L’ordre au nom de la justice

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Aujourd’hui, il allait de nouveau rendre la justice.

Cette fois-ci, l’ordre du jour était un vol de nourriture. Une jeune fille avait été escortée jusqu’au centre de la pièce, les bras et les mains solidement attachés dans son dos.

Face à l’unique juge, elle était surtout entourée d’un côté par des nobles désireux que justice soit rendue, et de l’autre par un groupe de villageois priant pour qu’elle s’en sorte indemne.

Les deux camps se faisaient face dans une ambiance électrique, il avait fallu plusieurs coups de maillet du juge pour retrouver le silence complet.

— Si nous sommes ici aujourd’hui c’est pour décider du sort de cette jeune fille. Elle a été surprise en flagrant délit de vol sur une étale de fruit et légume, mais est aussi accusée de plusieurs autres vols de nourriture.

Prenant le temps de scruter chaque partie, il ordonna :

— L’accusation prendra la main.

  • Du côté des nobliaux, tous plus richement vêtus les uns que les autres et apprêtés d’une variété de bijoux, l’un s’avança d’un pas de plus afin de se distinguer du groupe.

— Je pense que les faits sont très clairs, et nous souhaitons régler cette affaire rapidement, je propose donc une amende s’élevant à deux fois le prix du préjudice ainsi que la sanction dédiée aux voleurs, mais je pense que nous pouvons nous montrer magnanimes et lui laisser l’une de ces deux mains.

Il ne fallut pas attendre longtemps avant que la foule de villageois s’indigne à ces mots, criant leurs colères face à tant de cruauté et tant de mépris, les insultes fusaient, jusqu’à l’intervention du juge.

— SILENCE !

Martelant à plusieurs reprises le socle face à lui, le calme revenait, même si encore plusieurs murmures résonnaient depuis la foule.

— C’est au tour de la défense.

Côté paysan, une femme s’avança avec bien moins de prestance, mais le dos au moins aussi droit que son adversaire elle se tenait fermement à la barrière.

— Songez-vous sérieusement à condamner cette enfant, qui a commis comme seul crime d’avoir essayé de se remplir le ventre en ces temps troubles !

La coupant presque, le représentant du côté noble répliqua :

— La faim peut-elle être une excuse ? Puis-je enfreindre les règles de notre société avec ce simple caprice ?

— Êtes-vous réellement incapable de faire la différence entre une enfant qui meurt de faim et un simple caprice ? Avez-vous, ne serait-ce qu’une fois dans votre vie, sauté un repas ? La déesse punirait-elle vraiment cette enfant ?

Les cris du peuple résonnaient à nouveau, exprimant leurs rages face aux nobles riant de leurs malheurs.

— L’un des plus grands préceptes de notre déesse est le respect des règles, et je ne peux me permettre de faire preuve de laxisme.

— Nous ne vous demandons pas de faire preuve de laxisme, mais d’indulgence pour cette enfant, je suis sûr qu’elle n’a pas quitté le chemin de la lumière !

Dans un ultime coup de maillet, le maître des lieux imposa un dernier silence.

— Au nom de la lumière et au nom de l’ordre, je vais rendre mon verdict !

Ce jour-là, comme tous les autres jours, l’homme de foi avait choisi le chemin le plus sûr menant à l’ordre, celui qui ne nécessitait pas de faire un pas vers l’autre.

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