Chapitre 2 (version 2)

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- Au nom de la loi, je vous arrête ! Vous avez le droit de garder le silence ! Tout ce qui sera dit pourra être retenu contre vous !

Nathanaël avait enfin mis la main sur le fuyard. Croiser cette fille l’avait peut-être ralenti, mais le croquis qu’il lui avait demandé, l’avait guidé tout droit jusqu’à lui. S’il avait l’occasion de la revoir et il l’espérait bien même si la probabilité était infime, il la remercierait. Encore à genoux sur l’homme, il lui passa les menottes, se releva et entraîna l’homme avec lui. Il le plaqua contre un mur et sortit son téléphone qu’il déverrouilla pour joindre sa collègue. Au bout de la deuxième sonnerie, elle décrocha :

- Oui ?

- Ça y est, je l’ai attrapé ! Tu peux venir me chercher, je suis dans une impasse proche du 8e.

- Beau travail Nat’. Je savais que tu réussirais, le chef va être ravi. Enfin une affaire lourde qui se clôt.

- Ouais, parle pas trop vite ! Il faut encore qu’il passe aux aveux et vu le mec, ce ne sera pas une mince affaire !

- Tu as sans doute raison. Bon attends-moi, j’arrive !

- Ok.

Il coupa la communication et envisagea de scruter les alentours.

Pendant ce temps, l’homme, resté près du mur, sortit une aiguille de sa bouche. Il la jeta au sol et s’abaissa. Une fois assis, à tâtons, il récupéra le petit objet. Il se débrouilla pour la glisser entre ses doigts et la passa dans la serrure des menottes. L’opération prit plusieurs secondes, mais il réussit à se défaire de ses chaînes. Libre, il se massa un peu les poignets avant de cacher discrètement les menottes dans un recoin de l’allée et de se relever. Prudemment, à pas feutrés il s’approcha du jeune homme toujours dos à lui, dégaina son arme, leva le bras et tenta de l’abattre sur ses omoplates.

Comme animé par un sixième sens, le commissaire se baissa et esquiva l’arme. D’un saut, il se retourna pour confronter son agresseur. Poings levés, le regard sombre, rivé sur le criminel, prêt à en découdre, il ricana :

- Une ruse vieille comme le monde ! J’aurais dû me douter qu’un malfrat dans ton genre avait plus d’un tour dans son sac, non mais quel con !

- Je n’aurais pas dit mieux ! Mais trêve de plaisanterie, c’est ici que tout s’arrête ! Tu vas mourir, alors souviens-toi de ce jour comme celui où tu as failli me mettre sous les verrous.

- Tu m’en diras tant…

Un sourire sardonique anima les lèvres de Nathanaël, une once de défi apparut dans son regard. Il n’allait pas se laisser dominer par un connard comme lui. Plutôt que de presser les renforts, il décida de se charger lui-même de cet enfoiré et se prépara au combat.

- Hmm, téméraire le poulet ! s’esclaffa le bandit. À nous deux, tu vas bientôt bouffer les pissenlits par la racine salopard !

- C’est ce qu’on ver…

Le fuyard ne laissa pas le jeune commissaire terminer sa phrase. Il s’élança, lame pointée vers l’avant, vers sa cible, visa le cœur et tenta de frapper. Nathanaël évita l’assaut, fléchit les genoux et lui envoya un coup de pied dans les côtes. Le souffle coupé, l’homme recula un peu mais repartit à l’attaque. Il tenta de l’attaquer sous un autre angle, mais le jeune homme l’évita de justesse, ce qui lui valut une éraflure au visage. Des petites gouttes de sang apparurent. Nathanaël s’essuya.

- Connard ! Tu vas me le payer.

Il pressa son pouce contre son index pendant un court instant et murmura quelque chose. Une faible lueur émana de son cou, une sorte de tatouage apparut à sa base, la lumière se concentra sur cet endroit, étincela et aveugla son adversaire. L’homme plissa les yeux, se les cacha. À cet instant, une fine chaîne brillante sortit des doigts de Nathanaël, se dirigea vers son ennemi et s’enroula autour de lui. L’homme se figea, retira la main de ses yeux, les ouvrit et comprit qu’il ne pouvait plus rien faire. La chaîne l’avait totalement ligoté puis immobilisé. Il essaya de se débattre, de se libérer en gigotant, mais en vain. Nathanaël termina son incantation et s’approcha de l’homme.

- Je t’avais dit de ne pas jouer avec moi !

- Mais qui es-tu ?

Nathanaël ricassa.

- Quelqu’un qui travaille pour la justice.

