II
J'ignore comment j'ai atterri sur le perron de la maison. J'étais dans le flou, les paupières lourdes, j'ai dû monter les marches comme un ivrogne. Avec l'obscurité profonde et l'air froid, c'était encore plus déroutant de se trouver là.
Sophie ouvrit vivement la porte et me prit dans ses bras.
-Bon sang Benjamin, tu m'as fait la peur de ma vie!
Elle n'osait pas relâcher son étreinte de peur que je disparaisse de nouveau.
-Où étais-tu mon chéri ? Cela fait des heures que je tourne en rond ! Ton téléphone est resté ici, j'étais à deux doigts d'appeler les flics !
J'étais lasse, inerte comme un pantin sans marionnettiste. Les mots sortaient de ma bouche sans que je réfléchisse. Une promenade, je me suis perdu...Un malaise...
Je me souviens à peine de notre dîner, il devait être succinct tellement cette fatigue indescriptible prenait procession de mon être. Une chape de plomb s'abattait littéralement sur l'ensemble de mes atomes. Pendant une heure durant, bien que blotti tendrement contre mon aimée, je cherchais le sommeil comme un voyageur du désert en quête d'une oasis salvatrice.
J'étais secoué par d'intenses frissons, puis sans raison compréhensible, je passais dans un état de fièvre torride. Je ne me rappelais pas, même dans les maladies les plus difficiles, avoir connu de tels tourments. Je me lève en catimini, je cherche de la fraîcheur en marchant sur les carreaux de la salle de bain. Je me passe de l'eau sur la nuque et sur le visage, quand, soudain, en me regardant dans la glace, j'aperçus une "présence"...
Il y avait quelque chose juste derrière moi. Je n'étais pas effrayé, simplement, surpris et je cherchais tant bien que mal à discerner ce qui flottait là, une sorte de forme translucide, sans contours. Je n'osais pas me retourner. De sévères acouphènes parasitèrent subitement ma tête et mes oreilles, ils m'obligèrent à saisir mon crâne dans mes mains, j'étais hagard au dessus du lavabo. Ces bruits intenses étaient incompréhensibles, jusqu'à ce que je discerne ces mots :"Tes mains guériront".
Puis, plus rien. Je relève la tête, scrute la glace, la pièce est vide. Plus de sifflements ou de bourdonnements, juste moi comme un idiot. Là, enfin, je regarde mes mains. Une sorte de poussière épaisse et grisâtre les recouvre. Qu'est-ce donc?
Je laisse couler un filet d'eau pour faire disparaître cette étrange matière. Rien n'y fait. Plus méthodiquement, je masse alors mes paumes avec du savon, mais il me faut encore frotter deux ou trois fois de plus avec une petite brosse à ongles pour que ce ténébreux sables parte enfin.
Quand je suis retourné dans la chambre, Sophie dormait toujours paisiblement. Très peu de choses parviennent à la perturber lorsque ses yeux sont fermés. Sans difficultés et avec un profond calme cette fois-ci, le sommeil vint à moi.
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