Chapitre 7 - Mémoire défectueuse

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 Le repas était délicieux et chacun mangeait en silence. De temps en temps, Glenn cassait quelques noisettes stockées dans un sac sur une étagère avant de les donner à Squiro. Le petit écureuil semblait déborder d’énergie. Il avalait à toute vitesse et se mettait à courir et à grimper partout pour signifier à son maître qu’il avait encore faim. Ses cris stridents attendrissaient l’homme qui regardait son animal avec amour.

— Tiens, en voilà encore, petit gourmand.

 La jeune femme les regardait faire, souriante et attendrie face à tant de complicité. Elle se demandait si elle n’avait jamais connu un tel sentiment avant de tout oublier. Peut-être que quelqu’un qui la chérissait l’attendait ou la recherchait, ne sachant où elle se trouvait… Il lui fallait aller de l’avant pour espérer un jour recouvrer ses souvenirs.

 Les yeux dans le vague, elle fut tirée de ses pensées par Glenn – qui faisait mine de ne pas avoir remarqué sa tristesse. Il lui demanda :

— Souhaitez-vous goûter ma spécialité, mademoiselle ?

 Elle acquiesça, curieuse. Jusqu’ici chaque met s’était montré savoureux. Entre le pâté épicé, le jambon, les légumes marinés ou séchés, le fromage au goût fleuri et la confiture de myrtilles au goût vanillé, l’estomac de la jeune femme commençait à être bien rempli.

Glenn s’était levé, prenant avec lui les deux chopes vides et se rendit à quelques pas, devant une étagère. Là, se trouvaient quatre petits tonneaux couchés. L’un d’eux n’était pas scellé par un bouchon, un robinet de bois en faisait office. Il l’ouvrit et fit couler du liquide jusqu’à ce que les contenants soient pleins. Avant de se rasseoir, il tendit la boisson à son invitée.

— Et voici pour vous ! De l’agrimèu !

 Le nom ne lui disait absolument rien et, après avoir regardé les bulles et la fine mousse qui remontaient à la surface, elle se laissa tenter par l’odeur. Un goût amer puis doux lui titilla les papilles, renforcé par de légères notes d’agrumes. Cette boisson était légèrement alcoolisée mais rien de bien méchant.

— Alors, vous aimez ? demanda Glenn trépignant, le visage rougi de fierté. C'est moi qui ai mis cette recette au point !

 Elle acquiesça de la tête avant de le remercier. Cette note positive de fin de repas semblait ravir l’homme qui se tenait face à elle. Cependant, il semblait hésitant lorsqu’il reprit la parole :

— Je pense qu’il est temps de faire les présentations. Je vous l’ai déjà dit lors de notre rencontre mais je me prénomme Glenn. Je suis le gardien de la Forêt de la Vie dans laquelle nous nous trouvons actuellement. Cela ne doit rien vous dire. Elle n’existait pas avant que vous ne soyez tuée par Scur lors de la Grande Guerre.

 Elle le regardait, ne comprenant rien. Le barbu ne fit pas attention à son air éberlué et continua, battant l’air de la main :

— M’enfin ! Je vais vous expliquer tout cela mais avant ça, il faudrait que vous me disiez comment vous vous appelez, que je puisse situer qui vous étiez réellement avant de mourir…

 Puis il chuchota :

— Je veux dire… De mourir puis de ressusciter, oui !

 Et il partit dans un rire tonitruant, tentant de cacher sa gêne. La jeune femme continuait de le regarder, les yeux ronds, ne sachant que dire. Elle ne comprenait rien. Avait-il mangé un champignon hallucinogène ? Ou bien était-ce elle qui faisait une indigestion qui lui montait au cerveau ?

S’apercevant enfin de la tête qu’elle faisait, Glenn cessa de rire.

— Quoi ? Pourquoi me regardez-vous ainsi ? demanda-t-il, perdu.

 Hésitante, elle finit par avouer :

— Je n’ai absolument rien compris à ce que vous venez de dire, monsieur… Et… Euh… Je ne sais pas non plus comment je m’appelle.

 Il se rassit, abasourdi.

— C… Comment ça ? Vous ne savez donc plus qui vous êtes ?

 Elle nia de la tête.

— Nom de Granòs ! Voilà qui ne va pas du tout ! Mais de quoi vous souvenez-vous donc ?

— De rien.

— De rien ?! s’emporta-t-il tout en se redressant et en plaquant bruyamment les mains sur la table.

— De rien du tout… J’en ai bien peur, monsieur…

 L’homme aux cheveux grisonnants se mit alors à faire les cent pas dans la petite cave. Il marmonnait dans sa barbe des mots tels que : « pas normal », « ressuscité », « imprévu », « que faire ? », « on est mal ». Squiro semblait assez perturbé de le voir dans cet état et vint se réfugier sur l’épaule de sa nouvelle amie, mieux valait attendre que l’orage passe…

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