- Mais cette lumière…

Il posa une main sur la bouche de l’homme pour le faire taire et utilisa de nouveau une sorte d’enchantement. L’homme, hypnotisé, le fixa de ses yeux vitreux et Nathanaël sut que c’était le moment d’effacer sa mémoire.

- Tu as été arrêté et je t’ai ligoté car les menottes ont cassé. Lorsque tu seras dans la salle d’interrogatoire, tu nous révèleras tes plans et les noms de tes complices. Tu as compris ?

- Oui… murmura l’homme.

Nathanaël relâcha sa prise, le halo disparut et au même moment les sirènes de la voiture de police retentirent. Le véhicule s’arrêta non loin de l’impasse. Nathanaël attrapa son prisonnier et rejoignit sa coéquipière qui l’attendait devant la portière arrière.

- Tu en as mis du temps pour arriver. Il y a eu un souci, Livia ?

La femme hésita imperceptiblement puis se résigna à répondre :

- J’ai été retardée à cause… de la circulation… tu sais bien que dans cet arrondissement c’est toujours compliqué…

Une tension électrique se répandit dans l’atmosphère. Un malaise s’installa entre les deux personnes, malaise que Nathanaël fit disparaître grâce à un léger sourire.

- C’est vrai. C’est pénible ici. Allez en route, le chef nous attend.

- Tu te charges de mettre notre invité au frais, plaisanta-t-elle.

- C’est comme si c’était fait.

Il enfourna l’homme dans la voiture et claqua la portière, puis il gagna le siège passager avant. Livia prit la place du conducteur et se tourna vers lui pour continuer la conversation, mais elle fut attirée par la petite balafre. Elle esquissa un geste pour le toucher, or Nathanaël recula la tête en signe de refus. Elle referma son poing, la main toujours en suspens. La tension de tout à l’heure revint à l’assaut.

- Tu t’es fait mal ?

- L’enfoiré ne s’est pas laissé faire, j’ai dû jouer des poings.

- Je vois, tu ne veux pas que je te soigne en arrivant ?

Nathanaël braqua son regard félin sur elle et rétorqua :

- J’apprécie ton geste, mais ça ne sera pas nécessaire, je sais le faire moi-même.

Les mains sur le volant, la jeune femme le serra si fortement que ses jointures blanchirent.

- Comme tu veux. Marmonna-t-elle, agacée.

Nathanaël soupira.

- Ne te méprends pas, Livia. Ce n’est pas parce qu’il n’y a plus rien entre nous que je ne t’apprécie pas pour ton travail et que je n’aurais jamais besoin de ton aide. Seulement, toi et moi c’est de l’histoire ancienne et maintenant ça doit rester strictement professionnel.

- Mais soigner ne veut pas dire que je vais au-delà de la limite.

- Tu devrais savoir que je n’aime pas que l’on me touche. Toi mieux que quiconque.

La femme ne répondit pas mais pinça les lèvres. Le ton de son coéquipier était ferme, il ne voulait plus avoir affaire à elle en dehors du cadre professionnel. Elle avait beaucoup de mal à l’admettre, mais dans le fond il avait raison. Elle n’avait pas le droit de se comporter de cette façon, son amertume était compréhensible. De plus ça ne datait pas tant que ça, ce qui rendait son comportement doublement compréhensible. Alors pour contrecarrer cette électricité, elle aborda un autre sujet. Un sujet qui les reliait. L’enquête.

- Alors ? Tu comptes faire quoi, une fois qu’il sera en cellule ? Le faire parler ?

- Oui, il faut que je le fasse passer aux aveux. L’avancement de l’enquête est primordial, le divisionnaire a été clair là-dessus : il veut des noms.

- Ok, mais tu es conscient que ça ne sera pas une tâche facile.

Nathanaël laissa échapper un sourire fugace et répondit :

- Je crois qu’il va être coopératif…

Livia haussa les épaules.

- Si tu le dis…

- Et puis s’il ne se coopère pas, on trouvera une solution plus radicale, conclut-il.

Le véhicule déboucha enfin sur la rue du commissariat. Il ralentit et se dirigea vers la porte sécurisée du parking. Il franchit la grille automatique et alla se stationner sur la place qui lui était réservée. Ils sortirent et embarquèrent le prisonnier. Ils l’envoyèrent directement en cellule d’interrogatoire, puis se rendirent dans le bureau de leur supérieur. Avant de frapper Nathanaël prit une grande inspiration, se rendre chez son chef, surtout quand on avait eu une tuile dans l’opération, n’était pas un moment des plus agréable à vivre. Cela dit, inutile de tergiverser quand il fallait y aller.

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