface pour nous laisser entrer, est elle aussi plus grande que mon appartement. C’est une suite gigantesque, aux tentures rouge et or, au sol en marbre, aux meubles royaux. Une prison dorée, il n’y a pas de meilleur mot, je crois. Il n’y a même pas de balcon, alors que j’en ai distingué beaucoup en approchant du Palais.

- Le repas est servi à dix-neuf heures. J’espère que vous avez tous deux apporté des tenues plus… Appropriées à une rencontre avec le Président.

Je me retiens de peu de lâcher mon rôle de petite gentille pour l’envoyer chier, et acquiesce docilement alors qu’Arthur va se poster à la fenêtre en silence.

- Rien qui ne rendra suffisamment hommage au Président, j’en ai bien peur, dis-je avec une forte envie de rendre mon dernier repas sur ses godasses cirées. Nous venons du camp, j’espère qu’il ne nous en tiendra pas rigueur.

- Je peux peut-être vous trouver quelque chose.

- Oh non, ne vous ennuyez surtout pas avec ça, j’imagine que vous avez bien d’autres choses à faire, minaudé-je.

- Non, je suis là pour vous servir. Je resterai d’ailleurs dans le couloir, si vous avez besoin de moi, il suffira de demander.

- Pour nous servir ou pour nous surveiller ? dis-je en forçant sur mon rire alors que s’accumulent les ennuis.

- Pourquoi devrait-on vous surveiller ? me répond-il faussement. Vous êtes nos invités ici, on veut bien vous accueillir !

- Est-ce que vous pourrez nous faire visiter, un peu plus tard ? J’aimerais beaucoup prendre des photos des lieux ! C’est tellement beau !

- Bien sûr, je vous ferai visiter la Galerie des Glaces, presque comme chez vous en France, ou le Jardin des Plantes. Et puis, le petit musée des Horreurs, comme on appelle ça, sur l’histoire de la rébellion. Vous allez adorer !

- Je n’en doute pas une seconde ! A plus tard alors, mon cher, dis-je en venant jouer avec sa cravate, lui faisant les yeux doux. Et merci pour votre accueil.

- N’hésitez pas surtout, si vous avez besoin. Je suis prêt à rendre tout type de service pour vous satisfaire. J’ai bien dit tout type, mademoiselle.

- Vraiment ? Quelle bonté ! Je saurai m’en souvenir, souris-je en l’accompagnant à la porte. Merci beaucoup. A très vite, alors.

Je lui fais un clin d'œil et referme la porte derrière lui en grimaçant. Beurk, j’ai l’horrible impression de me vendre pour m’assurer une possible emprise sur cet imbécile qui n’y voit que du feu. Je me laisse tomber sur le canapé en soupirant.

- Tout va bien, Arthur ? lui demandé-je alors qu’il est toujours posté devant la fenêtre.

- Tu n’es pas obligée de lui faire du charme, à ce sous-fifre. Je pensais que tu rigolais quand tu disais que tu allais draguer le Président, me dit-il visiblement jaloux.

- Je rêve ou c’est de la jalousie que je décèle dans ta voix, Beau gosse ?

- On dirait qu’il te plaît bien, tu craques pour tous les Silvaniens ou quoi ? rétorque-t-il avant de s’arrêter devant mon air étonné. Oh ! Je viens de comprendre. Tu jouais un rôle… Je suis con !

- Je vois que tu as une haute estime de moi, Arthur, ça fait plaisir, bougonné-je. Est-ce que je t’ai donné l’impression de draguer tout ce qui bouge jusqu’à présent ?

- Non, désolé, je suis perturbé, ici. Toute cette richesse, cette opulence, alors que le peuple meurt de faim. Je…

Il s’arrête tout à coup puis s’approche de moi et vient s’asseoir sur le canapé avant de me chuchoter à l’oreille :

- Oups, j’ai failli dire une bêtise. La chambre doit être sous écoute, méfions-nous.

- Sans doute oui, bien vu Monsieur l’espion, souris-je en l’embrassant au coin des lèvres. Tu veux bien m’embrasser ? Au moins, aucun risque de dire des bêtises…

- Oui, encore désolé pour ce que j’ai dit. J’ai juste réalisé que ça me faisait mal de te voir ainsi minauder avec un autre. Je n’ai même pas le droit d’être jaloux, en plus. On ne s’est rien promis.

- Je peux t’assurer que tu n’as aucune raison d’être jaloux, surtout. Promesse ou pas, dis-je en l’enlaçant.

- Tu as vu qu’il y avait un grand lit dans la chambre à côté ? me susurre-t-il alors que ses lèvres viennent se poser sur les miennes et ses mains s’emparent de mes hanches.

- Hum… On parle sérieusement et toi tu me parles de cul ? Je vois, ris-je en me levant.

- Il faut qu’on se change pour le dîner, tu comprends. Ça implique d’enlever nos vêtements, il me semble. Pourquoi pas joindre l’utile à l’agréable ?

- Moi, j’ai envie d’une douche, dis-je en haussant les épaules avant de me diriger vers la salle de bain.

- Ah oui, je pense que c’est une bonne idée. Ici, il doit y avoir eau chaude et savon à volonté !

