CHAPITRE 8

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Ma première sensation, lorsque j’ouvre les yeux, est un affreux mal de crâne. Je constate que je suis dans semi-pénombre. Plus sombre que lumineuse. Peu à peu, en reprenant conscience, je réalise que je suis dans une cellule. L’odeur d’humidité et de latrine confirme l’idée en agres-sant mes narines. J’ai le corps endolori sur chaque centimètre carré du probablement à un acharnement des surveillantes.

— Salut !

La voix achève de me tirer du coaltar. Je ne suis pas seul, un autre type… Un autre indigène est enfermé avec moi.

— Ici, je suis là, au-dessus ! dit-il en s’apercevant que je roule des yeux en tous sens pour essayer de le trouver.

Je me redresse péniblement de la paillasse où l’on m’a couché. Une forte douleur à l’entrejambe me fait grimacer. A moitié nu, je remarque qu’un vilain bandage cercle ma cuisse juste en dessous de mon entre-jambe. Je suis Quand je me leve, une autre douleur irradie dans toute ma cuisse.

— Où… où suis-je ?

— À la prison Rousseau du Quartier Nord. Bienvenue !

— Je… euh… oui…

Je découvre mon interlocuteur, un jeune type à la peau sombre cou-ché sur une paillasse au-dessus de la mienne.

— Je m’appelle Kahn, dit-il en me tendant la main.

— Simon.

— Elles t’ont amené là il y a quelques heures, inconscient. Comment t’es-tu fait avoir ?

— Je… euh… j’étais avec une amie, et… on s’est fait agresser… mais… les surveillantes…

— Une amie? Ha Ha Ha! C’est sûrement elle qui t’a balancé, va…

— Non, non, impossible. Elle est… comme nous.

— Comme nous ? Tu veux dire indigène ?

— Pourquoi est-ce que je suis ici ?

— Parce que tu es un indigène Male.

Kahn s’extirpe de sa couchette et bondit sur le sol de la cellule. Il est plus grand que moi, mais bien plus maigre, les os saillants, et son bras gauche semble pendre sans vie. Une profonde lassitude se lit sur son visage.

— Tu n’es pas d’ici ? Tu as un drôle d’accent ?

— Je ne sais pas trop, je me souviens plus.

Je frotte le bandage et sent une sorte de tuyau

— Je te déconseille de tirer dessus.

Il me montre un bandage tout aussi similaire à sa cuisse. Je ne com-prends pas mais mon cerveau est trop douloureux pour le questionner sur le sujet

— Et toi ? Tu es là depuis longtemps ?

Il tousse longuement et finit par cracher par terre.

— Je n’en sais rien, j’ai perdu le fil des jours. Plusieurs mois, sans doute.

— Plusieurs mois ? Mais… tu ne…

— Rien à faire ! J’ai déjà essayé plein de choses. On est coincé là. Chaque jour, on nous envoie casser des cailloux sous la ville, ou pour la ponction, ou enterrer des cadavres, ou d’autres trucs sordides… Si tu te rebelles, tu te fais torturer. Si tu as du bol, tu y passes et le cauchemar s’arrête.

— Mais que nous reproche-t-on ?

— Je te l’ai déjà dit. De plus, tu n’as une bite et ça suffit pour ces connasses pour te garder en vie le plus longtemps possible ! Jusqu’au jour où….

Je soupire en secouant les grilles qui ferment notre cellule. Rien à faire, elles ne bougent pas.

— Laisse tomber, tout ce que tu peux espérer, c’est être tué où être acheté par une de ces salopes.

— Acheté ?

— Ha Ha Ha ! Oui, ou loué, même… Pour une de leurs soirées ma-cabres. Et crois-moi, c’est ce qu’il peut t’arriver de pire. Elles se regrou-pent pour te pomper la dar ou de battre dans des combats à mort qui les régale. Et tu finis découper en tranches à satisfaire leurs pulsions mor-bides.

J’avais du mal à imaginer Héloïse de Picardie se livrer à de tel pra-tique, mais en même temps, Je ne la connais pas plus que ça.

— Mais tu peux aussi être sacrifié pour servir de réservoir d’organes pour ces belles personnes. Surtout toi, un beau petit blanc, assez jeune, et en bonne santé… Quand une de ces gentes dames aura besoin d’un nouveau foie, on prendra le tien.

Je déglutis pesamment en m’imaginant servir de donneur d’organes.

— Kahn, ta gueule ! beugle un homme depuis une cellule voisine. Il vient d’arriver, arrête de…

— Je t’emmerde, Georges ! Tu sais bien que j’ai raison !

— Vos gueules ! hurle une autre voix, féminine. Vous la fermez si vous ne voulez pas avoir d’ennuis !

C’était une surveillante. Elle frappe les grilles des cellules avec sa ma-traque. J’observe mon codétenu. Il me fit signe de me taire et de reculer dans la minuscule pièce qu’on occupe. J’obtempère. Ma vision c’est ac-climaté à la luminosité et je peux maintenant voire distinctement les lieux.

La cellule est étroite. Pas table, pas de chaise juste un lit superposé avec des matelas miteux. Un seau dans un coin, rien pour se laver. Un sol en pierre, des murs en brique, une minuscule fenêtre trop haute pour voir le monde extérieur sous un plafond plus que haut que je distingue à peine. Une autre cellule séparée par une imposante grille se dresse sur ma droite. 

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