Fragrances

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Je t'ai laissé tomber, je suis désolé. Pardonne mon impulsivité mais dans la brume, mon cœur suffoque. J'ai souvent tenté de t'enchaîner, d'unir nos âmes afin de ne jamais vivre sans toi mais la lucidité m'a rattrapé.
Lorsque dans le noir j'imagine ta peau, mon esprit s'égare vers de tristes contrées. C'est vrai, pourquoi n'es-tu jamais parvenu à te défaire de moi ?
À trop t'aimer, j'ai terni l'étincelle que je trouvais si jolie, cette douce lumière dans ton regard. Dis-moi seulement, comment peut-on s'adorer si fort mais si mal, finalement ?

Mon bardage sous les bras, j'ai pris la fuite sans me retourner. Je suis parti tel l'anonyme que j'ai toujours été. Qui, hormis toi mon beau désespéré, s'apercevra de cette absence qui te rongera ? J'ai opté pour la facilité, à défaut de te perdre pour l'éternité. C'est dans un bain de sang et tragiquement que ton souffle se serait coupé. Et puis moi, dans l'éther je me serais roulé, le nez embaumé par les fragrances métalliques de cette vie qui s'effacerait.

Dans un hurlement tonitruant, mon agonie déchire le ciel ; puis le silence réapparaît, la Lune brille et mon cœur gît, là, à mes pieds engloutis par la terre. Enseveli par les regrets, j'erre tel un funambule sur son fil barbelé. Chaque pas est un supplice, sans toi, sans ta douceur et les bleus sur la pâleur de ta peau. Je t'ai sauvé, de moi, de toi et de notre amour cataclysmique. Pardonne ma raison, elle m'a poussé loin de ton corps que je chérirai jusqu'à ma mort. Dans des psaumes muets, c'est ton nom que je réciterai. Je prierai, non pas le Tout-Puissant mais mon aimé désespéré.

J'imagine ton être endormi, étouffé par les sanglots, le dos sur le bitume brûlant. J'ai songé à revenir, c'est vrai, j'y ai pensé, puis mes mots se sont bousculés sur une feuille de papier. Je l'ai chiffonnée, puis lissée jusqu'à pleurer dessus pour que tu puisses humer le parfum salé de ma douleur. Dans un imbroglio de sentiments, j'ai fredonné la mélodie de nos années passées, en criant de désarroi, en souriant d'amour et en riant d'hystérie. Cette folie, elle grignote chaque part de moi, toutes celles qui, éternellement, seront à toi.

J'ai anéanti la nuit et les étoiles en vociférant ma douleur dans ce calme bruyant. Les genoux à terre, je m'avoue vaincu. Flagelle-moi une fois, cent fois, d'être lâche, le cœur brisé en mille éclats acérés. Sous l'obscurité de mes paupières, je teinte ton épiderme, marbre ta peau en me gorgeant de tes soupirs de détresses. Inhale cette agréable fragrance, encore une fois, encore un peu. C'est l'odeur de l'hémoglobine qui trace ses chemins pourpres sur un organe qui ne bat que pour toi.

Lorsque tu recevras mes quelques maux, ne me déçois pas. Ne viens pas à ma rencontre sous risque de disparaître dans d'atroces souffrances. Sois sans crainte, je te rejoindrai l'instant suivant mais, plus belle sera l'éternité si tu la passes loin de moi. J'ai renoncé, fais en autant ou fais semblant. Qu'importe la raison, mon cœur ébréché palpite pour le tien, il pulse et résonne tel le chant funèbre. J'ai laissé dernière moi, la nécropole de mes sentiments brisés, pour que tu puisses t'y reposé lorsque l'orage grondera. N'y dépose pas de fleurs, ou seulement un bouquet de chrysanthèmes si l'envie de te recueillir te lacère les tripes.

Dans un courant d'air, le vide se transforme en toi et ta peine résonne en moi. Tes pleurs me parviennent, comme si, le vent te portait jusqu'à mon corps en manque du tien. Pardonne-moi, je choisi de m'éteindre, lentement, en hurlant, que de te briser de mes mains assassines. C'est ineffable, ne le comprends-tu pas ? La rage bouillonne dans mes veines. Aveuglé par la haine, je préfère y mettre un terme avant que ne gisent deux êtres agonisants. Dans le silence de la nuit, je briserai les nuages en t'appelant. Souviens-toi seulement, que je t'offre une nouvelle vie à partir de maintenant. Ne m'oublie pas, pense à moi parfois, jusqu'à ce que tes rêves t'amènent dans mes bras.

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