Rêverai-je ?

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Ô Etranger, est-ce toi que j'appelle de mes voeux lorsque mes ombres se confondent aux lueurs de la nuit ?

Mes yeux tournés vers les étoiles n'ont nul désir de conquête ; ils aspirent à l'espérance ignorant mes rêves échus aux premières enluminures de l'aube.

Contre le temps, ici-bas, la raison l'emporte.

Vois-tu, aux limites de cette clairière, ce long mur qui rejoint l'horizon ? S'étendent au-delà les vastes terres où vit l'homme augmenté. À tout mal, il a trouvé remède, abandonnant son corps ardent au fluide glacial qui coule désormais dans ses veines. Le cantique des quantiques est son chant sacré et les mathématiques sa seule vérité. De présent, sa vie s'est figée ; sur lui le temps a capitulé.

Aussi ai-je refusé cette éternité de pâte à modeler. Si les étoiles m'inspirent Etranger c'est parce que chaque nuit, j'aime ce plongeon de l'infiniment grand à l'infiniment petit, où bercée dans ses vagues, l'onde du soir m'emporte, je m'éloigne et divague dans l'infime où un brin d'avenir vient tout ressusciter.

Le lieu où les éphémères émotions prennent leur source est tout proche. Frémissant à l'unisson de nos corps, elles s'érigent en querelles dans nos imaginaires. Puisse toujours notre art les rompre jusqu'aux limites de nos enveloppes réelles et oniriques. La raison est à l'émotion ce que l'eau est à l'horloge.

Aux larmes jaillies de la terre, je délierai ton coeur de lierre.

Je t'emmènerai dans les vertes étendues où croît l'allant de vie, épithème aux sécheresses de ton âme.

Je t'emmènerai où chante la nature au son du cor après la pluie ; alors pétrie de ses caresses, la terre gémit, la flore secrète ses huiles et les roches se délectent.

Je t'emmènerai à la rencontre du Pin de Mathusalem, effleurer de ta main le Grand Patriarche, contemporain du berceau des écritures. Dans l'épaisseur de son écorce de papier vibre la mémoire d'argile des hommes écrivains.

Dans la plénitude des mots se confient nos sens où se confondent nos astres lointains.

Je t'emmènerai... et un jour Etranger tu me souffleras ton nom.

****

Notes

Depuis 1964, le pin de Bristlecone Mathusalem est considéré comme l'organisme vivant le plus âgé de la planète. Âgé de 4789 ans, le pinus longaeva Mathusalem est incontestablement l'un des plus vieux êtres vivants au monde. L'ancêtre Mathusalem est enraciné dans les White Mountains en Californie. Son emplacement exact est volontairement gardé secret afin d'éviter tout acte de vandalisme.

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