La donnée

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Les personnages encapuchonnés guident la femme sans prononcer le moindre mot.

Aucune parole n’est plus de mise, tout a déjà été dit.

Deux d’entre eux tirent sur les chaines qui encadrent la porte qui a été mainte fois solidifiée.

Sous leurs tractions, la pesante barre d’acier qui verrouille l’ouverture se soulève lentement.

L’ambiance est lourde, l’angoisse des participants en devenant presque palpable.

Et si le rituel ne se déroulait pas comme prévu ? Et si quelque chose dérapait ? Et si… ?

Chacun tremble au fond de lui, mais nul ne le formulera.

Les imposants battants grincent dans un bruit d’enfer au moment d’être ouverts.

Une odeur indescriptible, mélange de trop d’horreurs, s’exhale de l’intérieur, ce qui en contraint certains à porter la main à leur visage, dans un geste de protection.

La femme, pour sa part, est prestement invitée à avancer.

Les officiants veulent en finir au plus tôt avec leur besogne.

Elle frissonne dans le vent frais du matin, mais son pas ne connait aucun doute… c’est pour éviter à tous les autres un sort incomparable qu’elle fait cela.

Bien sûr qu’elle a peur !

Mais c’est pour le bien du plus grand nombre… C’est, du moins, ce dont elle doit se convaincre de tout son cœur.

Tous les regards la suivent alors qu’elle progresse en direction des ombres derrière la porte.

Que ce soit ceux des personnages encapuchonnés… comme ceux des êtres tapis dans cesdites ombres.

En peine passe-t-elle le porche, que chacun des hommes s’active à refermer le plus vite possible la porte dans son dos !

L’obscurité est absolue autour de la sacrifiée, mais celle-ci persiste à poser un pied devant l’autre, sans s’arrêter.

Le sol est irrégulier, aussi elle trébuche à plusieurs reprises. Pourtant, elle poursuit son chemin.

Au fond de la grotte, il lui faut aller au fond de la grotte.

C’est ce qui est convenu.

Qu’importe ceux qui l’encerclent déjà. Ce n’est que l’escorte. L’avant-garde. Les représentants.

Son pas ne se fait gagner par le doute qu’une fois les ténèbres percées par une lueur.

Celle-ci, grisâtre, est si faible, que la femme ne voit guère davantage où elle met les pieds, mais c’est suffisant pour qu’elle puisse imperceptiblement deviner ce qui l’entoure…

Les faces hideuses, les membres disproportionnés, les peaux nues, les os brisés abandonnés au sol, les griffes trop longues, les yeux démoniaques rivés sur l’objet de leurs désirs, les crocs exposés, les doigts se tendant déjà, les masses de graisses des uns et les formes squelettiques des autres… mais surtout, surtout : l’horreur inhumaine qui leur est commune à tous.

Tout ceci, généreusement saupoudré de la faim qui les tenaille face à la chair qui leur est offerte.

La femme hurle de manière incontrôlable, sa belle assurance envolée, en même temps que sa noble pensée sacrificielle ! Que quelqu’un d’autre vienne à sa place, qu’on la sorte de ce lieu de cauchemars, elle voudrait être n’importe où sauf ici !

Cette réaction semble agir comme un signal de départ !

Dans l’instant, des ongles se saisissent des tissus de sa robe, laminant celle-ci.

Les rires jouissifs résonnent, gutturaux, grinçants, ou plus simplement affamés.

Des mains l’empoignent, en nombres, se disputant la priorité.

Des langues impudiques et trop longues, épaisses, ou souples lui passent sur sa peau mise à nue.

Elle sent le toucher des peaux trop dures ou molles, des écailles ou d’obscènes absences d’imperfections, des poils rêches ou des fourrures drues…

Des dents lui agressent l’épiderme, qu’elles soient fines, larges, pointues ou plates.

Les odeurs métalliques du sang et de la terreur, se mêlent à celles de la faim et de la lubricité.

Les appendices se trouvant, pour la plupart, au niveau de l’entre-jambes des êtres, sont désormais bien dressé dans l’obscurité tout juste éclairé.

Ils attendent depuis suffisamment longtemps pour être pressés.

Quand bien même ils ne manquent pas de se soulager également entre eux, rien ne vaut une petite proie gigotant et apeurée, que l’on leur offre à l’occasion pour les contenir dans leur antre, derrière les portes scellées !

Aucune délicatesse, prévention ou attention dans l’acte qui s’ensuit.

Ça se pousse, ça se dispute, ça s’arrache la pauvre femme, ça ne se préoccupe que de son propre plaisir, et ça ne prête pas d'interêt à s’ils rentrent dans de la chair vivante ou déjà morte.

Seul l’instant leur importe, pour l’instant.

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