Fatalité

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Perdu entre ici et ailleurs, j'erre de rêves en songes à la recherche d'un Éden aux mille couleurs. Quelques saveurs fruitées sur le bout de ma langue quémendeuse de ta peau vénéneuse. Semblable aux épines de cette chère Rose, ton contact est douloureux lorsqu'il aime jusqu'à la damnation. De ces sentiments inavouables à la clairvoyance d'une relation instable, j'ai versé des larmes de sang obscur pour panser un cœur martyrisé.
Mais dans un hurlement de colère, le monde a égaré l'étincelle de compassion ; celle qui baignait l'atmosphère d'une clarté si désirée.

Cette peine immense comme pénitence, nulle place pour ta repentance. Le fouet a résonné sur nos épidermes carminés, vociférant la haine et l'irrationnel.
Je clamerai ton innocence lorsqu'en un refrain macabre les chœurs du Diable entonneront ta déchéance. Enchaîné, ton corps repose aux pieds du vicieux aveuglé par l'intolérance. Qu'en est-il des prémices de l'amour poétiquement funèbre qui nous berçait sur un lac gelé ? Permets-moi, entre deux sanglots destructeurs de murmurer la genèse du désespoir. Celui qui fait chavirer mon âme, à la dérive, jusqu'à mourir étouffée par les vagues sanguinaires.

L'orage gronde comme l'orchestre symphonique de ma mélancolie. Il hurle sa rage, son amertume et les réminiscences d'un passé enfoui. Tel un pantin désarticulé, je me laisse guider vers l'Enfer et ses flammes. En pleine dépression sous un ciel sombre veiné d'éther à l'odeur de putréfaction.
De cette merveilleuse attraction découle l'affection purpurine.
Lorsque les puritains énoncent leur adoration pour un Dieu inexistant, mon regard cherche le tien. Qu'en est-il de toi, mon Roi lunaire ? Où sont passés tes rais de lumière qui, dans l'obscurité de mes pensées éclairaient mon parcours mortuaire ?
Tu as perdu la foi, la raison et laissé dernière toi mon cœur à rapiécer. Agenouillé, c'est en ton nom que je prierai, comme éternel paradis, en quête de l'absolution à toutes nos fautes. Aussi sombre soit l'ultime chemin, si entre les allées ma peau s'égratigne, je suivrai ma route pour relier nos esprits fous.
Fou, je le suis, de toi et de ta voix. De tes mains maladroites et de ta souffrance palpable dans un air irrespirable. Si le jardin divin devient géhenne immorale, si les nuages de cotons deviennent feu et que l'océan se transforme en bagne, si ton âme se joint à la mienne, l'éternité me semblera supportable.
Sublime est le supplice du vice si tes doigts caressent ma peau. Telle est la fatalité. Si pénible est l'avancée, notre baiser au goût acidulé de sang et de morosité, pansera toutes les plaies à la douleur inexpliquée.
Je pardonnerai chacune de tes erreurs lorsque les Anges briseront le silence en un cri strident. Je serai ta délivrance, les paumes sur l'autel enflammé, je hurlerai ta résistance.
Parce que le Tout-Puissant lui-même n'est pas apte à éteindre le brasier de notre amour sanglant.
Au-delà de la mort et du néant, certains sentiments sont indestructibles. Si mon cœur ne bat plus, que le tien s'affaiblit, on se retrouvera dans la geôle des écorchés.

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