Quand on offre une cabane ou une aire de jeux à un enfant, on n'offre pas une simple cabane. On offre un paradis à souvenirs.

J'ai passé deux jours à assembler ces morceaux de planches, à trouver les bonnes vis, à vérifier le plan (qui n'est fait que de dessin et dieu sait que ma vision de l'espace a été mise à rude épreuve !), à créer cette structure qui vous fascine depuis que le camion a déposé la palette.

Ta soeur et toi, à peine réveillées de la sieste, êtes béates devant cette nouveauté enfin terminée et accessible ! Vous ne savez pas par où commencer, et c'est là que moi je vous admire. Je vous épie du coin de l'oeil, je guette vos sourires qui s'élargissent et vos yeux qui se mettent à étinceler. Il y a un peu de retenue, vous voulez vous assurez d'avoir le droit de tout toucher ! Et à la fois de l'excitation qui finit assez rapidement par déborder.

Le toboggan, si majestueux... et en plus il est rouge ! Vous l'essayez une fois, deux fois, trois fois. Je ne sais pas si c'est le toboggan qui vous plaît, ou si c'est de monter par ces marches colorées qui ressemblent à un mur d'escalade. Vous testez votre corps, votre force, votre vitesse. Vous apprenez à vous faire confiance.

Puis vient la balançoire. Vous commencez à avoir la draisienne bien en main, voilà maintenant une autre forme d'équilibre à appréhender. Vos petites mains s'accrochent, vos petites fesses se trémoussent sur ce plastique jaune flambant neuf, et vous voilà dans les airs ! Plus je vous pousse, plus vous riez. A chaque fois que ma main rencontre votre dos, je voudrais vous transmettre tout l'amour que j'ai pour vous. Mais je n'ai pas le temps car vous n'êtes pas synchro ! Un coup à droite, un coup à gauche, chacune votre tour. Je vous imagine, plus tard, plus grandes, en faire toute seule et aller de plus en plus haut. Et alors vous n'aurez plus besoin de moi. Ma main dans le dos vous accompagne inconsciemment un peu plus longtemps, pendant que j'essaie de capturer à tout jamais vos rires francs et contagieux...

Puis la cabane ! A peine rentrées dedans, vous faites le tour, vous couchez par terre, puis l'une ressort pour imaginer un service digne des plus grands restaurants ! Alors qu'il n'y a aucun autre équipement que cette petite fenêtre que vous transformez en passe-plat, je vous entends préparer un gâteau, puis un café, puis de l'aubergine et des champignons, mélangés à de la banane ! J'admire votre imagination débordante, vous me faites rire à jouer aux grandes. Vous me tendez une assiette imaginaire et je mange avec plaisir votre création.

Tant pis pour les courbatures, cette aire de jeux valait le coup. Je viens de vous offrir un endroit pour créer, tester, tomber, se relever, rire, partager, prendre confiance.

J'ai déjà hâte que vous me demandiez de dormir dedans pour que je puisse me blottir contre vous et partager votre douce insouciance.