Le Cœur Du Diable

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Parmi ces chœurs angéliques, je murmure mes pleurs névralgiques.

Qui m'entend lorsque les rouages de mon esprit cèdent sous le poids de mes malheurs, et de ses erreurs, de ses horreurs ?

J'ai vénéré son corps, aimé son cœur, jusqu'à me complaire dans le chaos de sa colère. J'ai toléré l'impensable lorsque ses mains ont effleuré mon âme, acceptant d'entrer dans le cercle vicieux de sa folie.

Et, de mes doigts, j'ai fait couler l'éther rougeoyant pour contenter la descendance du Diable. Entre les corps amoncelés, j'ai succombé au désir jusqu'à souiller les dépouilles putrides, victimes de son acharnement, de mon amour pour lui.

J'ai opiné, souri quand il a énoncé ses sombres pensées. D'une main de fer, il a tiré les ficelles de ma dépendance, m'incitant à commettre l'irréparable pour apaiser ses obscures envies.

Le canon sur la tempe, je me suis lancé dans l'engrenage. Barillet chargé, j'ai apprécié ce jeu de hasard dont il m'a contraint à participer. Roulette russe des sentiments, aimer ou crever, il faut choisir.

Lorsque l'abomination s'est étendue sous un derme pourri, le silence devenu fil de mes pensées, j'ai enterré les secrets de sa cruauté. J'ai égaré des plaintes lorsque le sournois disparaisait à l'aurore des jours emplis de culpabilité. C'est sous un ciel étoilé qu'il m'a susurré sa dévotion pour plus vil que lui, souriant à la vie quand dans des prières lugubres il chérissait le maudit, tandis que fasciné, j'exauçais tous ses souhaits.

C'est à l'aube de mon amour qu'il s'est servi de moi, tel un pantin soumis au bon vouloir d'un marionnettiste malsain, j'ai laissé perler le sang des innocents. Maître dans l'art de la persuasion, il m'a soutiré mon funeste accord lorsque son corps a rencontré le mien. Dans un gémissement de plaisir, ses lèvres ont dévoré les miennes pour mieux m'ensorceler.

Le cœur battant, j'ai renoncé à ma lucidité pour la compagnie d'un être abominable. Dans le tumulte de mon esprit, je sanglote encore ma triste décision, celle qui m'a poussé à perdre mon humanité.

Les genoux à terre, j'ai imploré le Tout-Puissant de pardonner mes fautes. À l'aube de ma dernière heure, j'ai supplié l'invisible, l'impossible, d'effacer mes péchés. Condamné à errer dans les brumes vaporeuses de la désolation, je hurle mes regrets à qui se complait à m'écouter.

Innavouables sont mes sentiments pour celui qui a fait naître le désir au creux de mes reins.

C'est à l'ombre d'un pleureur abandonné que je l'ai rencontré. Il a souri et égayé mon monde incolore, ajouté quelques teintes bleutées pour ravir son esprit aliéné. Étais-je si défaillant que lui pour tolérer les atrocités qu'il m'a murmuré ?

J'ai saigné des torrents de larmes pour assouvir les plaisirs d'un être dément. Dès le premier regard il m'a envoûté, de ses yeux couleur ébène à sa chevelure de jais, jusqu'à la pâleur maladive de sa peau parfaite. Qui aurait pu imaginer qu'une telle beauté soit capable de tant de cruauté ?

Dans un silence bruyant, il m'a fait l'amour jusqu'à ce que jouissent nos corps alanguis, je crois que je l'aimais déjà ce soir-là. Puis, au lever du jour il s'est évaporé, soufflant quelques excuses feintes sous un ciel orangé, face à mon regard implorant et ma peau marbrée de son animosité. Plusieurs nuits se sont écoulées tandis que je cherchais l'obscurité de son regard sous l'ombre du saule abandonné. C'est lors d'une tempête qu'il m'a retrouvé, recroquevillé sous les branches de notre arbre effeuillé. J'ai pleuré de soulagement quand ses doigts m'ont caressé, souri de satisfaction lorsqu'il me l'a demandé, cette nuisisble obsession pour laquelle il souhaitait ma participation. Pour sa compagnie, j'aurais accepté de mettre le feu à l'océan, pourtant c'est mon âme que j'ai malmené.

Je l'ai d'abord observé, puis je me suis mêlé à cette danse macabre quand il m'a invité. Étais-je trop naïf de croire qu'il m'adorait ?

J'ai cru mourir de chagrin lorsqu'il m'a délaissé, me laissant seul avec le poids de mes regrets. Comment pouvait-il m'abandonner alors que sur mes mains pleurait le sang des désespérés ? J'ai ôté des vies pour un être que j'aimais au point de me damner, jusqu'à faire couler le sien pour avoir fait de moi un meurtrier esseulé. J'ai admiré son corps agonisant, jouissant de la magnificence de ce tableau peint en pourpre qui me souriait.

Désormais, je suffoque, me noie dans une eau aussi nauséabonde que l'hémoglobine de mes funestes victimes, murmurant mes pleurs névralgiques parmi ces chœurs angéliques. Je demande pardon, souffle mes remords à l'ange de la mort qui refuse d'alléger la peine de mes sombres erreurs.

J'ai aimé un être abject, devenant un homme immonde pour contenter ses plaisirs prohibés.

C'est en priant que je finirai ma vie, tristement célèbre est mon nom sur les lèvres des croyants. J'ai sali mon existence, souillé mon avenir et calfeutré mes rêves pour devenir la hantise des religieux perdus.

Et, j'ai aimé le cœur du vil pour finir dans le chœur du Diable à chuchoter mes sentiments maudits, pleurer mon aimé égaré, chercher mon âme envolée.

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