Charlie est un projet annexe que je construis, pour l’instant, un peu dans le désordre. Il me permet de souffler un peu quand Alundil, mon gros projet, me fait sortir de la fumée par les oreilles.
Ce texte sera, probablement, le début de l’histoire mais les textes suivants seront dans le désordre. Un fois que suffisamment de matière, j'écrirai des « ponts » entre pour rassembler l’histoire.
J’espère que cela vous plaira !

La magie des couloirs du temps résidait dans le fait que même le temps s’y perdait.
Lorsqu’il arriva dans le Labyrinthe, Charlie avait cinq ans.
Il avait hurlé, longtemps, dans l’espoir de retrouver sa mère. D’ordinaire, elle était à ses côtés, l’enveloppant de sa chaleur comme la plus douce des couvertures.
Il ne savait pas comment faire sans elle.
Il ne savait pas quoi faire.
Mais il était persuadé d’une chose.
Elle ne pouvait pas l’avoir laissé seul dans ce couloir étiré jusqu’à l’oubli.

Malheureusement, au bout d’un long moment, il avait du se rendre à l’évidence.
Il était bel et bien seul.
Les épaules voûtées et les yeux débordant de grosses larmes salées, il s’était dirigé vers l’alcôve qu’il avait aperçu un peu plus tôt. Un endroit minuscule, comme taillé pour les cœurs lourds.
Charlie s’installa dans ce coin, les genoux pressés fort contre sa poitrine et n’en bougea plus.

Le temps, lui, avait filé.
Il n’y avait ni faim, ni soif, ni douleur.
Seulement du temps qui passe.
Charlie, armé de la meilleure volonté du monde, décida de rester ainsi, sans bouger, jusqu’à ce que quelqu’un le trouve. Et si, du haut de ses cinq ans, Charlie avait bien un talent, c’était celui d’attendre. Ce super-pouvoir ne se révélait pas toujours utile car, au bout d’un petit moment, tout relatif quand on attend dans les couloirs du temps, Charlie commença à s’ennuyer…

Et le temps continua à filer.
Alors qu’il commençait à se sentir désespérément seul, des bruits de pas résonnèrent dans le couloir.
Charlie se figea, n’osant même plus respirer.
Il était perdu, entre l’espoir fou et la peur de l’inconnu.
Qu’allait-il trouver s’il se penchait et jetait un regard ? Sa maman ? Un monstre ?
Le temps de se poser toutes ces questions, un bout de chaussure noire se montra.
Il fut rapidement suivi par une botte surmontée d’un pantalon noir ayant vu des jours meilleurs, un t-shirt beaucoup trop grand pour son propriétaire et une masse de cheveux longs et graisseux. D’une nonchalance des plus nonchalantes que Charlie n’ait jamais vue, l’adolescent un peu sale et carrément froissé tourna la tête vers lui. Ils se dévisagèrent, sans bouger ni cligner des yeux. Charlie parce qu’il avait peur que l’adolescent disparaisse et ce dernier, probablement parce que cela lui aurait demandé trop d’efforts.
Finalement, ce fut en sortant les mains de ses poches que ce grand corps, presque trop tassé pour son âge, se laissa couler à côté de Charlie.

L’adolescent étendit ses jambes, reposa sa tête contre le mur et murmura un vague « Yo » du bout des lèvres.

- Euh, bonjour ? souffla Charlie après une hésitation.

Au bout de quelques instants Charlie remua, mal à l’aise devant cet adolescent qui le fixait sans ciller.

- Tu aimes les ballons ? tenta-t-il de sa petite voix.

Un haussement las d’épaules lui répondit.

- Comment tu t’appelles ?

- Tonie.

- Moi c’est Charlie !

- Cool.

- Tu viens d’où ?

Tonie désigna le bout du couloir par lequel il venait d'arriver.

-Oui, logique. Tu veux rester avec moi ?

Après un autre haussement d’épaules, Tonie se calla confortablement contre le mur et n’en bougea plus.
Charlie tenta à plusieurs reprises d’engager la conversation.
Sans succès.
Ce fut ainsi que s’installa la monotonie.