Chapitre 8 - Secret de famille

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– Je vais faire court. Ta famille descend des premiers salariés de la United Milk Company. A l’époque les choses allaient déjà mal pour eux. Le massacre le plus violent, tu vois duquel je parle, n’était pas le plus violent pour rien. Cela dépassait la simple revendication de conditions de travail. Des employés, tes ancêtres en quelque sorte, avaient mis la main sur des documents ultra confidentiels qui auraient pu ébranler l’entreprise toute entière s’ils avaient été rendus publics. On a fait en sorte de les faire taire. Mais ils n’ont jamais retrouvé les fameux documents et ça personne ne le sait à part ta famille. Ta mère m’avait confié le secret il y a quelques années. Je pense qu’elle sentait qu’ils risquaient leur vie à continuer les revendications même si leur ampleur est minime aujourd’hui. Les documents furent numérisés et transmis de génération en génération. La famille les gardait pour les dévoiler au moment opportun, ils furent surveillés pendant longtemps ils ne pouvaient presque rien faire au quotidien sans être espionnés. Cela s’est estompé depuis une dizaine d’années. Mais je crois que la menace a resurgi et que quelqu’un a découvert que ta famille détenait encore les documents. Je ne sais pas commun mais quelqu’un est au courant et veut mettre la main dessus. Ils savent que tes parents ont une fille, toi. Et que tu possèdes les documents.

– Quoi ? Mais je n’ai aucun document, je…

– Si Julia, tu les as. Je les ai mis dans tes affaires avant que tu ne partes. Mais même là où tu es, tu dois partir, c’est trop dangereux.

– Pourquoi ?

– Je crains que quelqu’un d’ici ne t’ai suivie à Londres et tente de récupérer les documents.

– Où sont –ils ?

– Ils sont numérisés Julia, me comprends-tu, afin que tu…puisses…les…transporter…partout en cas de fuite. Dit-il en marquant une pause entre chaque mot et en abaissant le son de sa voir. Elle chuchotait presque.

– Tu sais qui m’a suivi, et en es-tu sur ?

– J’ai un contact à l’aéroport qui m’a informé qu’un homme avait embarqué pour le même vol que toi avec la même destination et qu’il n’avait cessé de t’observer. Ecoutes, je ne peux pas t’en dire plus, je vais devoir raccrocher, mais fais ce que je te dis, prend un billet et pars de Londres, vas où tu veux, je t’ai envoyé mes économies, cela devrai suffire pour que tu tiennes plusieurs mois. Après il faudra que tu trouves un travail. C’est le mieux que je puisse faire.

– Attends, tu vas bientôt me rappeler j’espère ? réussis-je à placer avant qu’elle ne me dise qu’elle m’aimait et de raccrocher.


Le lendemain je préparais mes affaires, vidait la salle de bain, la chambre mais je ne savais pas encore où je partais. Serait-ce en Amérique du sud chez moi ou ailleurs comme me l’avait demandé Elena ? L’angoisse me filait des maux de tête violents. Le manque de sommeil me rendait irritable, je n’avais envie de voir personne, je voulais mettre ma tête dans l’eau glacée et paralyser les pensées qui se bousculaient dans ma tête. Bordel qu’est-ce que je devais faire ?

Je zippais mon gilet et bouclai mes derniers bagages tout en laissant un message à mon patron en l’informant de ma démission. Motif ? Problème de famille. Pareil pour l’université. Mais je ne contentais de leur envoyer un mail, je n’avais pas de temps à perdre avec ça. Je me dirigeai vers les taxis les plus proches. Je marchais tout en réfléchissant, plutôt en me torturant. Que faire, où aller ? cela me rendait malade. Elena m’avait effectivement fait un virement. Je n’avais aucune envie de gaspiller ses économies en me planquant je ne sais où. Elle ne répondait plus à mes derniers messages.

Ces deux dernières semaines, elle me promettait de m’envoyer un message tous les matins pour que je m’assure de sa sécurité. Aujourd’hui, silence radio. J’arrivais à vingt mètres des taxis. Je sentis la pression monter en moi. Elle me prit à tel point que je dus tout lâcher et je courus derrière l’arbre le plus proche et dégobilla le peu que j’avais réussis à avaler la veille. Je crus sentir mes yeux s’embuer mais ils laissèrent place à une colère de plus en plus intense. J’avais la rage. L’histoire se répétait là-bas encore et encore et nous étions toujours écrasés.

Tout à coup ça me frappa. Mais oui, les documents. Je les ai. C’était bien Elena qui m’avait offert cette clé usb qui venait de mes parents comme une des rares choses qui leur restaient. Je n’avais jamais compris son engouement pour un morceau de métal, un bijou, ou un journal pour un héritage familial je comprendrais, mais une clé, je n’avais pas capté sur le moment. Je récupérais mes bagages et continuais d’avancer. Alors comment procéder. Je ne pouvais pas les publier de but en blanc sans m’assurer la sécurité d’Elena et des habitants de ma région.

D’abord, il fallait que je vérifiais qu’ils étaient bien sur cette clé. Je me posais sur un banc isolé près d’un distributeur, ouvris mon pc et je connectais la clé. Mes cours, les fiches, mon dossier d’inscription d’accord, mais je ne trouvais pas les fameux documents.

Mais, attendez, où diable était passé le dossier "Famille" ? La clé contenait des souvenirs de famille à l’intérieur des photos, des actes de naissance, Elena et moi n’avions pas vraiment confiance dans le numérique mais cette clé n’avait presque jamais été utilisée et le document était verrouillé par un mot de passe qu’elle et moi étions les seules à connaître. Je n’avais jamais parcouru tout ce qu’il s’y trouvait, il y avait pas mal de fichiers. Mais à présent, ils n’étaient plus là, comme si le dossier n’avait jamais existé. Mon ventre se noua, je fus prise de sueurs au front. C’était quoi ce bordel ? Une voix me fit sursauter à tel point que je faillis lâcher l’ordinateur.

– Julia ?

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