Wilson !
Jour 1
Prisonniers de la barrière de corail, nous nous sommes rencontrés sur cette maudite île, après l'écrasement. Nous nous sommes liés d'amitié en un instant. Après de multiples péripéties, tu as décidés qu'il fallait tenté de s'évader de notre prison océanique. Partir au delà de cette barrière a été pour nous impossible jusqu'à là. Mais, cette fois ci, tu as eu une idée. Une idée de génie. Je n'étais pas convaincu, mais tu m'as rassuré. Tu as fait le travail seul, je ne pouvais t'aider que mentalement. Tu ne me l'as jamais reproché. Tu as toujours été là pour moi. Et nous avons réussi. Enfin, plutôt, tu as réussi. La barrière de corail a failli, elle. Nous l'avons dépassé, enfin. La joie et la fierté sont comme des étoiles qui font briller tes yeux.
Puis est arrivée la tempête. Nous l'avons vu arriver. Nous l'avons entendu gronder. La mer se déchainait à mesure qu'elle s'approchait. Tu me rassurais, tu me disais que tout allait bien se passer. Moi, je doutais, j'avais peur. Puis, tu as pris les choses en main. Encore. Tu m'as solidement attaché au radeau, de peur que je ne tombe. Le vent nous frappait, la pluie se déversait sur nous et les vagues tentaient de nous écraser. Mais rien n'a pu ébranler ta foi de la réussite. Tu savais que tu passerais cette tempête, depuis le début.
Tu t'es endormi, épuisé. Le radeau en lambeau, ne tenait à plus grand chose. Mes liens se sont défaits et je suis tombé. Je m'en veux tellement. Mais, voilà, je suis tombé dans l'eau. Je t'ai appelé, crié ma detresse, mais tu ne m'as pas entendu. Comment l'aurais-tu pu ? Tu es endormi, et les vagues m'emporte au loin. Je ne vois presque plus le radeau. Je ne te vois presque plus.
Et puis, la baleine t'a réveillé. Oh chère amie ! Elle t'a réveillé par son jet. Soudain, tu as vu. Tu as compris. Je n'étais plus là. Tu m'as cherché, appelé. Mais, il était trop tard, les vagues m'emportaient. Dans un élan de désespoir, tu t'es jeté à l'eau lorsque tu m'as aperçu. Mais j'étais trop loin, et les vagues qui nous séparaient encore et encore n'ont pas lâché prise et nous éloignaient encore, et toujours. Tu as crié, pleuré. J'ai tellement crié aussi, si tu savais, mais tu ne pouvais pas m'entendre.
Après tant de jours, de semaines, de mois, et même d’années, ensemble sur cette île, nous avions enfin trouvé le moyen, et surtout le courage d’affronter cette barrière de corail. Après, ces longues heures à naviguer sans boussole, sans point de repère, après cette violente tempête impitoyable, me voici seul. Tout seul. Au milieu de nulle part, balloté par les vagues, me laissant porter, ne pouvant rien faire d'autre. Mais où ? Où est-ce qu'elle m'emmènent ? J'ai peur. Très peur.
Je sens le soleil me bruler, j'ai l'impression de fondre sous sa chaleur, alors que l'eau froide des profondeurs me pénètre. Je me sens m'alourdir. J'ai peur de couler. De ne plus jamais voir un seul visage. De sombrer dans l'eau glaciale et sombre. Je lutte malgré les balancements des vagues pour ne pas finir comme ça. Non, je ne serais pas comme l'un de ces objets perdus jetés à la mer qu'on ne retrouve jamais. Je vais lutter. Pour moi. Pour toi. Pour tous les sacrifices que tu as fait pour nous.
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Jour 2
Je suis fatigué, las d'être tantôt secouer, tantôt bercer par les vagues. Je flotte, me laissant emporter par l'humeur changeante de l'océan. Espérant trouver terre, ou juste un bateau. J'imagine qu'il y en a un qui t'as trouvé, mon ami, et sorti de ce satané pétrin. Je préfère penser que tu es sain et sauf au milieu des tiens. J'espère que mon sort ne sera pas différent du tien.