J’attrape sa main au passage et l’attire avec moi dans la pièce, tentant de ne pas faire attention à la décoration toujours plus tape-à-l'œil. La douche à l’italienne est gigantesque, toute en marbre, une fois encore, et je ne peux retenir un soupir d’exaspération.

- C’est fou de laisser mourir son peuple quand on a les moyens d’avoir une telle infrastructure, murmuré-je en commençant à me déshabiller.

- C’est fou, oui, mais ça le serait encore plus de ne pas en profiter un peu, m’indique-t-il alors que ses mains fébriles viennent se poser sur mon corps pour finir de me mettre nue.

Je m’attèle à le déshabiller également et l’érection que je trouve entre mes doigts me prouve que je ne suis pas la seule à trouver la situation excitante. Est-ce le danger qui nous met dans cet état ? En tous cas, nous avons autant envie l’un que l’autre de nous laisser aller à ce désir qui nous consume.

J’allume l’eau de la douche et sens Arthur venir se presser dans mon dos. Ses lèvres se posent dans mon cou et ses mains empaument ma poitrine alors qu’il m’entraîne sous le jet d’eau. Je me retourne entre ses bras et me jette sur ses lèvres, sentant son excitation contre mon ventre et ses mains sur mes fesses afin de me coller contre lui. Sa bouche vient ensuite se glisser à nouveau dans mon cou et je lève la tête, me prenant ainsi le jet d’eau en pleine face. Je le repousse un peu afin de reprendre mon souffle et Arthur en profite pour saisir mes tétons entre ses lèvres. Mes mains s’activent sur sa virilité et je suis toute excitée à l’idée de le sentir à nouveau si dur et si tendu en moi.

Quand ses mains s’emparent de mes hanches et qu’il me pousse contre la paroi de la douche, je ne résiste pas et je pose mes mains au-dessus de ma tête en me cambrant devant lui, lui offrant ainsi la vue sur mes fesses relevées. Je le sens faire glisser quelques instants toute sa longueur entre mes fesses et me surprends à l’imaginer me posséder quel que soit la façon de procéder. Je porte ma main à mon intimité et me caresse alors que son sexe commence à s’insérer en moi, écartant mes lèvres de manière lente et intense. J’ai l’impression qu’il s’insère en moi pour la première fois, alors qu’à chaque fois, je connais et retrouve avec joie ce plaisir de m’unir à lui.

Il entame alors de lents mouvements et je suis surprise de la réaction de mon corps qui témoigne de son impatience. Lui, j’ai l’impression, apprécie prendre ainsi son temps sous l’eau chaude qui nous recouvre, créant autour de nous un nuage de vapeur nous éloignant du reste du monde. Nous sommes dans notre bulle et il est en train de créer chez moi un orgasme comme seul lui est capable de le faire. Sa bouche dans mon cou, ses mains sur mes seins, ses doigts qui pincent mes tétons, mes fesses qu’il vient frapper contre son bas-ventre, les sensations sont explosives et je gémis sans retenue, excitée encore plus à l’idée que quelque part, des gardes silvaniens profitent du spectacle que nous leur offrons.

La puissance avec laquelle il me prend me rend folle. Dans cette position, je le sens venir frapper à cet endroit magique qui me fait perdre tous mes moyens. Je n’arrive même plus à me tenir contre le mur et ce sont ses bras musclés qui me maintiennent debout alors que sa queue me prend avec vigueur. Je me soumets entièrement à ses assauts et lorsqu’il émet un râle profond et que je le sens exploser en moi, c’est comme si le barrage de mes émotions cédait et je jouis sans pouvoir retenir ni mes cris, ni mes mouvements autour de sa verge qui se déverse en moi.

Je m’appuie lourdement contre le mur et sens Arthur me redresser contre lui, plaquant son torse contre mon dos alors qu’il me serre dans ses bras. Je ris, essoufflée, ce qui le fait grogner contre mon épaule.

- Pardon, c’est juste que… Bon sang, comment tu fais pour viser systématiquement juste ?

- C’est une vraie question ça ? Je dois la prendre au sens littéral ? me demande-t-il en souriant.

- Oui, non, j’en sais rien, ris-je en caressant sa nuque. C’est juste que… C’est fort, intense et bien trop souvent jouissif pour être normal.

- Je te rassure, jamais je n’ai éprouvé de telles sensations avec une femme. J’ai l’impression que nos corps sont faits l’un pour l’autre. A tel point que j’ai presque déjà envie de recommencer. Mais le Président nous attend. Et je ne sais pas quand je pourrai redire une telle phrase, rajoute-t-il en riant.

- Tu passes de jaloux à romantique en un rien de temps, Beau Bûcheron, souris-je en l’embrassant tendrement. Je… Tu as raison, oui, il ne faut pas faire attendre le Président. Juste encore une minute loin de tout ça, d’accord ?

- Une minute ? Tu veux recommencer et faire ça aussi vite ? se moque-t-il gentiment de moi.

Je ris en nichant mon nez dans son cou et profite de ses caresses encore un moment avant de devoir nous séparer pour aller rencontrer le Président. Un petit moment d’intense normalité avant de jeter le Bûcheron, fils de la Gitane, dans la gueule du loup. On méritait au moins ça, non ?

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