Fracas

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Je suis l'obscurité.

Une part d'ombre emplie mon cœur, je suis l'adoration.
Un opaque nuage, grisâtre ; ce voile nébuleux qui, au-dessus de ma tête flotte comme l'aura d'un condamné. Il est de ceux qui, dans la noirceur se complaisent. Un point d'ancrage, l'axe de ce monde que je réduis en cendres. Il est mon absolution, ma dévotion, comme un point de gravité dans l'immensité de cette déchéance tant redoutée.

Je suis l'obscurité.

Mes membres tremblent et mon palpitant s'acharne. Devant cette croix, mon sang pulse jusqu'à grouiller, tel un million de pattes sous ma peau écorchée. De la haine s'élèvent l'amour et la fascination, comme un cri perçant ce silence est ma pénitence. Éternel abandon, ma voie s'efface comme s'épanche l'éther à mes pieds embourbés. Il est le souverain de mon monde embrumé.

Je suis l'obscurité.

Par-delà les hurlements de souffrance s'écoulent mes larmes d'hystérie. J'aimais ma vie car il en faisait partie, suis-je ce fou à qui la repentance est interdite ? Suis-je ce tentateur qui, dans la douleur se repaît ? Je suis ton autre, ton toi, ton cœur qui ne bat pas. Oui, je suis là, ne me vois-tu pas entre les brumes de cet amour condamnable et immoral. Je suis ton fervent admirateur.

Tu es l'obscurité.

De tes doigts découle la cruauté, celle qui, dans un frisson m'étreint l'âme et la raison. Dans tes yeux pétille la folie divine, courroux des anges qui ne nous guident plus. Je suis la solution à tous tes maux, mon meurtrier aux mains de velours. Lorsque la nuit se lève, le monstre se réveille. Le tien. Le mien. Le nôtre, car finalement, nous ne sommes qu'un. Nous formons un tout qui, dans un fracas assourdissant, fait perler le sang des pécheurs avilissants.

Tu es l'obscurité.

Tu es ma religion, mon Roi, ma cruelle passion. Suis-je malade de t'aimer, toi, le blasphème personnifié ? J'observe la nef, purifie mon être les mains dans le bénitier. Il y a de l'hémoglobine à nettoyer. Une œuvre d'art, si belle, si colorée, personne hormis toi, mon adoré, mon aimé, ne peut comprendre la magnificence de cette scène macabre. Y aura-t-il, après le châtiment seigneurial, une ultime étreinte ? Après le désespoir de nos âmes revanchardes découlera-t-elle, cette finalité si espérée ?

Tu es l'obscurité.

J'irai à confesse lorsque, crucifié, ton corps me hantera. Dans mes rêves, mon Seigneur si beau, tu ris, tu pries et puis tu vis encore un peu. Accepteras-tu mes plus sincères excuses lorsque les regrets de l'abomination me martyriseront ? Chériras-tu, entre nos draps, mon épiderme qui ne réclame que la froideur de ta chair malmenée ? J'ai pourtant fait ce qu'il fallait, ô mon si bel archange sanguinolent, comment te demander pardon après cette trahison ? Sois pourtant certain, qu'après une dernière prière, je retrouverai la joie d'être dans tes bras, parce que...

... nous sommes l'obscurité.

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