Panique à bord
7 heures 45. Je suis à peine installée que l’autocar s’ébranle. Nous sommes mercredi, comme tous les mercredis de toutes les semaines lorsque l'on a une activité professionnelle. Je prends chaque jour -et ce depuis quelques années- le car qui m’amène une heure durant, de mon domicile jusqu’à mon lieu de travail. Pendant le trajet, le plus souvent, je lis, mais aujourd’hui, j’ai envie d’écouter de la musique. Je prends mon smartphone, mes écouteurs et sélectionne une chanson sur ma liste de morceaux favoris. Je me cale un peu plus profondément sur mon siège.
Au bout de dix minutes, je ressens soudain une sensation de picotements dans la nuque. Quid ? Non, il ne manquait plus que ça ! Je reconnais ce signe avant-coureur, cela faisait pourtant longtemps que cela ne m’était pas arrivé !
Merde, merde, merde !
J’essaie d’ignorer ce signe, mais à présent, je sens ma poitrine se serrer, comme dans un étau et je commence à transpirer. Mon rythme cardiaque s’accélère, j’ai le souffle court, j’ai une boule dans la gorge. Je n’arrive plus à penser rationnellement. "S’il te plaît, NON, pas dans le car !" Près de moi, une jeune fille est installée, inconsciente de ce qu’il m’arrive. Tant mieux, c’est la honte, en plus j’ai horreur d’attirer l’attention sur moi.
Il faut que je respire lentement par le ventre, comme on me l’a appris, et que je me concentre sur une belle image : une île, un champ de fleurs, un coucher de soleil…
Il ne faut pas que je m’affole.
Facile à dire ! Maintenant, la crise de panique est bien là : mes picotements se font plus intenses, ma nuque est raide, mon inspiration ne laisse plus qu’un mince filet d’air arriver à mes poumons, j'ai des bourdonnements. J’étouffe, je suis au bord du malaise ! Je sais que souffler dans un plastique me soulagerait pour arrêter l’hyperventilation, mais je suis dans un car, et de toute façon, je n’en ai pas...
"Ne te laisse surtout pas submerger par ton angoisse". J’ai entendu dire qu’avoir la nuque raide pouvait avoir de lourdes conséquences, mais non, ce n’est pas la même chose !
"RESPIRE ! RESPIRE ! LENTEMENT !"
Je suis sujette à des crises d’agoraphobie depuis plusieurs années, je sais que je ne vais pas en mourir. Je sais que cela va passer. Aussi, je m'oblige à me maîtriser et tournant la tête vers la vitre, j’essaie de respirer lentement. Encore et encore.
Petit à petit, mes troubles cessent. Je respire mieux, je n’ai plus de picotements... Je suis vidée, mais soulagée… jusqu'à la prochaine fois hélas !
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