Lettre à mon DRH
Monsieur le directeur des ressources humaines.
Je me permets de venir à vous par ce présent courrier car je n'ai pas d'autres solutions.
Je n'ai pas oublié le jour où, Monsieur le directeur, lors d'un précédent entretien et par un geste de haute humanité, vous avez daigné accéder à une demande faite de ma part pour l'attribution d'un acompte.
Je vous en sais gré pour ce geste qui témoigne de votre sensibilité aux problèmes que peut rencontrer aussi bien le salarié pauvre Adrien de saint-Alban que quiconque connaît des soucis d'argent en ces temps macroniens, notamment ceux liés à l'endettement. Problèmes qui peuvent perturber l'équilibre mental ou psychologique en affectant autant la vie privée de l'employé que sa vie professionnelle. Je vous rassure tout de suite, Monsieur le directeur, je ne suis pas encore acculé au suicide. Il y a encore des agriculteurs et des auto entrepreneurs devant moi. Mon tour viendra peut-être. Mais pour l'instant, ce n'est pas à l'ordre du jour.
Je rencontre depuis un certain temps maintenant des soucis financiers difficiles à résorber et dont j'ai fait part au président Macron. Mais je tiens à vous préciser qu'il s'en branle royalement. Préférant engraisser les migrants et le chiendent.
Je sais, je n'aurais peut être pas dû dire "s'en branle".
En tous les cas, ma situation l'indiffère. J'ai essayé d'alerter sa Majesté Macron sur ma situation par des coups de fils désespérés sur son portable. Sans succès. On m'aurait expliqué que c'est comme sous un tunnel au Taj Mahal la communication ne passe pas.
Et puis, il a mieux à faire avec sa mère...ou sa femme ...ou sa grand-mère... enfin la personne qui lui sert ses tartines au nutella le matin sur le lit .Ou peut-être est il avec son mec viré de radio France, comment il se nomme déjà? Enfin bref, chacun son truc, vous me direz.
Maintenant rien ne m'étonne dans ce pays que l'on nomme encore la France!
Félix Faure a bien fini dans les bras d'une pute.
Je sais,je n'aurais peut-être pas dû dire "pute".
La régularité des acomptes mensuels témoignent de ma situation plus que critique. J'ai la crève et le manque d'argent m'empêche de me soigner. Mon cas ressemble, hélas, à celle de millions de mes concitoyens. Ma situation de travailleur pauvre m'oblige à surseoir aux soins. Oui, Monsieur le directeur des ressources humaines, j'ai honte de ma situation de travailleur pauvre.
Vous me direz, je peux payer par chèque. Oui, mais jai honte. Mon chèquier usé jusqu'à la corde, ne ressemble plus depuis longtemps à un chèquier mais une feuille morte et desséchée. J'ai doublement honte. Je serai obligé de sortir mon chéquier fripé jusqu'à la corde, d'avouer ma misère financière à mon médecin en l'implorant d'attendre la fin du mois pour encaisser le chèque, non c'est trop me demander.
Par conséquent, selon les conseils de Madame l'assistance sociale et afin de m'affranchir définitivement de ma position de surendetté, j'ai constitué un dossier auprès de la Banque de France. J'ai été voir le Monsieur de la banque de France. Il a été ravi de m’accueillir. Apparemment, il avait l'air habitué à ce genre de situation. Je m'attendais à lui voir une mine triste et empathique. Que nenni! Il m'a presque reçu les bras ouverts et le sourire aux lèvres, comme un frère de galère. Comme un héro du surendettement.
Cependant, afin de pouvoir vivre décemment jusqu'à la fin de ce mois et d'honorer des dépenses pour lesquelles je me suis engagé, pourriez vous consentir, Monsieur le directeur, à ce que je puisse obtenir un acompte "exceptionnel" de 500 euros.
Ah, je vous entends murmurer un "encore!", contrit.
Je puis vous assurer, Monsieur le directeur, que seule ma sincérité peut donner crédit à la présente sollicitation.
Veuillez avoir l'assurance sincère de ma gratitude , Monsieur le directeur, ainsi que toute ma considération .
Adrien, travailleur pauvre.
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