Par chance, la houle m'a fait échouer sur une plage. Je ne sais pas où je suis, mais au moins, je suis sur terre. Je reste là, immobile, profitant de ma chance. Le soleil me brûle. La mer se retire petit à petit. Me voilà seul, sur une terre inconnue. Est-elle désertique ou peuplée ? Je ne le sais pas. Je ne voit rien, ni n'entend quoi que ce soit. Je ne peux pas bouger. Je reste là immobile, attendant qu'une personne me trouve et me prenne avec elle. Les secondes sont des heures.
Dans le ciel, les mouettes piaillent et dessinent des ombres. Soudain, je sens des pics me parcourir. Mais qu'est ce donc ? Un crabe. Juste un crabe qui monte sur moi, plutôt que de faire le tour. Il me pince. Je crains qu'il ne me blesse, incapable de bouger, je ne peux que subir. Puis, une mouette se jette sur moi. Ou plutôt sur le malheureux crabe. Une de ses rivales, gourmande, s'approche et commence alors une guerre sans pitié pour savoir laquelle d'entre elle aura le droit de se délecter de sa chair. Sous la force de leurs coups de pattes, de leurs coups d'ailes et de leurs coups de becs, je réussi à rouler sur moi même. Je roule, je roule pour échapper au massacre. Je roule pour échapper aux terribles égratignures que leurs becs pourraient m'affliger. Le soleil et le sable m'ont déjà bien abimés, ces blessures seraient l'apogée de ma souffrance. Je ne veux pas être percé de toute part. Je roule, le plus loin possible, jusqu'à ce que je sente l'eau. Oh non. Je me rend compte, trop tard, que je ne roule pas dans le bon côté. Me revoici dans l'eau. Dans cet océan dont la marée remonte. Comment ai-je pu être aussi bête ?L Le refoulement des vagues m'éloigne encore du rivage. Pourquoi la vie s'acharne-t-elle ?
Oh, mais qu'est ce donc là ? La vie ne serait donc pas si horrible. Est-ce une illusion ? Serait-ce possible ? Mais oui ! Une lueur d'espoir se dessine à l'horizon. Deux jeunes garçons jouent sur la plage voulant faire peur aux mouettes, ils se jettent sur elles en criant. Ils ne me voient pas tant ils s'amusent, et ne peuvent m'entendre. Regardant vers la mer, l'un d'entre eux me pointe du doigt et dit à son ami : "Regarde là haut, t'as vu ?". Puis, ils se jètent à l'eau. La mer m'éloignant de plus en plus, ils n'ont plus pied très rapidement. Le plus grand se met à nager. Il tente de m'attraper, je sens ses doigts glisser sur moi avant qu'il ne m'abandonne à mon triste sort et retourne sur le rivage. Debout, sur le sable, les pieds dans l'eau, ils me regardent m'éloigner. Ne pouvant rien faire ni eux, ni moi. Je vois bien qu'ils sont triste, mais ils ne pouvaient pas risquer leurs vies pour moi. Tandis que la mer m'enlève, je me dis qu'ils vont peut-être aller chercher un adulte. Et alors, je serais sauf !
La vie en a donc décidé autrement. Je suis maudit à devoir dériver dans ses eaux froides et sombres avec pour seules amies les mouettes, qui ont décidé de me narguer en me suivant et en se reposant de temps à autres sur moi. Avec un peu de chance, quelqu'un les verra, et par là même, me verra. Avec un peu de chance, un pêcheur attiré par les mouettes passera par là et me délivrera de ma prison aquatique. Je dois garder l'espoir ou sombrer dans les abîmes. Cela est une question de choix, et je choisi l'espoir ! Un espoir fou, certains le penseront, mais c'est tout ce qu'il me reste.
Le soleil se couche. Personne à l'horizon. Cette deuxième journée a été terrible pour moi. Je pensais être sauvé, mais me voici au même point que ce matin.
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Jour 3
Fatigué. Las. Marre de flotter sur cette immensité bleue. Ce matin, j'ai pris une grande décision : si je n'ai pas été trouvé avant que le soleil n'atteigne l'eau, je me laisserai coulé. Toute la journée, j'ai espéré. Il y a eu de beau moment. Lorsque les dauphins sont encore venus jouer avec moi, me sortant de l'eau quelques fois. Et aussi, lorsque les baleines ont montrés le bout de leur nez, curieuses, sortant un oeil de l'eau pour mieux voir. Leurs chants sont incroyablement beaux. Il y a du beau monde dans les profondeurs. Je ne m'y ennuierais sûrement pas.
