La dernière nuit où j'ai vu les étoiles...

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Des images dansaient devant moi, elles prenaient des formes agréables, réconfortantes. Et pourtant, je n'avais aucun mots pour les décrire. Chaque respiration me tenait en laisse, impossible d'échapper à la mort lente qui m'attendait.

Dehors, il y avait ces montagnes de poussières, elles bougaient et dévoraient inlassablement la moindre parcelle de vie qui aurait eu le malheur de survivre. Dans cet insidieux silence, il n'y avait que moi et mon masque, dernier rampart contre ma propre déchéance. Il n'y avait nulle part où partir, nulle place pour rêver, à quoi bon vivre ?

L'espoir... La vie aime nous faire croire qu'un monde meilleur nous attend, mais n'y a-t-il pas chose plus terrifiante que de voir la poussière devenir votre quotidien, être la seule chose à voir, la seule chose à entendre. C'était un silence de mort.

Les immeubles étaient figés, les lumières qui s'échappaient autrefois de leurs vitres n'étaient plus qu'un souvenir. Seul les étoiles égayaient le voile obscur de la nuit, m'indiquant l'entrée du parking souterrain où se tenait mon abri.

Les rêveries étaient d'un mince réconfort, mais elles n'étaient que factices.

À quoi bon vivre ?

L'eau abondait, les pollutions s'en étaient allées. Les particules fines et les impuretés de l'air, des fleuves, de la terre... Tout se fixait à cette poussière noirâtre. Le filtrage demandait beaucoup d'énergie, et la transpiration ma pire ennemie. Ça collait, tout me collait.

Les rues et allées étaient désertes, les grandes infrastructures résistaient encore à l'érosion ; dernières traces de la civilisation humaine et de sa gloire passée.

Le problème, c'était la nourriture. Mon éventail de choix se réduisait considérablement jour après jour. Il y avait encore ce petit supermarché, à quatre kilomètres de l'avenue de l'Hôtel de ville, les conserves y étaient bonnes. Les gens du centre-ville pouvaient se permettre ces petits plaisirs...

Les gens... Leur chaleur, j'aimerai me rappeller la sensation de caresser la peau de quelqu'un. La mienne n'était pas toujours hydratée, et mes lèvres... Ah ah, je pense que Miya n'aurait pas appréciée... Miya. Elle était souvent souriante, mais avant son départ, je l'avais trouvée plus sombre.

Je pense qu'elle savait que nous ne nous reverrions plus jamais. On avait vu les catastrophes s'enchaîner, sans y prêter réellement attention, jusqu'à la dernière, celle où l'on a tous regretté de ne pas avoir pris en main la situation. Pourquoi continuer à vivre ? Il n'y a plus rien. Il n'y a plus rien.

Pardon.

Pardon à toutes ces personnes qui l'avaient criés, de toute leur âme, de tout leur coeur. Ils l'avaient compris, j'étais un ignorant. J'aimerai pouvoir leur dire pardon.

J'aimais le monde, ses couleurs, ses bruits, ses si belles odeurs et celle de Miya. Ce tableau est gris, je n'ai plus qu'une chose à faire.

Et la poussière, cette poussière noirâtre qui colle et qui érode, elle l'avait emporté vers le néant. Un néant duquel même la vie ne peut réchapper... Duquel même les rêves ne trouvent nulle place pour exister.

Le néant.

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