Chapitre 10 Partie I

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C'était Matthéo. Depuis tout ce temps, j'avais fourni l'héritage de ma famille et l'espoir de libération de ma région à ce gars. Et Carl qui m'avait mis en garde. Je faillis déglutir et je craignais de revomir.

Bon il fallait que je mette les voiles et Carl était déterminé à me garder ici. Il fallait que je lui dise la vérité, j'espérais qu'il m'aime assez pour comprendre et garder pour lui ce que j'allais lui révéler.

–        Carl écoute, j'ai peu de temps, mais il faut qu'on parle.

Nous nous installâmes sur le même banc isolé, ou peu de personnes passaient à côté de nous. Je lui racontais l'histoire, du moins l'essentiel. Que mon peuple était en danger chez moi et que je ne pouvais les laisser agoniser pendant que j'étais tranquillement à l'université. Je mis sous le tapis la partie des documents confidentiels, je devais prendre un maximum de précautions, même avec lui. Son expression changea au fil de la discussion, de la colère il passa à un air sincère de compassion. J'étais rassurée de voir qu'il comprenait à quel point la situation était grave, assez important pour que je quitte tout.

–        Laisses moi t'accompagner, je pourrais t'aider.

–        Non, cela ne te concerne en rien, je ne veux pas que tu sois mêlé à ça c'est trop dangereux.

–        Et pour toi alors ?

–        C'est ma famille mon peuple, je dois y aller.

–        Je comprends mais laisses moi venir avec toi, des bras en plus peuvent servir ne me dis pas le contraire.

–        Ce n'est pas ton combat ! Tu te feras tuer dès que tu poseras un pied sur le territoire, ils verraient que tu n'es pas du coin c'est trop risqué, je ne veux pas te perdre !

–        Je n'en ai rien à faire d'être en sécurité hurlât-il. Je ne suis rien ici, ça ne sert à rien ! Tu vas finir par comprendre que je n'ai pas de vie dans cette ville, dans ce pays, où que ce soit loin de toi.

–        Je t'en prie si tu m'aimes, restes en vie.

–        C'est toi qui risque le plus de mourir dans cette histoire ! Au moins nous serions ensemble si je t'accompagnais, cela ne vaut-il pas plus le coup de passer ne serait-ce que quelques jours ensemble plutôt que toute une vie séparée ? Si tu meurs, saches qu'en restant ici, je mourrais aussi.

–        Arrêtes. Tu ne peux pas me faire ce coup, tu ne te rends pas compte dans quelle position je suis en devant te laisser sans même avoir pris la peine de te dire au revoir. Crois bien que ça me déchire mais je ne peux pas abandonner ma famille.

–        Et moi alors ? Cela t'es égal ce que je ressens ? Dans les deux cas partir avec ou sans moi me coutera la vie, alors autant passer peut-être nos derniers instants ensembles.

Je comprenais bien qu'il ne lâcherai pas l'affaire. Il fallait que je trouve une solution pour l'écarter même si cela me déchirait le cœur. Je bouillonnais intérieurement. Je voyais dans son regard sa détresse, et sa détermination pour venir avec moi. Mais ce n'était définitivement pas son combat, et je ne pouvais me permettre d'avoir une source d'inquiétude sur place pendant que je tenterai d'aider les miens.

–        Très bien.  Allons-y ensemble. Prends un sweat foncé chez toi, ils ne devront pas voir ton visage quand nous arriverons.

–        Je t'aime Julia, lança-t-il avant de m'embrasser fougueusement et courir chez lui chercher un sweat à capuche.

            Je m'étonnais que ce fut aussi simple et qu'il ne fut pas plus méfiant mais je ne devais pas perdre de temps. J'essuyais les quelques larmes qui coulaient sur mon visage et grimpais dans le premier taxi. Durant tout le trajet je retenais la vague de larmes que je sentais monter en moi, je plissais les yeux si fort, me mordais la lèvre inférieure. J'avais mal, terriblement mal. Allez Julia, sois forte. Tu dois être forte. Pour Elena, pour les tiens. Choisir implique des sacrifices. A l'aéroport je demandais le premier avion qui arrivait le plus près de chez moi. Par une chance folle, mystique ou divine, le prochain partait dans dix minutes. Signe du destin, récompense de mon sacrifice ? Je ne sais pas mais je courus comme une folle manquant de déglinguer les roues de ma valise pour ne pas risquer de louper mon avion. J'avais mon billet en main, prête à embarquer. Je consultais juste avant mon téléphone, toujours aucune nouvelle d'Elena, il était hors de question que je me planque. Elena pardonne moi mais tu te trompes sur ce coup là. Je vis que j'avais par contre des appels manqués de Carl et une vingtaine de messages. Je t'aime aussi Carl, mais je dois choisir.

            Pendant les heures de vol je pensais aux autres possibilités que j'aurai pu voir. J'aurai très bien pu traquer Matthéo pour récupérer les fichiers, mais quelque chose me dit qu'il avait fichu le camp depuis bien longtemps. J'aurai perdu trop de temps pendant que des gens se faisaient tuer car ils n'accomplissaient pas assez rapidement les tâches d'usines qu'on leur demandait sans presque rien manger ni boire.

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