Souvent, j'ai pensé à toi mon ami. Y a-t-il quelqu'un qui t'a trouvé ? Es-tu retourné vivre chez toi ? As-tu revu tes amis, ta famille ? Je n'ose penser négativement. Je préfère me dire que ton sort a été meilleur que le mien. J'espère seulement que tu ne m'oublieras pas.
Le soleil s'en va se couché. C'est mon dernier jour ici à voir ces merveilleuses couleurs, ce mélange de jaune, ourange, bleu, violet. Il n'y a rien de plus beau. Les dauphins sont là avec moi pour mes derniers instants. Ils essaient de me dire des choses que je ne comprends pas. Ils me poussent vec le bout de leur museau. Ils veulent sûrement jouer une dernière fois, encore, avec moi. Ce sont mes nouveaux amis. Des compagnons des derniers jours qui ont réussi à me faire tenir jusqu'ici. Leurs bonds sont majestueux. Ce sont vraiment les princes de l'océan. Comme pour une dernière fête, ils sautent, dansent, crient autour et au dessus de moi. C'est la première fois qu'ils agissent comme ça, ont-ils compris que je vis mes dernières minutes ? Non, c'est un appel. Un appel à un bateau. Là, il n'est pas très loin. C'est un petit voilier. Les dauphins, mes amis, font tout pour attirer l'attention du bateau. Mais il continue son chemin, c'est peine perdue. L'un de mes amis, n'en n'entend pas ainsi. Il me pousse par le bout du museau et me lance en l'air. Les autres sont partis en direction du bateau. Serait-ce là ma dernière chance. Vont-ils me voir ? Oui ! Oui, je vois le bateau chavirer de bord. Il change son cap. Il vient vers moi tandis que mon ami continu de me lancer hors de l'eau. La chance a enfin tourner son regard vers moi. Le bateau arrivé à moi, un jeune garçon plonge au milieu des dauphins qui s'écartent. Il m'attrape et me monte à bord. Je l'entends demandé à son père s'il peut me garder. "Oui" qu'il répond. Enfin, je me suis trouvé de nouveaux amis. Enfin, ma nouvelle famille m'a trouvé. Je serais tellement gentil avec toi mon jeune ami. Jamais je ne resterais coincé dans un arbre, ou je ne m'enfuierais chez le voisin. Tu verras je jouerais avec toi, à chaque fois que l'envie t'en prendras. Je ne serais pas jaloux de tes autres amis. Je deviendrais leur ami. Tu m'as sauvé la vie, jamais je ne l'oublierais. Un dernier regard, et un dernier au revoir à mes amis mammifères. Je ne vous oublierais jamais. Tout mon bonheur est grace à vous. Le jeune garçon, après m'avoir essuyé dit à son père :
- Regarde, cette trace ressemble à un visage ! C'est quoi comme ballon ?
- Ça ressemble à un ballon de volleyball. Peut-être de la marque Wilson.
- Oh trop bien, je vais donc l'appeler Wilson.
Puis, mon nouvel ami est descendu dans la cabine. Nous avons jouer ensemble jusqu'à ce qu'on arrive à quai. Il m'a emmené chez lui, m'a présenté à sa maman, puis à ces amis dans sa chambre. Ce fut une très belle journée.
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Cela fait plusieurs jours, maintenant que je vis avec Aurélien, mon nouvel ami. Hier, nous sommes allés jouer chez son nouveau voisin. Il nous a présenté à ces amis jouets, et nous ont laissé faire connaissance tranquillement pendant qu'il prenait leur gouter. J'ai beaucoup jouer avec Woody et Buzz, ils sont très gentil et drôle ! Ils m'ont raconté leurs aventures, je leur ai raconté la mienne. Et c'est là qu'ils m'ont dit qu'ils t'ont vu. Toi mon ami perdu. Ils m'ont dit qu'ils t'ont vu à la télé. Que tu avais été retrouvé sain et sauf. Je suis tellement content de savoir que tu as pu retrouver ta famille et tes amis. Je te souhaite de trouver tout le bonheur du monde. Moi, j'ai trouvé le mien !
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